Bangui accueille la 20e édition du Caucus Africain
Du 30 juillet au 2 août 2025, Bangui a servi d’épicentre financier africain en accueillant la 20e édition du Caucus Africain, forum des ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales destiné à harmoniser les positions avant les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale.
Le thème général, « Infrastructures résilientes, capital humain et richesse verte », a placé la durabilité au cœur des discussions, rappelant l’urgence de concilier développement, transition énergétique et inclusion sociale sur un continent déjà confronté à l’inflation, aux défis sécuritaires et aux impacts climatiques.
Institution fondée en 1963, le Caucus Africain demeure la seule enceinte où le continent définit une voix commune sur la réforme des institutions financières multilatérales, la gestion de la dette et la mobilisation de ressources pour le climat avant de dialoguer avec Washington.
Un pari logistique relevé
Dans son adresse inaugurale, le président Faustin Archange Touadéra a salué l’honneur d’abriter un « sanctuaire du dialogue africain », soulignant que Bangui saisissait l’occasion de montrer sa capacité à porter un agenda économique exigeant.
Obtenir l’événement fut un marathon diplomatique mené depuis Washington par le ministre des Finances Hervé Ndoba; c’est la première fois qu’un pays d’Afrique centrale s’impose face à des capitales plus rodées aux sommets internationaux.
La réussite reposait sur une logistique millimétrée: un avion cargo a déposé 36 tonnes d’équipements audiovisuels et de tentes, des convois sécurisés ont sillonné la ville, tandis que des techniciens veillaient jour et nuit à transformer la capitale en village de conférences.
« Nous avons dû commander sur mesure pour environ 500 personnes aux besoins très spécifiques », a rappelé Marc Mandaba, point focal national, révélant l’ampleur d’un dispositif rarement observé en République centrafricaine.
La Déclaration de Bangui, message clair aux bailleurs
Au total, cinq cents délégués représentant 54 États africains, Haïti, le FMI et la Banque mondiale ont débattu inflation, transition énergétique et adaptation climatique, cherchant une réponse unifiée aux turbulences économiques mondiales.
Point d’orgue des travaux, la Déclaration de Bangui demande une augmentation significative des financements concessionnels accordés par les institutions de Bretton Woods afin de bâtir des infrastructures modernes et résilientes.
« Nous félicitons le FMI et la Banque mondiale pour leur soutien continu, mais les besoins grossissent », a martelé Richard Filakota, ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération internationale.
Le texte insiste aussi sur un accès plus juste aux ressources internationales, un appui renforcé aux économies fragiles et l’intégration des spécificités africaines dans les politiques globales, témoignant d’un continent désormais plus exigeant.
Diplomatie et image renforcées
Au-delà des négociations, le sommet a offert à la République centrafricaine une vitrine diplomatique inédite, projetant stabilité et ouverture sur les radars continentaux et internationaux.
Hervé Ndoba s’est félicité d’avoir désormais pour ambassadeurs les gouverneurs du FMI et de la Banque mondiale, convaincus par le potentiel local découvert durant leur séjour.
La jeunesse et l’innovation au centre des débats
La jeunesse africaine a trouvé un porte-voix durant la session spéciale animée par l’entrepreneur nigérian Tony Elumelu, persuadé que « nos jeunes sont la réponse à la crise démographique mondiale ».
Kate Kallot, fondatrice d’Amini AI, a pour sa part ramené la conversation vers la révolution numérique, affirmant que la prochaine grande vague d’innovation émerge déjà à Accra, Kampala, Yaoundé ou Harare.
En donnant cette tribune aux innovateurs, les organisateurs ont rappelé que l’investissement dans les infrastructures doit accompagner la montée en puissance des technologies africaines.
Culture et retombées locales
Les délégués ont également goûté à l’hospitalité locale: courses de pirogues sur l’Oubangui, expositions artisanales et soirées culturelles ont rythmé les heures creuses, créant des liens informels précieux.
Des rencontres économiques parallèles ont permis aux entrepreneurs centrafricains de présenter leurs initiatives, greffant des opportunités d’affaires immédiates au grand rendez-vous institutionnel.
Cap sur 2026 : flambeau vers la Gambie
Au terme des trois jours intenses, l’assemblée a salué le professionnalisme des équipes locales avant de passer le flambeau à la Gambie, hôte de l’édition 2026.
Le message de Bangui résonne dans toute la sous-région: avec volonté politique, planification rigoureuse et partenariats ciblés, même les capitales modestes peuvent orchestrer un sommet continental et en tirer des dividendes diplomatiques et économiques durables.
