Un chantier stratégique pour le PAPN
Réunis récemment à Pointe-Noire, techniciens, cadres ministériels et opérateurs privés ont passé au crible l’avancement du vaste programme d’extension du terminal à conteneurs du Port autonome de Pointe-Noire, principal atout maritime de la République du Congo.
Le projet, matérialisé par un futur quai de 750 mètres et 28 hectares de surface logistique, ambitionne d’augmenter la profondeur du tirant d’eau à 17 mètres, condition indispensable pour recevoir des porte-conteneurs de dernière génération capables de franchir l’Atlantique sans escale.
Adopté dans l’avenant numéro trois à la convention de concession signé en août 2023, le chantier s’inscrit dans le plan directeur portuaire qui mise sur la complémentarité entre l’État, actionnaire stratégique, et le secteur privé, force de financement et d’expertise opérationnelle.
Des partenaires mobilisés
À l’ouverture de la réunion, le directeur général du port, Séraphin Bhalat, a souligné que la réussite dépendra d’un suivi méticuleux des engagements pris, notamment ceux relatifs aux compensations foncières, à la révision des redevances et à l’accès temporaire aux zones destinées aux installations de chantier.
Face à lui, Olivier de Noray, patron des ports et terminaux du groupe concessionnaire, a rappelé la dynamique mondiale : la taille moyenne des navires a doublé en quinze ans, poussant les principaux hubs africains à moderniser leurs quais pour rester compétitifs sur les routes Est-Ouest.
Le représentant de Congo Terminal a confirmé que les opérations commerciales sur le nouveau quai débuteront fin février 2027, à l’issue d’un phasage de travaux permettant de maintenir le trafic existant tout en assemblant les pieux, les dalles et les portiques post-Panamax nécessaires.
Le financement combine fonds propres du concessionnaire, prêts d’institutions africaines et garantie souveraine, un montage jugé protecteur pour les finances publiques tout en assurant la trésorerie nécessaire au calendrier serré.
Calendrier et étapes clés
La première phase, prévue de janvier 2024 à septembre 2025, portera sur le dragage du Môle Est et sur la stabilisation du remblai, afin de garantir la profondeur contractuelle de 17 mètres sans impacter les fonds marins sensibles identifiés lors des études environnementales.
Ensuite, entre octobre 2025 et décembre 2026, les équipes poseront les caissons en béton précontraint, installeront les rails des portiques et connecteront les réseaux électriques haute tension qui devront alimenter un parc de sept grues capables de traiter 1,5 million de boîtes par an.
Enfin, la période de rodage opérationnel couvrira les deux premiers trimestres de 2027, avec des tests de productivité, des formations d’équipes mixtes congolaises et internationales, et la calibration du système de gestion informatisé conçu pour fluidifier le passage porte-conteneurs, parc et routes d’évacuation.
Enjeux économiques régionaux
Le Port autonome de Pointe-Noire, seule plateforme en eaux profondes d’Afrique centrale, sert déjà de porte océane non seulement pour le Congo-Brazzaville mais aussi pour le sud-ouest de la République démocratique du Congo, le Gabon et certains corridors vers le Cameroun.
Selon les projections des autorités portuaires, l’extension pourrait accroître le trafic de transbordement de 35 % à l’horizon 2030, consolider 2 500 emplois directs et générer des retombées fiscales estimées à 25 milliards de francs CFA chaque année.
Des analystes indépendants saluent une décision jugée alignée sur la Zone de libre-échange continentale africaine, dont la mise en œuvre repose sur l’amélioration des infrastructures régionales et sur la réduction des coûts logistiques.
La douane teste aussi un guichet unique d’avant-arrivée afin de diviser par deux le délai de dédouanement, accroître la traçabilité et offrir aux chargeurs une expérience digitale comparable aux standards de la CEMAC.
Dimensions sociales et environnementales
Les parties prenantes ont confirmé la mise en place d’un comité environnemental chargé de surveiller la qualité de l’eau, d’encadrer les opérations de dragage et de veiller au respect des normes internationales de gestion des déchets huileux.
Sur le plan social, un programme de formation continue bénéficiera aux dockers, logisticiens et capitaines de remorqueurs, afin d’adapter les compétences locales aux procédures automatisées et aux exigences de sûreté portuaire renforcées par l’Organisation maritime internationale.
Les autorités municipales de Pointe-Noire, pour leur part, étudient des mesures d’accompagnement urbain destinées à fluidifier le trafic routier, à moderniser les axes vers Brazzaville et à préserver les quartiers riverains d’éventuelles nuisances sonores ou poussiéreuses.
En soulignant la portée structurante du chantier, Séraphin Bhalat a conclu que l’extension du terminal constitue « une opportunité historique de positionner durablement la République du Congo comme plateforme logistique fiable et respectueuse de ses engagements climatiques ».