Un collège renouvelé, priorités affichées
Réunis les 8 et 9 septembre 2025 au ministère de la Justice et des Droits humains, les nouveaux membres du Conseil supérieur de la liberté de communication ont lancé leur mandature 2025-2029 sous la houlette de Médard Milandou-Nsonga.
Devant des représentants d’associations professionnelles de presse, le président a prôné « une régulation inventive à l’ère numérique », constatant l’essor fulgurant des plates-formes en ligne et la mutation des usages d’information au Congo-Brazzaville.
Cap sur la présidentielle de 2026
La perspective de l’élection présidentielle de mars 2026 occupe déjà les esprits des conseillers, soucieux d’encadrer une campagne où les réseaux sociaux joueront un rôle inédit dans la formation de l’opinion publique.
Médard Milandou-Nsonga a annoncé la tenue prochaine d’une table ronde avec les rédactions afin de rappeler les règles électorales, la nécessité d’une information vérifiée et le respect du code d’éthique auquel chaque journaliste est tenu.
L’instance veut éviter les débordements observés ailleurs et garantir un temps de parole équilibré entre candidats, qu’ils s’expriment sur antenne, en ligne ou via des formats hybrides de plus en plus prisés par la jeunesse urbaine.
Des textes révisés pour le numérique
Avant même d’aborder les dossiers sensibles, le collège a méthodiquement relu le règlement intérieur, le règlement financier et le manuel de procédure afin d’y intégrer les exigences du législateur sur la protection des données et la lutte contre la désinformation.
Les ajustements ont été adoptés à l’unanimité, preuve, selon le président, « d’un débat constructif où l’intérêt général a primé ». Les nouveaux articles définissent la traçabilité des contenus numériques soumis à régulation.
Un accent particulier est mis sur la protection des mineurs, la transparence des algorithmes de recommandation et la clarté des messages sponsorisés, trois leviers que le conseil juge décisifs pour préserver la confiance du public.
Professionnalisation des journalistes
La carte professionnelle, déjà évoquée par l’équipe sortante, reste une priorité. Le nouveau secrétaire-comptable, Jérôme-Patrick Mavoungou, veut « recenser, fichier en main, la communauté des journalistes avant de leur rappeler droits et devoirs ».
Cette démarche vise à distinguer clairement les professionnels formés des animateurs amateurs, phénomène accentué par l’avènement des blogs et des chaînes vidéo personnelles, parfois sources de confusion pour l’audience.
À terme, le CSLC ambitionne de délivrer la carte sur des critères transparents, en partenariat avec les écoles de journalisme et les rédactions reconnues, afin d’élever durablement le niveau de la production éditoriale nationale.
Une équipe légitimée par le serment
Le nouveau collège a été nommé par décret présidentiel le 13 mai 2025, puis a prêté serment trois mois plus tard devant la Cour suprême, scellant son engagement devant la loi et l’opinion.
Au côté du président Milandou-Nsonga siège désormais Jean Obambi, élu le 19 août à la vice-présidence, tandis que Jérôme-Patrick Mavoungou occupe le poste stratégique de secrétaire-comptable, garant de la rigueur financière.
La composition pluraliste de l’organe, associant représentants des médias publics et privés, vise à renforcer la légitimité des décisions, notamment lorsqu’il s’agira de trancher des litiges de plus en plus complexes.
Garantir liberté et pluralité
Institué pour garantir la liberté de communication et l’accès équitable à l’information, le CSLC doit veiller à la pluralité des titres, protéger les mineurs et empêcher toute manipulation de l’opinion, rappelle son président.
Le mandat 2025-2029 s’exercera dans un environnement médiatique mouvant, où la concurrence internationale, la monétisation des contenus et l’instantanéité peuvent fragiliser la vérification et la hiérarchisation de l’information.
Face à ces défis, l’institution souhaite installer un observatoire des tendances numériques, analyser en temps réel la circulation des rumeurs et former ses agents aux outils d’écoute des plates-formes sociales.
Une méthode collective
Lors de la clôture des travaux, le président a insisté : « Cette session marque le début de notre action. Mettons-nous tous au travail, c’est notre raison d’être ». Le message s’adresse autant aux conseillers qu’aux partenaires extérieurs.
Les représentants des associations de presse saluent une approche participative, tout en attendant des mesures concrètes sur l’accès aux sources publiques, la sécurité des reporters et la viabilité économique des rédactions régionales.
La prochaine étape sera l’organisation d’ateliers thématiques d’ici la fin de l’année, afin de traduire les nouvelles orientations dans la pratique quotidienne des journalistes et des diffuseurs, y compris sur les petits écrans de téléphone.
En misant sur la pédagogie et le dialogue, le CSLC espère consolider un écosystème médiatique à la fois dynamique et responsable, gage d’un débat public serein à l’orée de l’échéance présidentielle de 2026.
Vers une coopération régionale
Au-delà des frontières, le conseil entend partager son expérience avec les régulateurs de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale, afin d’harmoniser les normes et de prévenir le forum shopping médiatique.
Une première réunion technique est envisagée à Brazzaville pour comparer les dispositifs de signalement des contenus litigieux et échanger sur les bonnes pratiques de veille des plateformes transnationales.
Cette ouverture régionale devrait renforcer la position du Congo-Brazzaville comme acteur pionnier d’une régulation équilibrée, respectueuse des libertés, tout en restant attentive aux évolutions rapides du secteur numérique.