Une fédération en ordre de marche
Après le conseil inaugural et le congrès du 4 novembre 2025 à Brazzaville, la Fédération congolaise de handball, dirigée par Ambroisine Linda Noumazalaye, a tracé une feuille de route claire. Statuts, règlements et priorités ont été passés au crible dans une atmosphère studieuse.
Rarement une assemblée fédérale congolaise aura concentré autant de chantiers en une seule journée. Les délégués ont d’abord entériné la sortie de la Chambre de conciliation et d’arbitrage du sport, considérée comme une « instance externe » au processus de modernisation voulu par la nouvelle équipe.
Ce geste symbolique a ouvert la voie à des révisions plus techniques : durée des mandats, règles financières, contrôle interne. « Nous voulons une gouvernance lisible, proche des clubs et des athlètes », a résumé le secrétaire général interrogé par Radio Congo à la sortie des débats.
Le visa fédéral, rempart contre les tournois sauvages
Le point le plus commenté concerne l’encadrement des manifestations privées. Jusqu’ici, plusieurs associations organisaient des tournois de quartier ou des « open » commerciaux sans solliciter la fédération. Une pratique tolérée de facto, mais jugée désormais incompatible avec l’ambition de professionnaliser la discipline sur l’ensemble du territoire.
Désormais, toute entité souhaitant monter une compétition devra demander un visa fédéral préalable. L’absence de ce sésame expose l’organisateur à de lourdes amendes. Les clubs et joueurs inscrits à ces manifestations parallèles risquent eux aussi des sanctions sportives immédiates, allant de la suspension temporaire à l’exclusion.
La mesure est présentée comme un garde-fou, non comme une fermeture. « Il ne s’agit pas de brider les initiatives mais de protéger les acteurs et de défendre notre calendrier officiel », insiste un membre du bureau. Les congressistes ont validé le principe, saluant un « signal fort ».
Inscription aux compétitions africaines : nouveau passage obligé
Seconde décision d’importance : les clubs intéressés par les coupes africaines interclubs devront désormais transmettre leur dossier d’engagement au secrétariat de la FECOHAND, qui le relayera auprès de la Confédération africaine de handball. Tout envoi direct sera considéré comme irrecevable.
L’objectif affiché est double. D’abord, centraliser les inscriptions afin d’éviter les erreurs administratives coûteuses. Ensuite, garantir une cohérence sportive, en veillant à ce que les représentants du Congo-Brazzaville portent une image conforme aux standards fixés par la fédération et les autorités nationales.
Certains dirigeants de clubs s’interrogeaient encore, ces dernières saisons, sur l’utilité d’un tel filtre. La réponse est désormais institutionnalisée. « Nous voulons accompagner nos équipes jusqu’au bout, y compris dans les démarches diplomatiques et logistiques », rappelle la présidente Noumazalaye, convaincue de l’efficacité du dispositif.
Brazzaville lance sa Ligue professionnelle
Parmi les réformes phares figure la création d’une Ligue professionnelle de handball, d’abord cantonnée à Brazzaville. Le texte prévoit un statut juridique dédié, des contrats pour les joueurs et un cahier des charges précis destiné aux partenaires privés.
L’ambition est claire : retenir les meilleurs talents, stimuler la concurrence locale et offrir aux sponsors une visibilité accrue. Le projet s’inspire de modèles observés au Maghreb et en Europe, tout en tenant compte des réalités économiques congolaises, a détaillé le rapporteur de la commission financière.
Un calendrier prévisionnel fixe le coup d’envoi à la prochaine saison, sous réserve de validation ministérielle. Des discussions techniques s’ouvriront avec les clubs éligibles, notamment sur la mutualisation des salles et la diffusion en direct des rencontres.
Plan quadriennal et budget 2025-2026
Au-delà des réformes immédiates, les délégués ont approuvé un plan de développement couvrant la période 2025-2029. Celui-ci fixe des indicateurs précis : nombre d’écoles de handball, formation des arbitres, parité hommes-femmes, et objectifs de résultats pour les sélections nationales.
Ce document stratégique sera accompagné d’un budget 2025-2026 en légère progression, adossé aux subventions publiques et aux partenariats privés attendus. Le trésorier insiste sur l’optimisation des dépenses, le renforcement de l’audit interne et la transparence de chaque ligne comptable.
Des mesures d’allégement ont également été actées, notamment la levée des anciennes sanctions disciplinaires qui pesaient sur certains cadres techniques et officiels. Pour la présidente, il s’agit de « tourner la page des divisions » et de replacer la performance sportive au cœur des préoccupations collectives.
Un appel à l’unité pour relancer la discipline
Les assises du 4 novembre se sont closes par une déclaration d’unité. Dans la salle, anciens internationaux, entraîneurs, représentants des ligues départementales et officiels gouvernementaux ont salué la feuille de route. À l’unisson, ils ont appelé les différents courants à travailler « main dans la main ».
L’élection, en août, d’Ambroisine Linda Noumazalaye à la tête de la FECOHAND avait déjà sonné comme un renouveau après une campagne électorale mouvementée. Trois mois plus tard, les premières mesures concrètes offrent un cap, qu’observeront attentivement athlètes, supporteurs et partenaires économiques.
À court terme, la priorité reste la relance des championnats nationaux, suspendus plusieurs semaines pour laisser place aux travaux statutaires. La commission technique promet un calendrier resserré afin d’achever la saison dans les délais et préparer, sereinement, la participation aux prochaines compétitions continentales.
