Brazzaville renforce sa riposte choléra
La dernière semaine d’août 2025, Brazzaville a été le théâtre d’une session intensive consacrée à la communication sur les risques et à l’engagement communautaire, piliers désormais incontournables de la lutte contre le choléra.
Durant deux journées, du 25 au 26 août, trente-deux experts nationaux, points focaux des ministères et partenaires techniques, épaulés par les chargés de programme du bureau de l’OMS au Congo, ont planché sur la manière de gagner la bataille de la confiance publique.
L’initiative, portée par l’OMS Congo en appui au ministère de la Santé et de la Population, prolongeait un atelier national de formation des formateurs organisé du 21 au 23 août dans les deux départements les plus touchés par l’épidémie.
Les communautés, première ligne de défense
Sous le regard attentif du Dr Vincent Dossou Sodjinou, représentant de l’OMS, les débats ont vite convergé vers un constat simple : aucune stratégie sanitaire ne tient sans l’adhésion des habitants concernés.
« Il serait difficile de réussir nos programmes si la communauté ne nous accompagne », a-t-il rappelé, insistant sur la différence entre une sensibilisation ponctuelle et un engagement mesurable, constamment nourri par le retour d’expérience des quartiers et des villages.
Les participants ont donc revisité, étape par étape, la préparation, la réponse et la réhabilitation, en s’appuyant sur des exemples tirés d’opérations menées récemment en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.
Chaque séquence reposait sur un exercice pratique : cartographie des parties prenantes, simulations d’interview ou élaboration d’un plan d’écoute sociale, autant d’outils permettant de passer d’un message descendant à une conversation ascendante.
Une attention particulière a été accordée à la lecture des données sociales, ces indicateurs informels qui révèlent l’anxiété d’un quartier ou l’apparition de fausses informations liées aux traitements traditionnels, afin d’ajuster la riposte en temps réel.
Les facilitateurs ont rappelé que le choléra, maladie hydrique avant tout, se nourrit de déficits d’infrastructures, mais aussi de récits circulant sur les réseaux sociaux, raison pour laquelle la communication doit épouser canaux numériques et dialogues en face-à-face.
Un apport régional et méthodologique déterminant
Pour animer ces travaux, l’OMS Afrique avait dépêché au Hub de Dakar son expert régional Barry Rodrigue, connu pour son approche mêlant infodémiologie et sciences du comportement.
Son credo : détecter à temps les rumeurs et proposer des réponses factuelles avant l’apparition de la moindre défiance.
Au cours des mises en situation, les stagiaires ont appris à segmenter leurs publics, rédiger des notes d’information courtes et préparer des porte-parole capables d’expliquer simplement les mesures d’hygiène sans dramatiser la situation.
« Il ne suffit pas d’aller sensibiliser et de revenir pour dire qu’on a mobilisé la communauté », a martelé le Dr Sodjinou, rappelant que seule une implication suivie permet de mesurer l’impact réel d’une campagne.
Invités à la session, plusieurs journalistes de radio communautaire ont livré leur retour d’expérience, rappelant qu’une information compréhensible et diffusée en langues locales accroît l’adoption des bonnes pratiques d’hygiène.
Un atelier pratique leur a permis de concevoir des jingles de vingt secondes, diffusables aux heures de forte audience, visant à promouvoir le lavage des mains et l’utilisation d’eau traitée sans susciter de panique.
Des compétences pérennes pour le système de santé
En renforçant la compétence de trente-deux nouveaux professionnels, le Congo franchit une étape supplémentaire après la formation de plus de cinquante acteurs clés organisée la semaine précédente dans les départements en alerte.
La démarche répond à un vœu réitéré par le représentant de l’OMS : faire des experts nationaux des relais capables de diffuser méthodes et réflexes jusque dans les postes de santé périphériques.
Pour plusieurs participants, la mise à jour régulière de leurs connaissances doit désormais s’accompagner d’un système de suivi pour convertir les acquis en actions vérifiables sur le terrain, des points d’eau chlorée aux radios communautaires.
L’idée est claire : disposer, à l’échelle du pays, d’équipes capables de parler d’une seule voix tout en laissant chaque quartier trouver les mots qui résonnent chez lui, condition sine qua non d’une riposte durable.
Selon les organisateurs, la prochaine étape consistera à intégrer ces modules CREC dans les curricula des écoles nationales de santé publique, afin que médecins, infirmiers et techniciens acquièrent dès leur formation initiale une culture du dialogue avec les patients.
Cap sur de nouvelles initiatives terrain
Les responsables sanitaires entendent désormais capitaliser ces compétences en organisant des sessions d’appui technique lors des futures campagnes de vaccination orale et des exercices de simulation d’épidémie, afin de maintenir la mobilisation jusqu’à la saison des pluies 2026.
En coulisses, l’OMS et le ministère de la Santé évoquent déjà l’idée de constituer un réseau de formateurs régionaux, capable d’intervenir rapidement dans d’autres urgences sanitaires et de faire rayonner l’expertise congolaise au-delà de ses frontières.
Nommée « Opération Fleuve propre », la première mission partira début septembre pour distribuer kits d’hygiène et mesurer sur le terrain la réception des messages.