Brazzaville hôte de la première édition
Brazzaville s’est muée, le 3 novembre, en capitale des affaires d’Afrique centrale avec le lancement du Forum économique pour la croissance et l’investissement en Afrique centrale, première édition d’un rendez-vous appelé à renforcer, sous l’impulsion de la République du Congo, la dynamique d’intégration régionale.
Acteurs publics et privés réunis
Initié par le Haut conseil des affaires de l’Afrique centrale en étroite coopération avec la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, le Feciac réunit décideurs publics, dirigeants d’entreprises, investisseurs et institutions financières pour examiner les leviers de croissance partagée et d’emploi durable dans la sous-région.
Objectifs fixés par le Haut conseil des affaires
La rencontre traduit la détermination collective d’accélérer l’application de la Zone de libre-échange continentale africaine en mobilisant les capitaux nécessaires aux infrastructures et aux chaînes de valeur régionales.
Brazzaville, marquée par la stabilité institutionnelle, offre un cadre propice aux débats de haut niveau. En ouvrant les travaux au nom du Premier ministre, le ministre de l’Économie Ludovic Ngatse a salué « une plateforme destinée à libérer les énergies du secteur privé tout en consolidant l’action publique ».
Ludovic Ngatse plaide pour un cadre propice
Pour le ministre, le Feciac doit déboucher sur des projets structurants dans l’agriculture, l’énergie, le numérique et les transports, secteurs considérés comme relais essentiels de la diversification économique encouragée par le gouvernement congolais et ses partenaires régionaux.
La BEAC appelle à briser la dépendance
Dans sa leçon inaugurale, le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale, Yvon Sana Bangui, a rappelé le coût exorbitant des importations pour les six pays membres : « Nous perdons chaque année 12 000 milliards de francs CFA qu’il serait judicieux de réinjecter localement », a-t-il observé.
Le financier a plaidé pour une action coordonnée, reposant sur la libre circulation des biens et services. « Ouvrons notre marché », a-t-il insisté, rappelant que de nombreuses matières premières transitent par des ports lointains alors qu’elles pourraient être transformées et consommées à quelques kilomètres.
Les ambitions d’Éric Monga Mumb pour les échanges
L’appel trouve un écho favorable auprès des milieux d’affaires. Selon Éric Monga Mumb, président du Hca-AC et vice-président de la Fédération des entreprises du Congo, l’objectif consiste à porter le commerce intra-communautaire de 8 % à 10 % d’ici trois ans grâce à une meilleure coordination public-privé.
Pour y parvenir, les délégués examinent des solutions de financement mêlant fonds propres, garanties régionales et apports extérieurs. Les banques de développement ont détaillé leurs guichets, tandis que les États promettent d’alléger les formalités douanières.
Infrastructure, énergie, numérique: secteurs ciblés
La thématique des infrastructures a animé les échanges. Routes, corridors ferroviaires et interconnexions électriques figurent parmi les priorités communes, conditionnant la compétitivité des filières agricoles et minières, mais également l’essor du commerce électronique régional que les start-up congolaises tentent déjà de faire émerger.
Les discussions ont aussi porté sur l’énergie renouvelable, atout majeur pour réduire le coût de production des PME. Plusieurs entreprises congolaises ont présenté des solutions solaires et hydrauliques susceptibles de sécuriser l’alimentation électrique des zones rurales, élément crucial pour l’industrialisation naissante.
Les experts voient aussi le numérique comme vecteur d’intégration. Plateformes logistiques partagées, douanes dématérialisées et paiement mobile transfrontalier pourraient fluidifier les marchandises et capitaux, conformément à la feuille de route validée par les chefs d’État de la CEEAC.
Suivi des projets et leadership congolais
Au-delà des discours, les organisateurs misent sur un suivi rigoureux. Un comité multipartite sera chargé de compiler le portefeuille de projets et de publier, chaque semestre, une note d’étape afin de maintenir la pression positive sur les parties prenantes.
La République du Congo, qui a déjà engagé une série de réformes pour améliorer le climat des affaires, voit dans ce forum la confirmation de son rôle de catalyseur régional. L’accueil du Feciac symbolise, selon les autorités, la confiance accordée à Brazzaville par les investisseurs africains et internationaux.
Des partenariats primés pour soutenir l’élan
Signe d’un regain d’attractivité, la cérémonie d’ouverture a été ponctuée par la remise de prix aux partenaires stratégiques et aux entreprises jugées exemplaires dans la promotion de l’intégration. Ce geste vise à instaurer une saine émulation et à encourager la diffusion de bonnes pratiques.
Les participants reconnaissent toutefois que la réussite reposera sur la volonté politique des États, le respect des calendriers et la mobilisation effective de ressources domestiques. Sur ces points, les ministres présents ont assuré de leur engagement, soulignant la concordance entre la vision nationale du Congo-Brazzaville et l’agenda communautaire.
Brazzaville referme ainsi la première édition du Feciac avec un message clair : l’Afrique centrale dispose d’atouts considérables et la coopération, nourrie par un dialogue sincère entre public et privé, constitue le chemin le plus sûr vers une prospérité partagée et durable.
