Les Diables rouges créent la surprise à Luanda
Luanda a offert au handball africain un spectacle relevé, du 17 au 20 septembre, avec le tournoi Angola 50 ans. Au terme des trois journées, les Diables rouges seniors dames du Congo ont grimpé sur la deuxième marche du podium, déclenchant une vague de fierté nationale.
Cette performance, inattendue pour de nombreux observateurs, récompense un groupe rajeuni engagé dans un nouveau cycle. Les Congolaises n’ont cédé qu’au match d’ouverture contre l’Angola, avant de renverser le Portugal puis la Lituanie, deux sélections européennes aux expériences internationales pourtant plus nourries.
Un parcours construit match après match
Opposées aux Angolaises en lever de rideau, les Diables rouges ont longtemps tenu tête au pays hôte, soutenu par l’Arena do Kilamba. Elles se sont inclinées 25-21, laissant néanmoins flotter l’idée qu’une marge de progression rapide était possible sur la suite du tournoi.
Le 18 septembre, la sélection congolaise a signé le premier coup d’éclat en dominant le Portugal 26-25. Serrée de bout en bout, la rencontre s’est décantée dans le money-time grâce à une défense mobile et aux arrêts précieux de la gardienne Christelle Tchaba.
Trois jours plus tard, face à la Lituanie, le collectif rouge et vert n’a jamais tremblé. Prenant la mesure de l’adversaire dès les premières minutes, les joueuses ont creusé l’écart pour s’imposer 26-21, validant une deuxième place méritée derrière l’Angola, intouchable sur ses parquets.
Younes Tatby, architecte d’une méthode
Arrivé à la tête de la sélection il y a quelques mois, le technicien franco-marocain Younes Tatby a rapidement imposé des principes simples : discipline défensive, transitions rapides, confiance accordée aux jeunes. « Nous dédions cette médaille au peuple congolais », a-t-il commenté, visiblement ému.
Le sélectionneur souligne aussi l’appui institutionnel reçu. Le ministère des Sports a facilité la logistique et l’accès à des stages communs avec les clubs locaux. Cet environnement plus structuré, note Tatby, « permet à l’équipe de croire en ses ambitions continentales, notamment la prochaine Coupe d’Afrique ».
Les joueuses, visages d’une génération
Capitaine par intérim à Luanda, Maëlys Kouaya a incarné la combativité congolaise. « Nous n’avons pas eu une préparation idéale, mais l’envie a parlé », confiait-elle avant le duel contre le Portugal. Son leadership vocal a galvanisé un vestiaire où se mêlent anciennes et recrues prometteuses.
Dans les cages, Tchaba a multiplié les parades décisives, tandis qu’en attaque, Grâce Adoha et Stella Ngoulou ont pesé sur les défenses adverses par leurs prises d’intervalle. L’intégration réussie des expatriées évoluant en France a apporté de la hauteur tactique au dispositif.
Les statistiques reflètent cet équilibre. Sur l’ensemble du tournoi, le Congo a inscrit 73 buts et en a concédé 71, soit un différentiel positif inédit depuis cinq ans. Ce chiffre nourrit l’espoir d’une progression durable et conforte le choix fédéral d’accélérer la transition générationnelle.
Cap sur la Coupe d’Afrique des nations
La prochaine CAN féminine, prévue en novembre, servira de révélateur. Le staff technique veut capitaliser sur l’alchimie vue à Luanda en organisant un stage de dix jours à Brazzaville, suivi de matches amicaux contre le Cameroun et le Gabon, deux adversaires régionaux au profil contrasté.
Les Congolaises viseront une place dans le dernier carré continental, performance qui leur garantirait un billet pour le Mondial 2025. Certaines cadres plaident déjà pour un championnat domestique plus dense, jugeant indispensable le rythme de compétition hebdomadaire pour rivaliser avec les meilleures nations africaines.
Une dynamique bénéfique pour le sport congolais
Au-delà du résultat, la réussite des Diables rouges conforte la politique nationale de valorisation du sport féminin. Depuis deux ans, les dotations publiques accordées aux fédérations incluent un bonus spécifique pour les programmes destinés aux équipes dames, mesure saluée par les associations de promotion des genres.
Pour le président de la Fédération congolaise de handball, Aristide Ossébi, « ce podium est le fruit d’un travail collectif associant l’État, les clubs et la diaspora ». Il espère que cet élan encouragera davantage d’entreprises à parrainer les compétitions nationales, créant un cercle vertueux de financement.
À Brazzaville, des supporters ont accueilli les joueuses à l’aéroport Maya-Maya, drapeaux au vent et vuvuzelas en main. Les réseaux sociaux ont relayé ces images, suscitant un engouement comparable à celui du basketball masculin l’an dernier. Le handball féminin gagne ainsi en visibilité médiatique et populaire.
Reste désormais à transformer l’essai. Un calendrier de détection dans les établissements scolaires est annoncé pour octobre, afin d’élargir la base de pratiquantes. Si la promesse est tenue, le succès de Luanda pourrait marquer un tournant durable dans l’histoire du handball congolais.
Les autorités sportives rappellent que l’édification prochaine du Centre d’excellence de Kintélé offrira des infrastructures conformes aux standards internationaux. Les Diables rouges pourront y préparer sereinement les grandes échéances, tandis que les entraîneurs nationaux bénéficieront de formations continues dispensées par la Confédération africaine de handball.
D’ici là, le public congolais attend impatiemment la publication du calendrier officiel de la saison, prêt à remplir les gradins pour soutenir ses héroïnes.