Beijing, carrefour d’échanges sino-congolais
À Beijing, la capitale chinoise, s’est ouvert le 11 novembre 2025 un séminaire dédié aux médias publics de la République du Congo. Vingt professionnels de l’information y participent, dans un contexte marqué par la volonté affichée des deux États de renforcer leur coopération communicationnelle.
L’initiative, organisée par le Centre d’études internationales et de formation de Chine, s’appuie sur une dynamique bilatérale entretenue depuis plusieurs années. Elle vise à consolider les acquis techniques des rédactions congolaises tout en offrant aux hôtes l’occasion de partager leur modèle de transition numérique.
Trois semaines d’apprentissage multimédia
Durant trois semaines, les participants, issus de l’Agence congolaise d’information, du Groupe national de presse La Nouvelle République et du Centre national de radio et télévision, alternent modules théoriques et ateliers pratiques couvrant reportage mobile, production cross-media et stratégie d’engagement sur les réseaux sociaux émergents.
Les formateurs insistent sur la responsabilité sociale des médias publics à l’ère de la multiplication des canaux. Ils rappellent les obligations déontologiques de vérification factuelle et de lutte contre la désinformation, placées parmi les priorités des gouvernements congolais et chinois.
Une coopération voulue par les chefs d’État
Selon Li Hengtian, directeur général adjoint du Centre d’études, cette session traduit « le consensus noué par les présidents Xi Jinping et Denis Sassou Nguesso pour accompagner la modernisation des pays du Sud global ». Il estime que la communication constitue un levier essentiel de ce renouveau.
La tenue du séminaire prolonge ainsi le partenariat stratégique global signé en 2016, cadre où la République du Congo et la Chine se sont engagées à favoriser des échanges de compétences sectorielles. La formation des journalistes apparaît comme l’un des chantiers jugés prioritaires par Brazzaville et Beijing.
Partage d’expertises numériques
Les stagiaires découvrent les coulisses de China Global Television Network, vitrine internationale de l’audiovisuel chinois. Des démonstrations de montage en réalité augmentée, de diffusion 4K et d’automatisation rédactionnelle illustrent l’avance technologique que Pékin entend partager avec ses partenaires africains.
Au-delà des outils, les experts valorisent l’adaptabilité des formats conçus pour un public jeune majoritaire en Afrique centrale. Personnalisation des contenus, podcasts en langues locales et usage des métadonnées doivent nourrir une information ciblée et accessible en temps réel.
Les représentants congolais s’intéressent particulièrement aux solutions de diffusion multisupport, susceptibles d’améliorer la couverture des vastes territoires que compte la République du Congo. Des échanges techniques portent sur la compression de données adaptée aux zones rurales où la bande passante reste limitée.
Des perspectives de partenariat durable
Marie-Paule Nganga Bigani, cheffe de la délégation congolaise, se félicite de l’engagement chinois « à créer un environnement de formation régulier pour nos rédactions ». Elle souligne que les retombées attendues concernent autant la qualité éditoriale que la maîtrise de nouveaux modèles économiques.
À l’issue de la session, un protocole d’accord devrait être signé pour faciliter des programmes d’échanges, la coproduction de magazines et le partage de contenus d’actualité non exclusifs. Les deux parties envisagent également un dispositif de bourses destiné aux jeunes diplômés congolais désireux de se former en Chine.
L’ambassade du Congo à Beijing supervisera la mise en œuvre, mobilisant son attaché culturel. Brazzaville prévoit, de son côté, d’équiper les rédactions concernées de studios légers et de terminaux satellitaires afin d’exploiter pleinement les compétences acquises.
Pour les observateurs, le séminaire illustre une approche de la diplomatie dite « doux pouvoir », où la technologie et la connaissance deviennent des passerelles. Les journalistes présents estiment que cette formule favorise des échanges horizontaux plutôt qu’une relation purement commerciale entre les deux nations.
Les autorités congolaises rappellent que cet effort s’inscrit dans le Plan national de développement 2022-2026, lequel mise sur la transformation digitale et la montée en compétences du capital humain. Le ministère de la Communication devrait intégrer les enseignements tirés au futur Code de la presse.
Sur le terrain, journalistes et techniciens expriment déjà leur volonté de créer un réseau d’entraide à leur retour. Ils envisagent des sessions de restitution à Brazzaville, Pointe-Noire et Owando pour diffuser les nouvelles pratiques au-delà des rédactions centrales et toucher les correspondants régionaux.
Le calendrier prévoit enfin une évaluation conjointe six mois après la fin du stage. Un tableau d’indicateurs, axé sur la production de contenus numériques et l’audience en ligne, permettra de mesurer l’impact concret de la formation sur les performances des médias publics congolais.
D’ici là, les participants poursuivent leurs visites d’étude, depuis le siège de l’agence Xinhua jusqu’aux studios de radio en langues minoritaires. Chaque étape alimente un carnet de bord collectif que le ministère congolais publiera, une fois validé, sur sa plateforme open-data.
Le séminaire de Beijing, en renforçant le dialogue entre professionnels africains et chinois, confirme le rôle du Congo-Brazzaville comme partenaire attentif des initiatives Sud-Sud. Dans un monde médiatique en mutation rapide, ce rendez-vous apparaît déjà comme un jalon structurant pour la prochaine génération de communicateurs.
