Au Palais du peuple, une séance dense
Dans l’amphithéâtre feutré du Palais du peuple, le président Denis Sassou Nguesso a ouvert la réunion hebdomadaire du gouvernement. Neuf points figuraient à l’ordre du jour, couvrant foncier, énergie et diplomatie économique.
La séance, commencée à dix heures, s’est achevée peu après midi. Deux heures studieuses qui auront dessiné une feuille de route précise pour les prochains mois, sans heurts et avec l’aval unanime des ministres présents.
Réserves foncières : vers un nouveau port potassique
Pierre Mabiala, ministre d’État chargé des Affaires foncières, a obtenu l’autorisation d’occupation d’une réserve de près de 578 hectares à Hollmoni, dans le Kouilou. La société Luyuan des Mines Congo y bâtira une infrastructure portuaire dédiée à l’exportation de la potasse.
Le chantier promet 1 500 emplois durant la construction et plus de 800 postes pérennes. Pour les autorités, ce hub logistique devrait valoriser localement une ressource stratégique tout en diversifiant les revenus non pétroliers du Congo-Brazzaville.
Dolisie : déclassement ciblé au profit de la BEAC
Toujours au chapitre foncier, les parcelles 52 à 59 de Dolisie sont désormais retirées du domaine public. Devenues bien privé de l’État, elles sont cédées à titre gracieux à la Banque des États de l’Afrique centrale.
L’institution régionale y projette un siège moderne, conçu pour élargir l’accès bancaire dans le sud du pays. Les décideurs locaux saluent une prochaine création d’emplois et un renforcement de l’inclusion financière.
Un Pacte énergétique pour six millions de ménages
Émile Ouesso a présenté le Pacte national énergétique, pierre angulaire de la « Mission 300 » lancée lors du sommet africain pour l’énergie en janvier 2025. Le texte ambitionne de raccorder près de six millions de Congolais au réseau électrique d’ici 2030.
Le document, adopté sans réserve, prévoit la réhabilitation des ouvrages existants, l’ouverture accrue au capital privé et la consolidation de la gestion financière des sociétés publiques. Le gouvernement table sur un effet levier sur l’emploi et la compétitivité industrielle.
Moderniser les comptes nationaux
Ludovic Ngatsé a défendu la transition vers le Système de comptabilité nationale 2008. Cette mutation technique doit mieux capturer l’économie informelle, les services numériques et le capital naturel.
Le ministre estime que des statistiques plus fines favoriseront la lutte contre la fraude et élargiront l’assiette fiscale. À terme, des recettes publiques accrues soutiendront les politiques sociales et les infrastructures.
Brazzaville hôte des Assemblées BAD 2026
Le Congo a officiellement accepté d’accueillir, du 26 au 30 mai 2026, les Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement. La décision fait suite à l’élection de Sidi Ould Tah à la présidence de l’institution le 30 mai 2025.
Pour Brazzaville, l’événement représente une vitrine diplomatique majeure. Le ministère de l’Économie anticipe un afflux de visiteurs et de partenariats, propices à stimuler l’hôtellerie, le transport et les services.
Installation du nouveau président de la BAD
Une délégation congolaise a pris part, le 1ᵉʳ septembre 2025, à l’entrée en fonction du nouveau président de la BAD. Cette présence a consolidé la visibilité du pays au sein du Conseil des gouverneurs, où il occupe désormais la présidence.
Les responsables congolais jugent ce mandat stratégique pour plaider l’accès accru aux financements climatiques et aux projets intégrateurs d’infrastructures régionales.
CEEAC : continuité et nouvelles ambitions
Le 7 septembre 2025, Anatole Collinet Makosso représentait le Congo à la session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État de la CEEAC, à Sipopo. Les dirigeants ont entériné la nomination d’Ezéchiel Nibigira (Burundi) à la tête de la Commission.
Un soutien formel a été exprimé en faveur de la candidature congolaise de Firmin Edouard Matoko à la direction générale de l’UNESCO, illustrant la volonté de Brazzaville de rayonner au-delà du continent.
CEMAC : Denis Sassou Nguesso aux commandes
Réuni à Bangui le 10 septembre, le Sommet de la CEMAC a confié au président congolais la réflexion sur la réforme du cadre de coopération monétaire avec la France. Le même conclave l’a élu à la présidence tournante de l’organisation.
Dans son intervention, Denis Sassou Nguesso a mis en avant les progrès des réformes économiques et financières initiées depuis 2017, plaidant pour « une monnaie forte au service de l’intégration ».
Nominations administratives ciblées
Le Conseil a par ailleurs approuvé la nomination de Jean Noël Ngouedy Makota à la tête de la direction générale du Domaine de l’État. Dans le même élan, Dimitri Presley Diambou Bounkita devient inspecteur général des PME et de l’Artisanat.
Ces désignations doivent accélérer la mise en œuvre des politiques décidées, en dotant les administrations de cadres qualifiés et responsabilisés.
Un calendrier de mise en œuvre serré
Clôturant les travaux, le garde des Sceaux Aimé Ange Wilfrid Bininga, assurant l’intérim du porte-parole du gouvernement, a souligné l’importance de la diligence dans l’exécution des décrets. Les ministères sectoriels sont invités à présenter dès le prochain trimestre des rapports d’étape.
Avec ces décisions, l’exécutif affiche un cap clair : diversifier l’économie, électrifier les territoires et consolider l’influence régionale du Congo-Brazzaville. Les prochains mois diront si le rythme imprimé ce 17 septembre trouvera un écho sur le terrain.