Des relations célébrées à Brazzaville
Sous les lustres d’un hôtel de Brazzaville, An Qing a convié décideurs et diplomates à marquer les 76 ans de la République populaire de Chine. La réception, ponctuée d’allusions économiques, a offert un instantané d’une amitié présentée comme exemplaire.
Le chef de la diplomatie congolaise, Jean-Claude Gakosso, entouré de plusieurs ministres, a salué l’hôte du soir. Les échanges de civilités ont rapidement laissé place à un bilan détaillé des réalisations conjointes, reflet d’un dialogue qualifié de franc et constant.
Une alliance née du pragmatisme
Dans son adresse, An Qing a rappelé les progrès sociaux et économiques de la Chine depuis l’ouverture de 1978. Plus de 770 millions de ruraux sortis de la pauvreté constituent, selon elle, un précédent inspirant pour tout partenaire du Sud.
« Nous avançons, brisant les vagues, vers un développement innovant », a-t-elle résumé, établissant un parallèle avec les ambitions de la République du Congo, engagée dans la diversification de son économie depuis plusieurs années.
Commerce extérieur : des chiffres qui s’envolent
Entre janvier et août, le commerce bilatéral a atteint 4,22 milliards de dollars, en hausse de 5,8 % sur un an. Les exportations congolaises, tirées par le pétrole et le bois transformé, représentent 3,21 milliards de dollars.
La Chine demeure ainsi le premier client de la République du Congo. Pour An Qing, ces résultats prouvent « la solidité de chaînes d’approvisionnement résilientes » face aux perturbations logistiques observées ailleurs dans le monde.
Chantiers d’infrastructures stratégiques
Routes, ponts, centrales solaires ou fibre optique : les entreprises chinoises s’affichent sur les principaux chantiers congolais. Le ministre Jean-Jacques Bouya voit dans ces projets « des accélérateurs d’intégration territoriale », condition préalable à l’émergence d’un marché intérieur dynamique.
Parmi les ouvrages récemment cités figurent l’axe PNR à deux fois deux voies, le nouveau quai fluvial d’Impfondo et plusieurs postes sources électriques. Les autorités soulignent la qualité des transferts de technologie effectués par les ingénieurs chinois.
Formation et capital humain
Au-delà du béton, la coopération investit le savoir. Des centaines d’étudiants congolais bénéficient chaque année de bourses dans les universités chinoises. À Brazzaville, un centre de langue et de culture mandarine a ouvert ses portes, favorisant les échanges académiques.
Gilbert Mokoki, ministre du Contrôle d’État, voit dans ces programmes « un levier pour optimiser la gestion publique et la qualité de service ». Des stages immersifs en audit et numérique sont proposés aux cadres des administrations congolaises.
Vers un accord de partenariat économique
En août, les équipes techniques des deux pays ont bouclé la plupart des chapitres d’un accord ouvrant la voie à des droits de douane nuls pour la majorité des produits congolais. L’objectif est de soutenir les exportations hors pétrole.
Selon Honoré Sayi, ministre de l’Économie fluviale, cette perspective « réduira les coûts logistiques et renforcera la compétitivité des PME locales ». Du côté chinois, l’accès à un marché de 5,5 millions d’habitants assorti de débouchés régionaux motive les investisseurs.
Multilatéralisme et Forum sino-africain
La récente visite du président Denis Sassou Nguesso à Pékin a réaffirmé l’importance du Forum sur la coopération sino-africaine comme enceinte de dialogue équitable. Les deux chefs d’État ont appelé à un multilatéralisme ouvert, loin de toute logique de blocs.
An Qing a insisté sur cet esprit d’ouverture face « à l’hégémonisme et au protectionnisme », promouvant des chaînes de valeur partagées et la connectivité continentale, notamment via la Zone de libre-échange continentale africaine.
Perspectives de croissance inclusive
Les autorités congolaises espèrent que l’afflux d’investissements chinois soutiendra la création d’emplois qualifiés. La Banque mondiale estime que chaque point de croissance obtenu grâce aux infrastructures peut réduire la pauvreté de deux points dans le pays.
Pour préserver cet élan, les deux capitales misent sur la stabilité politique et la sécurité juridique, éléments jugés fondamentaux par les chambres de commerce. La mise en place d’un mécanisme d’arbitrage bilatéral est à l’étude.
Enjeux environnementaux partagés
La protection des forêts du bassin du Congo figure aussi dans les discussions. Pékin soutient des projets pilotes d’exploitation durable du bois et de reboisement autour de la Sangha. Les experts y voient une contribution concrète aux engagements climatiques pris à Glasgow.
Un institut conjoint de recherche sur la biodiversité est annoncé pour l’année prochaine. Il évaluera les impacts des grands travaux et proposera des pratiques de réduction d’empreinte carbone adaptées aux réalités locales.
Un partenariat appelé à se densifier
Ministres et diplomates s’accordent : le Congo et la Chine entrent dans une phase nouvelle, marquée par l’industrialisation légère, la transformation agricole et les services numériques. La jeunesse congolaise, fortement connectée, pourrait en être la principale bénéficiaire.
La réception du 29 septembre, ponctuée de prestations culturelles, a clos la soirée sur une note d’optimisme. Au-delà des discours, chiffres et projets attestent d’une relation construite sur le partage des bénéfices, moteur probable de résilience face aux incertitudes mondiales.