Un cap quadriennal pour la CNDH
Le 25 septembre, au terme de trois jours de travaux à Brazzaville, la Commission nationale des droits de l’homme a franchi une étape décisive. Son président, Casimir Ndomba, a présenté un plan stratégique couvrant la période 2025-2028, conçu pour traduire les ambitions de l’institution en actions concrètes et mesurables.
Créée par la Constitution, la CNDH est chargée de défendre les droits fondamentaux des citoyens. Jusqu’ici, ses interventions étaient menées au cas par cas. Le nouveau document fixe désormais un cap clair : renforcer la prévention des abus, favoriser les réparations et établir un dialogue permanent avec les pouvoirs publics, la société civile et les partenaires internationaux.
Casimir Ndomba insiste sur le caractère consensuel du processus d’élaboration : « Le plan vient de nous tous. Il reflète notre volonté partagée d’accompagner chaque Congolais dans la défense de sa dignité », a-t-il déclaré, saluant la participation active des commissaires et des experts invités.
Des sous-commissions au cœur de l’action
Pour opérationnaliser le plan, cinq sous-commissions ont été installées dès la session inaugurale. Elles couvrent le droit civil et politique, le droit économique et socioculturel, le droit des groupes vulnérables, l’équité et le genre, ainsi que la coopération avec les mécanismes régionaux et internationaux.
Chaque sous-commission dispose d’une feuille de route spécifique, articulée autour d’indicateurs précis. Les commissaires devront produire des rapports réguliers, fournir des avis publics et proposer des médiations, afin d’assurer la visibilité des avancées et de corriger rapidement les éventuelles dérives.
« Nous avons choisi une architecture légère, mais réactive », explique une commissaire siégeant à la sous-commission droit civil. Selon elle, la collaboration transversale permettra de couvrir l’ensemble du spectre des droits, tout en évitant les doublons et en renforçant l’efficacité des enquêtes.
Transparence et gouvernance financière
La session plénière a également entériné un règlement intérieur et un règlement financier, deux instruments jugés essentiels pour instaurer la confiance. Le président qualifie ces textes de « socle de transparence », car ils précisent les procédures d’engagement, de suivi et de contrôle des dépenses.
Le budget sera détaillé dans un rapport public annuel, soumis aux autorités compétentes et mis à la disposition des citoyens. Cette pratique, inédite pour la CNDH, vise à aligner l’institution sur les meilleures normes de gouvernance et à garantir une utilisation optimale des ressources allouées.
Plusieurs observateurs saluent la démarche. Un juriste indépendant estime que « la clarté financière renforce la crédibilité d’une institution aussi sensible. Les citoyens doivent savoir comment chaque franc investi en leur nom est dépensé ». Pour la CNDH, l’objectif est également d’attirer de nouveaux partenaires techniques et financiers.
Priorité aux groupes vulnérables
La protection des groupes vulnérables apparaît comme l’un des piliers du plan quadriennal. La sous-commission dédiée concentrera ses efforts sur la situation des personnes handicapées, des enfants, des femmes et des personnes âgées, souvent confrontés à des violations plus insidieuses.
Une cartographie des besoins sera réalisée dès 2025, avec l’appui d’associations et de chercheurs congolais. Les données collectées orienteront des campagnes de sensibilisation, la formation des acteurs de terrain et l’élaboration de recommandations adressées aux pouvoirs publics.
La question du genre bénéficie d’un dispositif spécifique. En plus de suivre les indicateurs d’égalité, la CNDH prévoit de mettre en place une hotline destinée aux victimes de violences basées sur le genre. Le projet, à l’étude, pourrait voir le jour grâce à un partenariat public-privé.
Défis et perspectives 2025-2028
En présentant le plan, Casimir Ndomba a rappelé que la réussite dépendra d’une mobilisation collective. « Nous devons gagner la confiance des citoyens, mais aussi celle des partenaires internationaux. C’est à cette condition que nos recommandations auront un écho durable », a-t-il affirmé.
Parmi les défis identifiés figure la question des ressources humaines. Le président souhaite renforcer les compétences internes par des formations régulières. La digitalisation des procédures, à commencer par la réception des plaintes en ligne, est également envisagée pour fluidifier les interactions avec le public.
La CNDH table enfin sur un suivi indépendant de la mise en œuvre du plan. Un rapport d’évaluation mi-parcours sera publié en 2027. À cette occasion, les indicateurs pourront être ajustés afin de tenir compte des évolutions sociales et économiques du Congo-Brazzaville. L’objectif reste inchangé : rendre les droits humains tangibles pour chaque citoyen.