Une visite ministérielle aux enjeux inédits
Le 14 septembre, Mascate a accueilli le ministre congolais de la Coopération internationale et de la promotion du partenariat public-privé, Denis Christel Sassou Nguesso. Face à son hôte omanais, le chef de la diplomatie Badr Albusaidi, il a souligné l’absence surprenante de relations diplomatiques formalisées entre les deux États.
À l’issue de l’entretien, le ministre congolais a confié son étonnement à la presse, rappelant que le Congo-Brazzaville et le Sultanat d’Oman n’avaient, jusqu’ici, signé aucun instrument officiel. Cette lacune ouvre, selon lui, « un nouvel axe de coopération » appelé à se développer rapidement.
Le message du Président Sassou Nguesso
Portant une lettre du président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, Denis Christel Sassou Nguesso l’a remise à son interlocuteur pour transmission à Son Altesse le Sultan Haïtham Bin Tarik. Le contenu exact du message n’a pas été rendu public, mais il balise la volonté d’amitié des deux capitales.
Ce geste protocolaire installe la relation à son plus haut niveau, illustrant l’importance accordée par Brazzaville à l’ouverture de nouveaux partenariats au Moyen-Orient. Mascate, de son côté, a salué cette démarche jugée prometteuse pour diversifier ses ancrages africains.
Un accord-cadre comme pierre angulaire
Les deux ministres ont convenu de faire travailler leurs équipes sans délai afin d’élaborer un accord-cadre de coopération. Dans la diplomatie congolaise, ce type d’instrument sert de socle juridique à la signature d’accords sectoriels futurs, qu’il s’agisse d’énergie, de logistique ou de formation.
Aucun calendrier précis n’a encore été annoncé, mais l’objectif affiché est de finaliser le texte fondateur dans les meilleurs délais. La méthode retenue privilégie une concertation fine entre experts des deux pays, afin de s’assurer que chaque secteur bénéficie d’un cadre clair et équilibré.
Des secteurs déjà pressentis
Mascate se profile comme un partenaire potentiel pour des projets publics-privés dans les domaines portuaire, pétrolier et agricole, trois axes où le Congo-Brazzaville dispose d’atouts naturels et d’une demande d’investissement ciblée. Les discussions initiales ont également évoqué la formation professionnelle et la culture.
Denis Christel Sassou Nguesso a souligné l’importance d’une coopération qui inclut des transferts de compétences. La perspective d’échanges universitaires ou techniques pourrait favoriser l’employabilité des jeunes Congolais, tandis que les opérateurs omanais gagneraient de nouvelles opportunités en Afrique centrale.
Les bénéfices attendus pour Brazzaville
Pour le Congo-Brazzaville, la diversification des partenariats répond à la stratégie gouvernementale de réduction de la dépendance à un petit nombre d’alliés traditionnels. Engager Mascate dans des projets structurants renforcerait la résilience économique nationale et soutiendrait la feuille de route des réformes.
En misant sur le modèle omanais de partenariat public-privé, Brazzaville espère mobiliser des capitaux extérieurs tout en maintenant la maîtrise publique des infrastructures clés. Les autorités voient là un moyen de stimuler la croissance tout en limitant l’endettement souverain.
Mascate, un hub vers l’Asie
Ouvrir une représentation diplomatique à Mascate offrirait au Congo-Brazzaville un point d’ancrage vers les marchés asiatiques, grâce aux liaisons maritimes et aériennes du Sultanat. À terme, les exportateurs congolais pourraient profiter de ces corridors logistiques pour accéder à de nouveaux débouchés.
Les responsables omanais, quant à eux, y voient la possibilité de sécuriser des approvisionnements en matières premières et de consolider leur réseau d’alliances sur le continent. Cette complémentarité alimente l’optimisme affiché à l’issue de la rencontre ministérielle.
Méthode et calendrier de travail
Les délégations ont prévu la mise en place rapide d’un groupe mixte de négociation. Cette instance définira les priorités sectorielles, balisera le dispositif juridique et fixera un plan de mise en œuvre. Chaque étape sera formalisée afin d’éviter toute zone d’ombre.
Selon Denis Christel Sassou Nguesso, la transparence du processus renforcera la confiance des acteurs privés appelés à intervenir. Une première session technique pourrait se tenir à Brazzaville, avant un possible retour à Mascate pour finaliser le projet d’accord-cadre.
Une dynamique diplomatique élargie
Ce rapprochement s’inscrit dans la vaste politique d’ouverture prônée par Brazzaville, consistant à multiplier les canaux de coopération Sud-Sud. Après les partenariats intensifiés avec les Émirats arabes unis et le Qatar, l’Oman représente une étape supplémentaire vers la consolidation d’un réseau moyen-oriental.
La démarche congo-omanaise illustre aussi l’importance croissante de la diplomatie économique, où les ministres de la Coopération jouent un rôle clé. L’implication personnelle de Denis Christel Sassou Nguesso confirme l’orientation stratégique donnée par la présidence congolaise.
Les attentes des milieux d’affaires
À Brazzaville comme à Mascate, les opérateurs privés suivent avec intérêt la progression des pourparlers. L’annonce d’un accord-cadre suscite des anticipations d’appels d’offres, de missions exploratoires et de forums d’affaires qui pourraient se tenir dans les mois à venir.
Les entrepreneurs congolais espèrent un accès facilité à des financements omanais compétitifs. De leur côté, les investisseurs du Sultanat cherchent des garanties juridiques pour sécuriser leurs capitaux et un environnement macroéconomique stable, conditions que l’accord-cadre devrait clarifier.
Une fenêtre d’opportunité à concrétiser
La rencontre de Mascate a officialisé une volonté politique partagée, mais la crédibilité du projet dépendra de la rapidité de sa mise en œuvre. Les prochaines semaines seront cruciales pour transformer l’élan diplomatique en engagements contractuels tangibles.
En confiant à leurs experts le soin de rédiger le texte fondateur, les deux gouvernements envoient un signal de sérieux. Les observateurs attendent désormais l’annonce des premiers accords sectoriels, preuve que la « nouvelle route diplomatique » est effectivement tracée.