Une conférence de presse très attendue
Le 30 septembre, dans une salle bondée de Brazzaville, les responsables de la Confédération des églises des réveils du Congo ont pris la parole devant médias et fidèles. À quelques jours de la cérémonie officielle prévue le 3 octobre au Palais des congrès, ils ont dévoilé leur feuille de route.
« Cette confédération est née de l’aspiration de toutes les églises de réveil à vouloir s’unir et travailler ensemble », a résumé son président, l’apôtre Germain Ndeke. Pour cet homme d’Église, le temps est venu de doter les assemblées d’un organe capable de porter une parole commune et crédible.
Pourquoi créer une confédération ?
Interrogé sur l’origine du projet, l’apôtre Nzila Ghislain a évoqué « l’exigence de l’unité des membres en vue de former un corps œuvrant pour les intérêts du même et unique Seigneur ». Il affirme que la dispersion actuelle fragilise le témoignage et la gouvernance interne des communautés.
Les promoteurs constatent aussi la nécessité d’impliquer davantage les pères spirituels, souvent fondateurs historiques d’assemblées, dans les décisions stratégiques. Leur sagesse doit, selon eux, garantir l’ordre, éviter les dérapages et imposer la discipline dans les questions spirituelles et administratives.
Transparence, liberté et diversité
La CERC se fixe trois principes directeurs : unité, transparence et foi. Pour Nzila Ghislain, le futur organe sera « sans clivage et au-dessus de la mêlée ». L’idée est de fédérer les énergies tout en respectant la liberté confessionnelle et la diversité des pratiques liturgiques de chaque assemblée.
Les pasteurs rencontrés insistent : chaque Église conservera ses spécificités. Toutefois, les gros dossiers – formation des ministres, relations avec l’État, mécanismes disciplinaires – seront désormais traités collectivement afin d’éviter les initiatives isolées qui fragilisent l’image du mouvement.
Des liens renforcés avec les institutions
La question de la représentativité devant les pouvoirs publics a été centrale lors de la conférence de presse. À terme, la CERC veut parler d’une seule voix face aux administrations, particulièrement pour l’homologation des lieux de culte, les visas de mission ou les éventuelles médiations.
Le pasteur Chancel Franck Mayinguidi Diamesso précise que la reconnaissance officielle, obtenue le 4 août, facilite déjà le dialogue. « Nous sommes une association à caractère culturel. Cette base juridique nous permet d’échanger sereinement avec toutes les institutions de la République », assure-t-il.
Une structure tripartite
Les statuts dévoilés prévoient trois institutions. Le Conseil des pères, tout d’abord, rassemblera les figures expérimentées chargées de veiller à la doctrine et à l’éthique. Vient ensuite la Coordination nationale, plate-forme de concertation pour les grands axes stratégiques.
Enfin, un bureau exécutif sera responsable de la mise en œuvre quotidienne des décisions. Cette architecture, jugée souple, entend équilibrer sagesse des anciens et énergie des cadres plus jeunes, afin d’éviter personnalisation et dérives fréquentes dans certaines organisations religieuses.
Une couverture nationale en perspective
Selon Mayinguidi Diamesso, la confédération regroupe déjà « des centaines d’églises et près de 1 000 pasteurs ». Le maillage ne devrait pas s’arrêter là. Un déploiement est envisagé dans les quinze départements de la république du Congo afin de donner à chaque communauté un interlocuteur proche.
Les responsables expliquent que les coordinations départementales travailleront sur la formation continue des ministres, la mutualisation des ressources logistiques et la solidarité face aux urgences sociales. « Il s’agit de rendre notre action visible jusque dans les localités les plus reculées », insiste Ndeke.
Un souffle nouveau pour les fidèles
Pour les croyants, la création de la CERC nourrit des attentes concrètes. Beaucoup espèrent une meilleure organisation des cultes, une transparence accrue des finances et une nette réduction des dérives pseudo-spirituelles régulièrement dénoncées dans la presse.
La confédération promet également de promouvoir des actions sociales concertées. Soutien aux orphelins, campagnes de santé, accompagnement des jeunes : ces initiatives, déjà menées par certaines paroisses, gagneraient en efficacité si elles étaient coordonnées au niveau national.
Un pas vers la cohésion nationale
Au-delà du cercle religieux, l’initiative rejoint les efforts de consolidation du vivre-ensemble prônés par les autorités de Brazzaville. En regroupant des sensibilités diverses sous une bannière commune, la CERC pourrait contribuer à l’apaisement des rivalités internes et au renforcement de la cohésion sociale.
« Nous voulons être un facteur de paix et de stabilité », martèle Nzila Ghislain. Cet engagement trouve un écho favorable dans un contexte où la République du Congo mise sur la concorde confessionnelle pour soutenir son développement.