Une gouvernance consolidée depuis 1997
La République du Congo a connu, au tournant des années 1990, un cycle d’âpres recompositions politiques qui s’est soldé par le retour au pouvoir du président Denis Sassou Nguesso en 1997 et la signature, six ans plus tard, de l’Accord de paix de Brazzaville. Ce texte, souvent présenté comme le socle de la stabilité contemporaine, a permis le cantonnement des groupes armés et l’initiation d’un dialogue inclusif qui, depuis, n’a cessé d’étoffer le contrat social national.
Les réformes institutionnelles successives ont visé à consolider les contre-pouvoirs tout en dotant l’exécutif d’outils favorisant l’efficacité de l’action publique. Le renforcement de la Cour des comptes, l’introduction du budget-programme et la modernisation du système statistique figurent parmi les innovations saluées par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. Aux yeux de nombreux diplomates en poste à Brazzaville, cette architecture stabilisée constitue « un facteur de prévisibilité essentielle pour l’investissement ».
Potentiel pétrolier et diversification économique
L’économie congolaise reste indissociable de la manne pétrolière, qui représente environ 80 % des recettes d’exportation. La mise en production du champ offshore Moho-Nord, opérée en partenariat avec TotalEnergies, a propulsé la capacité nationale au-delà de 350 000 barils/jour, conférant au pays un rôle désormais affirmé au sein de l’OPEP, qu’il a rejoint en 2018.
Consciente de la volatilité des cours, la tutelle financière a lancé un vaste programme de diversification, articulé autour de l’agriculture mécanisée, de la valorisation du bois et de l’exploitation raisonnée des gisements de potasse de la région de Pointe-Noire. Selon un économiste de la Banque africaine de développement, « le PIB hors-hydrocarbures devrait croître de 5 % en moyenne annuelle, pour peu que les réformes logistiques et douanières se poursuivent ». L’État mise également sur la zone économique spéciale de Maloukou pour attirer les industries de transformation et développer une chaîne de valeur locale.
Dynamiques sociales et démographiques actuelles
Avec une population estimée à près de six millions d’habitants, dont plus de 60 % ont moins de 25 ans, le Congo dispose d’un capital humain jeune susceptible d’alimenter la croissance endogène. Le gouvernement a porté l’effort budgétaire sur l’éducation de base, qui absorbe désormais près de 14 % du budget national, tandis que le taux de scolarisation primaire dépasse 90 % selon l’UNESCO.
Sur le plan sanitaire, la riposte contre le VIH, la mise en place de la couverture santé universelle et la récente campagne de vaccination contre la COVID-19 ont amélioré les indicateurs de mortalité infantile. La ville de Brazzaville, laboratoire d’innovations sociales, voit émerger des startups de services numériques qui rêvent d’intégrer le gigantesque marché de la Communauté économique d’Afrique centrale.
Enjeux environnementaux sous l’Équateur
Abritant une partie du bassin du Congo, seconde forêt tropicale de la planète, le pays se trouve au cœur des négociations climatiques internationales. Brazzaville a réaffirmé, lors de la COP 26, son engagement à réduire de 32 % ses émissions à l’horizon 2030, notamment grâce à un programme ambitieux de préservation des tourbières denses de la Cuvette centrale.
La stratégie nationale met en avant le principe d’« économie verte » : alors que l’exploitation forestière demeure un pilier historique de la balance commerciale, la certification FSC devient progressivement la norme, garantissant une traçabilité exigée par les marchés européens. En parallèle, la construction du barrage de Sounda, projet phare d’hydroélectricité, illustre la volonté de développer une offre énergétique bas-carbone apte à soutenir l’industrialisation.
Perspectives de coopération internationale
Le retour du Congo dans l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives, conjugué à un accord de Facilité élargie de crédit signé avec le FMI en 2021, a ravivé l’intérêt des bailleurs multilatéraux. Les autorités ont entrepris de réaménager la dette avec la Chine, premier créancier bilatéral, dans un esprit de partenariat gagnant-gagnant mis en avant par le ministre des Finances.
Sur le terrain, l’Union européenne cofinance le corridor routier Pointe-Noire-Ouesso, tandis que le Fonds saoudien pour le développement participe au financement de cliniques polyvalentes dans le nord du pays. Autant de signaux qui témoignent d’une intégration régionale et internationale appelée à se renforcer, soutenant l’ambition affirmée de faire du Congo un hub logistique et énergétique au cœur de la sous-région.