Des transferts record au quatrième trimestre 2024
D’octobre à décembre 2024, les Congolais installés hors des frontières nationales ont expédié vers Brazzaville et l’ensemble du territoire 20,3 milliards de FCFA, soit environ 36 millions de dollars, selon l’Agence de régulation des transferts de fonds du ministère des Finances.
Ce niveau trimestriel, qualifié de « solide » par l’ARTF, confirme la résilience des envois d’argent de la diaspora malgré les aléas économiques mondiaux qui ont marqué l’année 2024.
Dans le contexte congolais, le canal migratoire constitue l’une des sources externes de devises les plus suivies, à côté des recettes pétrolières, soulignent les responsables de l’administration financière.
Un soutien vital aux ménages congolais
Les sommes expédiées par les expatriés répondent d’abord à des besoins immédiats de consommation, au profit des familles restées au pays, indique l’ARTF, sans détailler la ventilation précise entre alimentation, logement ou éducation.
L’institution rappelle toutefois que ces transferts constituent un facteur non négligeable de réduction de la pauvreté monétaire, même si leur effet global sur l’économie nationale demeure difficile à chiffrer avec exactitude.
Pour de nombreux ménages, une partie du montant reçu sert également de filet de sécurité, permettant de couvrir d’éventuels frais de santé ou d’absorber les chocs liés aux fluctuations des prix à la consommation.
Un canal régulé et numérisé
Depuis plusieurs années, l’ARTF encadre les opérateurs de transfert afin d’assurer la traçabilité des flux et de réduire les risques de blanchiment.
L’agence signale que plus de neuf transactions sur dix sont désormais exécutées via des plateformes numériques agréées, ce qui abaisse le coût moyen du service et accélère la disponibilité des fonds.
Cette modernisation s’inscrit dans la stratégie gouvernementale de digitalisation des paiements, présentée comme un levier de compétitivité et de transparence.
Impact macroéconomique potentiel
Les recettes migratoires, même d’ampleur limitée au regard du produit intérieur brut, apportent des devises fraîches qui contribuent à soutenir les réserves de change.
Elles offrent également une source alternant aux entrées classiques liées aux exportations pétrolières, sujettes à la volatilité des marchés mondiaux.
En période de tension sur les prix du baril, la constance des flux provenant de la diaspora peut servir de tampon et préserver une partie du pouvoir d’achat domestique.
Canaliser l’épargne diaspora vers l’investissement
Au-delà du soutien aux dépenses courantes, les pouvoirs publics souhaitent que ces envois financent à terme des projets générateurs de revenus, notamment dans l’agriculture et les services.
Le ministère des Finances souligne régulièrement l’importance d’un cadre incitatif combinant formations, garanties et informations sur les opportunités d’affaires, afin d’encourager l’épargne diaspora à se déployer dans l’économie formelle.
Une réflexion, encore préliminaire selon l’ARTF, porte en particulier sur la création de produits financiers dédiés, libellés en monnaie locale ou en devises, destinés aux expatriés désireux d’investir sans intermédiaire.
Perspectives et calendrier 2025
L’agence prévoit de publier au premier semestre 2025 un rapport détaillé sur les flux de toute l’année 2024, qui devrait fournir une lecture affinée des tendances régionales et des canaux privilégiés.
En attendant les données annuelles, les 36 millions de dollars recensés au quatrième trimestre illustrent l’élan imprimé par la diaspora et confortent l’administration dans son objectif de sécuriser ce pont financier.
Le coût des services de transfert
Selon l’ARTF, la tarification moyenne appliquée au quatrième trimestre est restée « globalement compétitive », même si l’agence reconnaît que des marges de progression subsistent pour atteindre les objectifs fixés par les organisations internationales en matière de coût maximum.
Le régulateur a engagé des discussions techniques avec les prestataires afin de simplifier davantage les procédures et de favoriser la concurrence, deux leviers jugés indispensables pour réduire les commissions facturées aux expéditeurs.
Une diaspora attachée au pays
La constance des envois illustre aussi, notent les services du ministère, le lien affectif que la population congolaise installée à l’étranger entretient avec les localités d’origine, un attachement qui participe au maintien de la cohésion sociale.
Plusieurs plateformes communautaires ont relayé, au cours du trimestre, des campagnes solidaires destinées à mutualiser les petites contributions individuelles en faveur de microprojets sociaux, démarche que l’ARTF dit encourager sans toutefois apporter de soutien financier direct.
Prochaines étapes réglementaires
L’agence envisage de renforcer les exigences de reporting pour les opérateurs, en imposant notamment une désagrégation par sexe et par zone géographique des bénéficiaires, dans le but d’alimenter la formulation des politiques publiques.
Une consultation est annoncée pour le premier trimestre 2025 afin de recueillir les observations des acteurs du secteur, des associations de consommateurs et des représentants de la diaspora avant la finalisation des textes.
Regards d’économistes locaux
Interrogés par nos soins, plusieurs économistes basés à Brazzaville estiment que la visibilité accrue des flux migratoires pourrait influencer positivement les projections macroéconomiques, car elle fournit un indicateur supplémentaire de la demande intérieure.
Ils préviennent toutefois qu’une dépendance excessive à ces entrées expose l’économie à l’évolution des marchés de l’emploi internationaux, d’où l’importance, selon eux, de renforcer simultanément la production locale et l’intégration régionale.
L’ARTF dit suivre attentivement cet avertissement.
