Une mandature lancée sous le signe du dialogue
Réunis à Brazzaville du 30 au 31 octobre 2025, les conseillers économiques, sociaux et environnementaux ont ouvert la mandature 2025-2029 sous la houlette de la présidente reconduite, Mme Émilienne Raoul, et sous le regard attentif du Premier ministre Anatole Collinet Makosso.
La séance inaugurale a aussi constitué la première session ordinaire de l’institution, créant d’emblée une continuité de travail destinée à donner corps aux orientations présidentielles contenues dans le décret n° 2025-173 qui a nommé l’ensemble des membres.
Dans son allocution d’ouverture, le chef du gouvernement a rappelé que le CESE demeure « le dépositaire d’un modèle de cohésion sociale », invitant ses nouveaux locataires à assurer un dialogue ininterrompu, même lorsque la conjoncture économique ou climatique vient tendre le débat public.
En retour, Mme Raoul a salué la confiance du président de la République, soulignant que ce soutien politique consolide la légitimité d’un organe consultatif appelé à éclairer, sans complaisance mais dans l’esprit républicain, les choix stratégiques du Congo-Brazzaville.
Le CESE, charnière institutionnelle de la participation
Créé par la Constitution, le Conseil se veut un trait d’union entre les pouvoirs publics et la société civile organisée, depuis les organisations patronales jusqu’aux syndicats et associations de protection de l’environnement.
Cette position singulière permet d’alimenter la décision politique sans empiéter sur les prérogatives du Parlement, le CESE émettant des avis consultatifs qui, sans être juridiquement contraignants, nourrissent la construction des politiques économiques, sociales, culturelles et environnementales.
Le Premier ministre a d’ailleurs insisté sur la nécessité d’une coopération renforcée entre l’institution et les ministères techniques, estimant que les crises internationales actuelles exigent « l’association de toutes les intelligences » pour préserver la trajectoire de développement durable engagée par le gouvernement.
En toile de fond se dessine le concept de démocratie participative, cher au président Denis Sassou Nguesso, qui voit dans le CESE un baromètre précieux des attentes populaires et un laboratoire d’idées capable d’anticiper les défis sociétaux.
Des commissions renforcées pour une expertise ciblée
Quatre commissions permanentes ont été constituées à l’issue des travaux : Affaires économiques; Affaires sociales; Affaires éducatives, culturelles et religieuses; Affaires environnementales.
Cette architecture, déjà éprouvée lors des précédentes mandatures, favorise une spécialisation fine des analyses et une meilleure réactivité lorsque le gouvernement saisit le Conseil pour des sujets urgents, qu’il s’agisse de transition verte ou de cohésion sociale.
Les règlements intérieur et financier adoptés en séance posent désormais un cadre clair pour le fonctionnement quotidien, la gestion des budgets d’étude et le suivi des recommandations, gages d’une crédibilité renforcée vis-à-vis des partenaires techniques et financiers.
Mme Raoul a toutefois relevé la baisse du nombre de conseillères, estimant indispensable de rééquilibrer progressivement la parité afin de préserver la qualité des délibérations et d’incarner la diversité sociale du pays.
Justice climatique et réduction des inégalités au cœur
Devant les conseillers, le Premier ministre a mentionné la justice climatique comme enjeu majeur, rappelant que la République du Congo dispose d’atouts forestiers mais reste vulnérable aux chocs extérieurs, d’où l’importance d’une approche concertée entre experts, collectivités et secteur privé.
La question de la croissance urbaine non maîtrisée, soulignée par la présidente, renvoie directement aux préoccupations de développement humain : logement, transport et emploi des jeunes constitueront des dossiers prioritaires pour la commission sociale.
Le communiqué final appelle aussi à approfondir les chantiers de bonne gouvernance, thème transversal qui irrigue déjà la Stratégie nationale de développement 2022-2026 et nécessite de lier plus étroitement éthique publique et performance économique.
Dans cet esprit, les conseillers devraient proposer, dès la prochaine session, une feuille de route sur la réduction des inégalités, articulée autour de mesures fiscales incitatives, de formation professionnelle et de partenariats public-privé ciblés.
Cap sur 2029 : une cohésion nationale consolidée
En clôturant les travaux, Mme Raoul a exhorté les conseillers à « faire du CESE un outil performant d’aide à la décision », rappelant que chaque avis se doit d’être accompagné d’indicateurs mesurables pour faciliter le suivi par le gouvernement et le Parlement.
La mise en place d’un tableau de bord numérique, projet déjà testé lors de la précédente mandature, servira de boussole pour mesurer l’efficacité des recommandations et renforcer la confiance du public dans cet organe de médiation.
À l’horizon 2029, l’ambition affichée est claire : hisser le CESE au rang de pilier incontestable du dialogue social, capable de fédérer les énergies nationales autour d’une croissance inclusive et d’un environnement préservé.
Le Premier ministre a confirmé la disponibilité du gouvernement à traduire, « dans la mesure des ressources », les propositions du Conseil, signal fort qui conforte la place de l’institution dans l’écosystème de gouvernance participative du Congo-Brazzaville.
