Un atelier au cœur de la gouvernance locale
Vendredi 29 août 2025, l’hôtel Hypocampe de Brazzaville a vu converger une cinquantaine d’élus locaux. Le Comité d’action pour le développement, plus connu sous l’acronyme C.a.d, y lançait une formation axée sur la gouvernance démocratique, les droits humains et la gestion des collectivités.
Coordonnée par Guerschom Gobouang, responsable campagne et plaidoyer du C.a.d, la rencontre s’inscrit dans le Projet d’appui à la gouvernance locale et formation des élus en République du Congo. L’initiative se veut un prolongement des efforts nationaux visant à rapprocher l’action publique des citoyens.
Des élus venus de sept départements
Les participants représentaient sept départements : Bouenza, Plateaux, Niari, Cuvette-Ouest, Sangha, Likouala et Kouilou. Conseillers municipaux ou départementaux, ils incarnent le premier échelon de la décision publique dans leurs circonscriptions, un rôle crucial pour concrétiser la décentralisation souhaitée par les autorités.
« La diversité territoriale des présents a enrichi les échanges », souligne un formateur de la Fondation Bisou, partenaire pédagogique du C.a.d. Les réalités d’une zone forestière diffèrent de celles d’une agglomération côtière, mais les principes de bonne gouvernance restent universels.
Plans de développement, clés du mandat
Au centre des discussions, le plan de développement local a occupé une place de choix. Les intervenants rappellent qu’il incarne la feuille de route des élus durant leur mandat et doit se construire autour d’objectifs concrets : amélioration du bien-être, cohésion territoriale et participation citoyenne.
Les formateurs ont détaillé huit piliers essentiels du processus sans jamais en réduire la complexité. Les élus ont surtout retenu que l’implication permanente des communautés facilite l’appropriation des projets et consolide la confiance dans l’action publique.
Finances décentralisées, un débat récurrent
Les échanges ont naturellement abordé la question du financement. Plusieurs élus estiment que, sans transferts budgétaires suffisants et mise en œuvre de la fonction publique territoriale, la marge de manœuvre des collectivités demeure limitée.
Les experts du C.a.d ont rappelé que la loi prévoit un cadre progressif de transfert de compétences et de ressources. Ils encouragent les élus à préparer, en amont, des dossiers solides capable de convaincre l’administration centrale et les partenaires techniques.
Les droits humains au quotidien
Au-delà des chiffres, la formation a insisté sur la dimension humaine de la gouvernance. Les élus ont revu les standards internationaux relatifs aux arrestations, détentions et présomption d’innocence. « Garantir les droits fondamentaux renforce la légitimité locale », a martelé un juriste invité.
Dans un contexte où les collectivités créent parfois des polices municipales, le rappel des bonnes pratiques a suscité de nombreuses questions, preuve d’une volonté d’exercer le pouvoir de proximité avec rigueur et sens de la responsabilité.
La méthode participative de la Fondation Bisou
La Fondation Bisou, connue pour son approche interactive, a animé des ateliers en petits groupes. Jeux de rôle, études de cas et simulations budgétaires ont plongé les participants dans des situations réelles, les invitant à trouver des compromis entre ambitions politiques et contraintes financières.
Cette pédagogie vivante a été saluée par les conseillers, certains confessant « découvrir des outils simples pour dialoguer avec les administrés ». Les organisateurs y voient un signe encourageant pour la prochaine phase d’accompagnement sur le terrain.
Vers une dynamique de renforcement durable
Au terme de la journée, les élus ont plaidé pour la multiplication de telles sessions afin de toucher l’ensemble des conseillers encore non formés. Le C.a.d projette déjà de déployer des modules décentralisés dans chaque chef-lieu départemental au cours de l’année prochaine.
« Former, c’est investir dans l’avenir de nos territoires », résume Guerschom Gobouang. Selon lui, l’engagement des participants traduit une prise de conscience : la décentralisation ne se décrète pas seulement, elle se construit au quotidien, mandat après mandat.
Une convergence avec les priorités nationales
Depuis plusieurs années, les autorités de la République du Congo affichent leur volonté de renforcer la gouvernance locale. La constitution consacre la libre administration des collectivités et les politiques publiques successives encouragent les initiatives de proximité.
La session du 29 août s’aligne ainsi sur cette orientation nationale. En dotant les conseillers d’outils pratiques, le C.a.d contribue à la réalisation des objectifs gouvernementaux, notamment l’amélioration des services de base et la consolidation de l’État de droit à l’échelle locale.
Perspectives pour les populations
Les retombées attendues d’une telle formation sont multiples. Des projets mieux élaborés devraient voir le jour, des budgets mieux maîtrisés et des consultations citoyennes plus régulières. À terme, le quotidien des populations pourrait s’en trouver directement amélioré par des infrastructures adaptées et des services publics renforcés.
Plusieurs élus envisagent déjà d’organiser des forums communautaires afin de présenter leurs plans révisés et recueillir les suggestions. Une démarche participative qui, si elle se généralise, pourrait devenir un label de bonne pratique pour les collectivités congolaises.
Un élan encouragé par les partenaires
Les partenaires techniques et financiers présents ont salué la tenue de l’atelier. Pour eux, une gouvernance locale mature constitue un gage de pérennité des projets qu’ils financent, qu’il s’agisse d’infrastructures rurales, de programmes sanitaires ou de initiatives environnementales.
L’écho positif suscité par la formation de Brazzaville pourrait, selon certains observateurs, ouvrir la voie à de nouvelles collaborations, renforçant l’écosystème d’accompagnement des collectivités.
Le mot de la fin pour les élus
À la clôture, les participants ont signé un engagement moral à diffuser les connaissances acquises auprès de leurs collègues non présents. « Nous portons désormais une responsabilité collective », a affirmé une conseillère de Niari, visiblement conquise par la méthodologie exotique mais pragmatique des formateurs.
La salle s’est vidée sur une note d’optimisme, portée par la conviction que la gouvernance locale, parce qu’elle parle le langage du quotidien, peut constituer l’un des leviers majeurs du progrès au Congo-Brazzaville.