Sécurité routière : un enjeu national
Accidents de la route, blessures invalidantes et pertes économiques rappellent chaque jour l’urgence de renforcer la sécurité routière au Congo-Brazzaville. Les autorités se sont engagées à freiner l’hécatombe en misant sur l’innovation technologique et sur une formation accrue des forces de l’ordre.
Lors de l’Assemblée mondiale sur la sécurité routière, tenue du 18 au 20 septembre 2025 à Marrakech, Brazzaville a confirmé son ambition de réduire de moitié la mortalité routière d’ici 2030, conformément au plan mondial de la Décennie d’action pour la sécurité routière.
La formation de policiers et gendarmes à l’usage de radars mobiles, organisée le 24 septembre 2025 à la préfecture de Brazzaville, s’inscrit dans cette feuille de route volontaire, en dotant les patrouilles d’outils capables de détecter objectivement les excès de vitesse.
Une initiative pilotée par la DGTT
À l’initiative de la Direction générale des transports terrestres, dirigée par Atali Mopaya, la session a rassemblé une trentaine d’agents. La Congolaise des Frets, partenaire logistique, et la société allemande Jenoptik, fournisseur des radars, ont uni leurs expertises pour cadrer l’opération.
Ouvrant les travaux, le directeur général a souligné que l’acquisition des deux premiers radars relève d’une phase pilote appelée à s’élargir. « Nous voulons ancrer durablement la prévention routière dans les pratiques quotidiennes », a-t-il expliqué devant la presse, appelant les pouvoirs publics à accompagner l’effort.
Le soutien des institutions serait consacré, selon lui, à la maintenance, à l’extension du parc et à la multiplication de campagnes de sensibilisation. Spots télévisés, interventions scolaires et panneaux d’information figurent déjà dans la stratégie en cours d’élaboration par la DGTT.
La technologie des radars mobiles
Devant les participants, le directeur commercial de Jenoptik, Cédric Mazet, a détaillé les spécificités des radars mobiles TruCAM. Compacts, alimentés par batterie et dotés d’un laser longue portée, ces appareils mesurent instantanément la vitesse et prennent des clichés horodatés des véhicules en infraction.
L’équipement peut fonctionner depuis un véhicule banalisé ou un trépied posé au bord de la chaussée. Sa connectivité permet de transférer les données vers un centre de traitement pour établir automatiquement les procès-verbaux, limitant les risques de contestation et de corruption.
Selon Mazet, l’autonomie atteint huit heures, ce qui autorise des contrôles prolongés sur les axes les plus accidentogènes, comme le boulevard Alfred Raoul ou le viaduc de Talangaï évoqués par les forces de l’ordre. La marge d’erreur est inférieure à deux kilomètres-heure.
Un entraînement mêlant théorie et terrain
La matinée a été consacrée aux modules théoriques. Instructeurs et stagiaires ont passé en revue les bases juridiques encadrant la signalisation des contrôles, l’établissement des amendes et la chaîne de conservation de la preuve, indispensable pour sécuriser les procédures devant les tribunaux.
L’après-midi, place à la pratique sur la rocade sud de Brazzaville. Les participants ont monté les radars, réglé l’angle du laser et testé la capture d’images. Plusieurs véhicules volontaires ont servi de cobayes, permettant aux forces de vérifier la cohérence des chiffres affichés.
Le capitaine de police Jean-Bruno Sandé, commandant de l’Unité territoriale de la circulation, s’est dit impressionné par la simplicité d’utilisation. « Avec ces outils, nous pourrons produire une preuve irréfutable et dissuader ceux qui confondent l’espace public avec un circuit de course », a-t-il estimé.
Prévenir plutôt que punir
Interrogé sur la stratégie générale, Atali Mopaya insiste sur la pédagogie. Les radars ne sont pas, selon lui, un instrument de répression aveugle mais un vecteur de changement de comportement. Leur présence sera annoncée, et des panneaux rappelleront systématiquement la limitation applicable sur chaque tronçon surveillé.
Des campagnes télévisées, déjà en préparation avec le concours de la télévision nationale, relayeront des spots mettant en scène des familles endeuillées par la vitesse. Objectif : susciter l’émotion, rappeler la responsabilité collective et inciter les conducteurs à lever le pied avant d’être verbalisés.
Le dialogue avec les transporteurs publics figure aussi au programme. Taxis, bus interurbains et poids lourds seront associés aux prochaines sessions d’information, afin de réduire les tragédies impliquant des véhicules professionnels surchargés ou soumis à des cadences serrées le long des grands axes nationaux.
Cap sur 2030 : l’objectif de division par deux
Au sortir de la journée, l’ensemble des participants a reçu une attestation. La DGTT prévoit déjà un second stage pour les forces basées à Pointe-Noire, avant un déploiement progressif sur les corridors reliant la capitale économique aux pays voisins de la CEMAC.
Les responsables se veulent confiants. « La réduction de 50 % des accidents mortels est à notre portée si chaque acteur assume son rôle », juge Paul-Eric Sahly, directeur général adjoint de La Congolaise des Frets, principal logisticien du projet. Il évoque déjà l’arrivée de radars additionnels.
En associant haute technologie, formation qualifiante et sensibilisation grand public, Brazzaville ouvre la voie à une nouvelle culture routière. Le chantier reste vaste, mais la dynamique enclenchée illustre la volonté de bâtir des routes plus sûres, au service d’un développement national harmonieux.