L’événement, un rendez-vous majeur pour l’humour
Du 23 au 25 octobre 2025, la salle Savorgnan-de-Brazza accueillera la 18e édition du festival tuSeo, vitrine internationale du rire africain. Pour la première fois, la manifestation traversera le fleuve Congo pour trois séquences complémentaires à Kinshasa, affirmant un projet culturel désormais pleinement transfrontalier, ancré dans les imaginaires.
En dix-huit ans, tuSeo s’est imposé comme un laboratoire où se croisent comédie stand-up, sketchs musicaux, satire politique ou improvisation collective, toujours dans une atmosphère conviviale. À chaque édition, de nouveaux publics découvrent des créateurs venus de plusieurs horizons linguistiques et géographiques du continent, et bien au-delà même.
La session 2025 revendique une ouverture panafricaine accrue. Trente humoristes répondront à l’invitation, représentant le Congo-Brazzaville, le Gabon, la Guinée, le Mali, la France-Guyane et la République démocratique du Congo. Cette mosaïque confirme la capacité du festival à fédérer des scènes souvent éloignées les unes des autres, artistiquement.
Une programmation résolument panafricaine
Le 23 octobre donnera le ton avec Nenette, Juste Parfait, Bregéant, Horty la Rossignol, M. Satini et Honorable Massengo. Leurs univers contrastés, mêlant autodérision, anecdotes familiales ou observations sociales, permettront d’esquisser un portrait pluriel du quotidien africain, entre espièglerie, tendresse et agilité verbale, à chaque instant du spectacle.
Le lendemain, Bruno Alves, Irène Ziviriuka, Black Panda, Lidame, Rigostar et Serge Crubijin occuperont la scène. L’alternance entre humour lingala, punchlines francophones et surprises gestuelles installera un tempo soutenu que le public brazzavillois apprécie depuis les premières heures de l’aventure tuSeo, et qui devrait encore désarçonner les habitués.
Le 25 octobre clôturera la séquence congolaise avec Manitou, Fama, Esther Bias, Kabdjo, Jojo la Légende et Dieu Merci. Cette affiche souligne l’équilibre entre talents confirmés et révélations, garantissant une soirée où la virtuosité scénique répondra à la fraîcheur des textes, et ravivera l’enthousiasme de toute la salle.
Brazzaville, cœur battant de la 18e édition
La salle Savorgnan-de-Brazza, construite à l’époque coloniale et rénovée ces dernières années, demeure le théâtre privilégié de nombreuses manifestations culturelles. Sa configuration intimiste, alliée à une acoustique réchauffante, permet aux humoristes d’interagir directement avec le premier rang, annihilant la distance entre artiste et spectateur, durant chaque punchline lancée.
Pour cette édition, les organisateurs misent sur une scénographie sobre, valorisant le jeu de lumière et le placement micro. L’objectif affiché consiste à mettre la parole au centre, rappelant que l’essentiel d’un bon gag demeure la cadence, la respiration et l’instant partagé, avec un public attentif et complice.
Les retombées économiques indirectes ne sont pas négligeables. Hôteliers, restaurateurs et taximen anticipent une affluence accrue, tandis que les jeunes techniciens mobilisés pour la captation vidéo acquièrent une précieuse expérience. Le festival agit ainsi comme un catalyseur d’activités parallèles dans la capitale congolaise, durant ces trois soirées festives.
Kinshasa, nouveau prolongement symbolique
L’extension vers Kinshasa constitue l’autre grande nouveauté. Les organisateurs prévoient d’y reproduire le format brazzavillois, facilitant la circulation des plateaux et des rires des deux côtés du fleuve. Cet élargissement souligne la proximité culturelle entre Congo-Brazzaville et République démocratique du Congo, au service d’une identité artistique partagée durable.
Le choix d’une double implantation est également stratégique. En s’appuyant sur les infrastructures kinois, le festival multiplie son rayonnement médiatique et attire de nouveaux partenaires, séduits par l’idée d’une tournée fluviale. Le dispositif logistique reste toutefois minutieux pour garantir ponctualité, sécurité et confort aux troupes et aux spectateurs.
Nombre d’artistes saluent déjà cette passerelle. « Jouer sur deux rives en une même semaine est un rêve », confie Black Panda. Selon lui, l’écho rencontré à Kinshasa permettra de tester des sketchs en lingala devant un public élargi sans perdre la saveur locale, et l’énergie originelle brazzavilloise.
Le rire, vecteur de cohésion sociale
Au-delà du divertissement, tuSeo défend l’idée que le rire peut désamorcer les tensions et nourrir le dialogue. En réunissant des humoristes aux sensibilités distinctes, le festival propose un espace symbolique où se débattent, avec légèreté, des thèmes aussi variés que la famille, la ville ou la modernité urbaine.
Le public, lui, vient chercher un moment de répit dans un calendrier urbain parfois chargé. Les rires déclenchés en cascade créent une communauté éphémère, soudée par la parole partagée. Cet effet cathartique participe de la vitalité culturelle que Brazzaville et Kinshasa souhaitent promouvoir, sur la scène et ailleurs.
Sur le plan professionnel, tuSeo sert de pépinière. Plusieurs artistes révélés lors des précédentes éditions tournent désormais en Afrique centrale. Les programmateurs, toujours nombreux dans la salle, observent avec attention les nouvelles signatures, conscients qu’un passage remarqué peut modifier la trajectoire d’une carrière, voire ouvrir les frontières internationales.
Tandis que les rideaux se refermeront le 25 octobre, un sentiment de continuité subsistera grâce aux captations diffusées en ligne. Le pari de la 18e édition est clair : inscrire durablement l’humour centre-africain sur la carte culturelle mondiale sans perdre sa singularité, ni céder aux faciles imitations venus d’ailleurs.