Contexte du groupe D
À Dar es Salam, le groupe D du Championnat d’Afrique des nations 2024 livre un suspense inattendu. Après deux journées, le Soudan et le Sénégal partagent la tête avec quatre points, tandis que le Congo se tient en embuscade à deux longueurs, devant un Nigeria déjà éliminé.
La nette victoire soudanaise sur les Super Eagles (4-0) a bouleversé les hiérarchies et offert aux Diables rouges une réelle porte de sortie. Les hommes de Brice Ondoko n’ont plus leur destin entièrement en main, mais les calculs demeurent simples : gagner et attendre l’issue du duel Sénégal-Soudan.
Le calendrier a façonné une « finale à distance » qui se jouera simultanément le 19 août. La Confédération africaine de football a d’ailleurs insisté sur cet horaire unique afin de préserver l’équité sportive et d’éviter tout arrangement implicite entre les protagonistes.
La dynamique congolaise
Le Congo s’avance avec deux matchs nuls, dont un face au tenant du titre sénégalais. Ce bilan mitigé cache toutefois des progrès collectifs. L’animation offensive, portée par Bida Moutouari, a généré douze tirs cadrés en deux rencontres, preuve d’une volonté de jouer vers l’avant.
Défensivement, l’axe Kimbembe-Otounga a gagné en sérénité, concédant un seul but dans le jeu. « Nous avons retrouvé notre rigueur, il ne manque que l’efficacité », confie le sélectionneur, sûr que ses attaquants « finiront par être récompensés ».
La préparation mentale a également été renforcée. Le staff a fait intervenir un psychologue sportif pour évacuer la pression propre aux rendez-vous couperets. Les séances vidéos se sont centrées sur la transition défensive nigériane, réputée friable sur les côtés.
Le Nigeria, adversaire décomplexé
Éliminé après deux défaites, le Nigeria n’a plus rien à perdre. L’encadrement technique a promis d’aligner une formation plus jeune, avide de temps de jeu. « Nous voulons quitter le tournoi avec honneur », affirme le capitaine Samson Okoye.
Les statistiques résument le paradoxe nigérian : cinq buts concédés, aucun inscrit, mais une possession moyenne de 55 %. Le manque de réalisme a été flagrant, pourtant la qualité technique individuelle demeure élevée, notamment chez le milieu Chukwuemeka, à la relance inspirée.
Libéré de l’obligation de résultat, l’adversaire peut se montrer dangereux. Le Congo devra donc conjuguer audace offensive et vigilance permanente face à des transitions rapides susceptibles de prendre à revers une défense soucieuse d’attaquer.
L’enjeu comptable
Les scénarios sont désormais gravés : une victoire congolaise 2-0 conjuguée à un nul entre Sénégal et Soudan éliminerait les Lions de la Teranga. Tout succès congolais, même d’un but, associé à un vainqueur dans l’autre match, suffirait aussi au bonheur des Diables rouges.
En revanche, un match nul ou une défaite sonnerait le glas des espoirs locaux. « Nous devons jouer pour marquer tôt, afin de forcer le destin », insiste le capitaine Prince Ibara, conscient que la différence de buts pourrait départager les trois formations.
Cette pression chiffrée agit comme un double tranchant : elle stimule l’agressivité mais peut engendrer la précipitation. Le défi consiste donc à gérer les temps faibles, quitte à temporiser si le score intermédiaire au stade Azam Complex devient favorable.
Voies tactiques pour les Diables rouges
Le sélectionneur semble pencher vers un 4-3-3 offensif, avec l’entrée probable de l’ailier Gaius Makouta. Sa vitesse peut exploiter la largeur et étirer la défense nigériane, souvent prise dans son dos lors des deux premières journées.
Les transitions rapides restent la clé. En phase défensive, le double pivot Bidimbou-Tchibota doit couper les lignes de passe vers Chukwuemeka. À la récupération, l’objectif sera de toucher immédiatement les couloirs pour créer des situations de un contre un.
Les coups de pied arrêtés représentent enfin un levier essentiel. Le staff a consacré deux séances complètes à ce secteur, convaincu que le jeu aérien de Barel Mouko peut faire la différence, à l’image du but égalisateur inscrit face au Sénégal sur corner.
Quel impact sur le football congolais ?
Une qualification relancerait la courbe d’engouement populaire autour des Diables rouges. Les stades locaux, déjà mieux remplis depuis la Ligue 1 inchangée, profiteraient d’un regain de fréquentation et de recettes, stimulant l’écosystème footballistique national.
Sur le plan institutionnel, la Fédération congolaise pourrait consolider ses partenariats privés. Plusieurs entreprises conditionnent leurs engagements à la visibilité internationale de la sélection. Un quart de finale offrirait une vitrine idéale pour négocier de nouveaux contrats de sponsoring.
Au-delà de l’économie du sport, l’épopée des Diables rouges est perçue comme un facteur de cohésion. Les supporters brazzavillois et ponténégrins se retrouvent derrière le même drapeau, signe que le football demeure un puissant levier d’unité nationale et d’espoir partagé.