La jeunesse congolaise face aux défis de l’inclusion
Dans une société congolaise où 60 % de la population a moins de trente ans selon les estimations démographiques officielles, l’horizon d’un développement stable passe inévitablement par la réponse apportée aux vulnérabilités de la jeunesse. La montée d’une délinquance urbaine de faible intensité, alimentée par le décrochage scolaire et les mutations économiques, pose un défi sociopolitique majeur. Sous l’impulsion du président Denis Sassou Nguesso, le Plan national de développement 2022-2026 érige l’inclusion et la justice sociale au rang de priorités cardinales. C’est dans ce contexte qu’a été lancé, le 30 juin à Brazzaville, un atelier de formation destiné aux gestionnaires des centres d’insertion et de réinsertion des jeunes.
Un atelier de quatre jours pour mutualiser les connaissances
Ouvert par le directeur de cabinet du ministre en charge de la Jeunesse, Charles Makaya, le séminaire rassemble cadres de l’Institut national de la jeunesse et praticiens de terrain. « Vous serez appelés à maîtriser les approches éducatives et psychosociales innovantes, à développer des stratégies de réinsertion efficaces, durables et centrées sur l’homme », a-t-il déclaré, inscrivant l’initiative dans les Objectifs de développement durable. Le concours logistique et méthodologique de l’UNESCO, représentée par Brice Olivier Kwama, confère à la session une dimension internationale. « Nous contribuons à bâtir un avenir où chaque jeune Congolais pourra développer son potentiel », a souligné le diplomate onusien, rappelant que l’enjeu dépasse la seule réhabilitation pour toucher à la cohésion nationale.
Des outils pédagogiques et psychosociaux au service de la résilience
Le programme alterne modules théoriques et exercices pratiques autour de trois axes : diagnostic de la délinquance juvénile, prise en charge sensible au genre et élaboration de parcours individualisés. Psychologues, juristes et sociologues interviennent tour à tour pour présenter les bonnes pratiques en matière d’accompagnement, depuis la médiation communautaire jusqu’à la gestion des traumatismes. L’accent mis sur l’éthique professionnelle vise à garantir des conditions d’accueil qui respectent la dignité humaine. En filigrane, l’approche s’inspire des modèles scandinaves de justice restaurative tout en étant adaptée aux réalités socio-culturelles congolaises.
Un centre pilote orienté droits humains et développement local
À Aubeville, dans le département de la Bouenza, le centre d’insertion et de réinsertion sociale des jeunes sert de laboratoire grandeur nature. Pensé comme un espace structurant, il propose un continuum d’accompagnement mêlant formation professionnelle, soutien psychosocial et suivi post-libération. Le dispositif entend offrir une deuxième chance aux jeunes désaffiliés – qu’ils soient déscolarisés, désocialisés ou en conflit avec la loi – tout en stimulant le tissu économique local grâce à des ateliers d’agro-transformation et de menuiserie. L’objectif affiché est double : restaurer le lien social et contribuer à la diversification économique prônée par le gouvernement.
Vers une gouvernance concertée de la politique de jeunesse
Au-delà de l’événement, la démarche illustre l’évolution d’une gouvernance publique davantage fondée sur la prévention que sur la répression. Les ministères de la Justice, de la Santé et de l’Enseignement technique sont associés à la réflexion, marquant la volonté d’une synergie interministérielle. Les partenaires techniques et financiers, parmi lesquels l’UNESCO et l’UNICEF, saluent une stratégie alignée sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Reste le défi de la pérennisation : il s’agira de doter durablement les centres des ressources budgétaires et humaines nécessaires, tout en garantissant un cadre légal protecteur pour les mineurs en rupture. L’atelier de Brazzaville, en ce sens, apparaît comme une étape méthodologique qui donne corps à l’ambition présidentielle de faire de la jeunesse un moteur de paix et de prospérité durables.