Une annonce qui surprend le milieu sportif
La décision du Comité exécutif de la Fédération congolaise de football (Fecofoot) d’étendre le championnat national direct Ligue 1 de 14 à 16 clubs pour la saison 2025-2026 a été rendue publique début septembre, suscitant rapidement interrogations et réactions contrastées à Brazzaville.
Dans un point de presse organisé dans la capitale congolaise, un collectif de membres de la Fecofoot, conduit par son porte-parole Léon Loubanda, a décrié cette orientation jugée prématurée, soulignant qu’aucune assemblée générale n’avait été convoquée pour en débattre démocratiquement.
Les griefs détaillés du collectif
Selon les protestataires, l’article pertinent des statuts de la fédération impose que toute modification du nombre de participants au championnat soit adoptée par l’assemblée générale, instance souveraine. Le passage à 16 clubs constituerait donc, à leurs yeux, une entorse réglementaire difficilement justifiable.
« Le règlement est clair ; l’assemblée générale doit décider. Sans cette étape, la saison est bâtie sur un socle contesté », a martelé M. Loubanda, estimant qu’un championnat engagé dans de telles conditions risquerait d’être frappé d’irrégularité dès son coup d’envoi.
Soupçons de calculs électoraux
Derrière l’argument statutaire, le collectif redoute surtout une manœuvre destinée à réorienter les équilibres de vote lors de la prochaine assemblée générale élective attendue en 2026. En augmentant la base des clubs, le Comité exécutif renforcerait, selon eux, son socle électoral.
« Il s’agit de s’assurer d’une majorité confortable avant le scrutin. Le championnat devient l’otage d’enjeux extra-sportifs », a dénoncé le porte-parole, pointant du doigt un « abus de pouvoir » et regrettant que la Fifa semble, pour l’instant, privilégier la position du Comex.
Le ministère des Sports sollicité
Pour tenter de faire annuler la décision, le collectif assure avoir adressé un courrier circonstancié au ministère en charge des Sports. Il demande l’arbitrage de l’autorité de tutelle afin de préserver la transparence du processus et la crédibilité du football national.
L’administration, selon plusieurs sources proches du dossier, devrait analyser la correspondance au regard des textes en vigueur et de l’intérêt général. Aucune réponse officielle n’a encore été rendue publique, mais le collectif affirme rester disponible pour un dialogue constructif.
Le dossier transmis à la Fifa et à la Caf
Outre la voie nationale, les contestataires ont expédié des courriers à la Fifa et à la Confédération africaine de football. L’objectif déclaré est d’obtenir une appréciation indépendante et d’éviter que la Ligue 1 ne soit fragilisée sur la scène continentale.
Ils rappellent avoir déjà dénoncé, lors de la récente crise qui a secoué le football national, un arbitrage jugé défavorable de la part de l’instance mondiale. En sollicitant aujourd’hui son appui, ils espèrent obtenir un éclairage formel sur la conformité de la mesure.
Quelles conséquences sportives et financières ?
Concrètement, le passage à 16 équipes impliquerait mécaniquement un calendrier allongé, davantage de voyages et une répartition des revenus télévisuels révisée. Pour les clubs, cet élargissement se traduirait par des coûts logistiques supplémentaires, argument régulièrement invoqué par les opposants au projet.
Les supporters, eux, restent partagés : certains voient dans l’élargissement une chance pour des formations régionales de haut niveau, tandis que d’autres craignent un nivellement vers le bas si les infrastructures et la formation ne suivent pas le rythme accéléré de la compétition.
Un arbitre attendu : la prochaine assemblée générale
Faute d’annulation rapide, la décision du Comex resterait en vigueur jusqu’à la prochaine assemblée générale ordinaire. Ce rendez-vous, prévu avant chaque exercice, pourrait alors entériner ou contredire l’élargissement. D’ici là, l’incertitude pourrait peser sur la préparation sportive des clubs.
Plusieurs dirigeants de clubs, sollicités par la presse locale, ont déclaré qu’ils ne finaliseraient pas leurs budgets tant que le format n’est pas fixé de manière définitive. Ils redoutent des répercussions sur les négociations avec leurs partenaires commerciaux et techniques.
Vers un compromis ?
Dans ce climat, certains observateurs appellent les parties à privilégier le consensus. Une concertation tripartite — Comex, collectif et ministère — permettrait, estiment-ils, de baliser un calendrier objectif, organisé autour d’un audit financier et d’un examen approfondi des statuts existants.
Le collectif se dit ouvert à toute solution respectant la lettre des statuts et l’équité sportive. Le bureau exécutif, de son côté, n’a pas encore livré de déclaration publique depuis la conférence de presse contestataire, alimentant l’attente d’un éclaircissement officiel.
À mesure que l’échéance 2025-2026 approche, la question de la taille du championnat congolais demeure donc en suspens. Les supporters scrutent désormais les réactions institutionnelles, conscients que la saison prochaine pourrait être une étape décisive pour l’évolution du football national.
La réputation du football congolais en jeu
Les joueurs et entraîneurs interrogés rappellent que la stabilité institutionnelle est un préalable aux performances des sélections. Un climat de querelles internes pourrait détourner les recruteurs étrangers et compliquer l’exportation des meilleurs talents vers les championnats africains ou européens.
Certains analystes sportifs rappellent que le championnat congolais doit déjà composer avec des budgets serrés et des infrastructures en mutation. Dans ce contexte, tout décalage du calendrier aurait des conséquences financières immédiates pour les clubs et les prestataires associés aux rencontres.