Un préavis sous haute surveillance
Réunies à Brazzaville le 26 septembre, les Forces unies des syndicats de l’enseignement du Congo ont fixé un mot d’ordre clair : la grève débutera le 6 octobre, mais restera suspendue pendant deux semaines pour laisser une chance aux négociations.
« Le gouvernement dispose d’un délai raisonnable pour apporter des réponses substantielles », a déclaré Daniel Ngami devant la presse locale. Les propos du président de la FUSYNEC ont aussitôt relancé la question de la stabilité de la prochaine rentrée scolaire, prévue dans tout le pays.
Revendications au cœur du débat
La plateforme rappelle que la plupart de ses demandes figurent déjà dans l’accord tripartite du 22 février 2023 conclu avec l’exécutif et la PSEN. Il s’agit donc, estime-t-elle, d’appliquer des mesures déjà validées plutôt que d’en ouvrir de nouvelles.
Parmi les points mis en avant, l’harmonisation du statut des enseignants retient particulièrement l’attention. Cette disposition, issue des États généraux de l’éducation nationale de 2024, vise à clarifier les parcours de carrière et à sécuriser les rémunérations selon l’ancienneté.
Position gouvernementale et marge de manœuvre
Contacté, un responsable du ministère de l’Enseignement général assure que « les discussions techniques sont en cours et progressent dans un climat constructif ». Il ajoute que la priorité reste la continuité du service public et la préservation de l’année scolaire.
Au sein de l’exécutif, l’idée d’un comité de suivi mixte, associant syndicats et administration, est régulièrement évoquée. Cette formule aurait l’avantage de désamorcer la contestation tout en conservant un cap budgétaire compatible avec les objectifs de consolidation des finances publiques.
Impact attendu sur la rentrée scolaire
Le préavis concerne l’ensemble du territoire de la république du Congo, y compris les zones rurales où la présence d’un enseignant détermine souvent la tenue des cours. Les parents s’organisent déjà pour pallier d’éventuels retards sur les programmes.
Dans les établissements privés, les directeurs observent la situation avec prudence. Même si leurs personnels ne sont pas directement concernés, la désorganisation de l’examen du baccalauréat unifié ou du brevet pourrait rejaillir sur leurs propres calendriers.
Le rôle des États généraux de 2024
Les assises nationales sur l’éducation, tenues en 2024, avaient suscité un large consensus sur la nécessité d’un nouveau pacte de confiance. Plusieurs commissions, dont celle sur la formation continue, avaient recommandé une revalorisation progressive des traitements.
La FUSYNEC estime que la mise en œuvre tarde. Le ministère répond qu’un chantier aussi structurant requiert des arbitrages minutieux afin de garantir un financement pérenne. Les deux parties reconnaissent néanmoins l’utilité du cadre établi par ces États généraux.
Finances publiques et allocations familiales
Autre sujet sensible : le déblocage des allocations familiales gelées depuis plusieurs mois pour certains agents. Les syndicats pointent « des lenteurs administratives » au ministère des Finances, sans remettre en cause la volonté politique.
Du côté des régies financières, on avance des impératifs de vérification des bases de données afin d’éviter les doublons. Un audit interne aurait déjà permis d’identifier des situations irrégulières. Le versement pourrait reprendre dès la validation des contrôles, selon une source proche du dossier.
Dialogue social en question
Les enseignants rappellent qu’ils avaient déjà agité la menace d’un arrêt des cours l’an dernier, avant d’être rassurés par un calendrier d’application des mesures. « Nous ne voulons pas pénaliser les élèves, mais nous devons défendre notre métier », résume un instituteur de Makoua.
Les autorités insistent sur la cellule permanente de dialogue existante. Les rencontres tripartites se tiendraient désormais chaque trimestre, avec comptes rendus publics. Le ministère voit dans cette procédure un gage de transparence propice à réduire la tentation de la confrontation.
Scénarios possibles après le 20 octobre
Si aucun accord n’intervient, la FUSYNEC envisage une grève illimitée, affectant tous les niveaux scolaires. Les syndicats disent avoir la capacité de mobiliser dans les 12 départements grâce à leurs relais locaux.
En cas d’avancée substantielle, le collectif pourrait lever son mot d’ordre et poursuivre les discussions. Plusieurs observateurs parient sur un compromis intermédiaire : application graduelle des mesures sociales et calendrier précis pour l’harmonisation du statut.
Enseignants et parents, attentes croisées
Pour les familles, la priorité reste la scolarité de leurs enfants. « Nous espérons un dénouement rapide, car chaque jour de cours compte », confie une mère de Pointe-Noire, déjà confrontée aux défis du transport scolaire.
Les syndicats comme le gouvernement reconnaissent qu’une rentrée apaisée consoliderait l’image du système éducatif congolais. À deux semaines du jour J, l’ultimatum posé par la FUSYNEC apparaît donc comme un test de maturité pour le dialogue social national.