Une dynamique politique féminine renouvelée
À Impfondo, chef-lieu verdoyant de la Likouala, les congressistes de l’Organisation des femmes du Congo ont désigné une nouvelle équipe dirigeante, marquant la première transition interne depuis cinq ans, selon le secrétariat fédéral officiel.
La séance, présidée par Mme Inès Nefer Ingani Voumbo Yalo, a vu l’élection de Mme Moungbende Ballay, née Kemenguet Emma Marie Claire, à la tête du conseil fédéral, après un vote à bulletin secret salué pour sa transparence.
Celle qui devient la première présidente issue de la génération post-conflit a promis, dès sa proclamation, d’« ouvrir des canaux de dialogue permanents entre villages et instances départementales » afin de porter les revendications féminines au plus près des décideurs.
Les enjeux de l’autonomisation féminine à Impfondo
Les discussions ont rapidement dépassé le seul registre organisationnel pour aborder la question sensible de l’autonomisation économique, dans un département où l’agriculture de subsistance et la pêche constituent encore la principale source de revenus pour plus de 70 % des ménages.
Sociologues et responsables locaux s’accordent à dire que la féminisation de la gouvernance pourrait accélérer l’accès aux microcrédits, souvent entravé par l’absence de garanties formelles, en plaidant pour l’implication des mutuelles solidaires déjà créées autour des marchés d’Impfondo.
« Le potentiel productif féminin est sous-exploité alors qu’il représente une voie crédible de diversification », souligne le professeur de sociologie rurale Michel Bambe, qui estime que l’Ofc peut devenir un « levier de transformation silencieuse » s’il parvient à fédérer toutes les coopératives.
Les nouvelles dirigeantes entendent aussi renforcer les compétences juridiques des femmes, notamment sur les questions de foncier, afin d’accroître leur sécurité patrimoniale et d’attirer des investissements domestiques, explique la secrétaire à la formation, Mme Nziengui.
L’impact attendu sur le développement local
À l’échelle départementale, la Likouala reste confrontée à de vastes défis d’infrastructures, depuis les pistes rurales jusqu’à l’accès à l’électricité, encore inférieur à la moyenne nationale; les leaders féminines veulent participer au suivi citoyen des chantiers en cours.
L’association projette, selon sa feuille de route, d’établir un baromètre trimestriel sur la livraison des services sociaux de base, avec le concours de la préfecture et des partenaires techniques, afin de documenter les progrès et d’identifier rapidement les goulots d’étranglement.
L’initiative reçoit un accueil favorable des autorités municipales, qui y voient un outil complémentaire pour mieux articuler les priorités locales et le Plan national de développement, actuellement dans sa phase de révision mi-parcours.
Conjuguer cohésion sociale et agenda national
Les travaux de l’Ofc se sont déroulés dans une atmosphère décrite comme « constructive et inclusive » par le sous-préfet d’Impfondo, témoin des échanges entre femmes bantoues et communautés autochtones, longtemps marginalisées dans les mécanismes décisionnels.
Pour Mme Ingani Voumbo Yalo, l’unité constitue la pierre angulaire du programme: « Nos différences culturelles sont une richesse, pas un obstacle », a-t-elle insisté, invitant chaque délégation à valoriser les langues locales lors des campagnes de sensibilisation.
Cette stratégie de cohésion sociale s’aligne sur le discours national prônant la paix et la concorde, régulièrement réaffirmé par le chef de l’État, dont les interventions rappellent que la stabilité reste le socle du développement durable.
À travers leurs motions, les congressistes ont exprimé leur soutien au président Denis Sassou Nguesso, considérant sa candidature future comme une garantie de continuité pour mener à bien les chantiers d’inclusion et d’industrialisation inscrits dans la vision Horizon 2025.
Perspectives vers la présidentielle de 2026
Si la prochaine élection présidentielle paraît encore lointaine, les observateurs soulignent déjà le rôle croissant des organisations féminines dans la structuration du débat, notamment sur les enjeux de gouvernance locale, d’emploi et d’environnement.
Pour la politologue Clarisse Mboungou, « l’initiative d’Impfondo montre que la base sociale revendique une participation plus active à la vie civique, dans le respect des orientations nationales », signe, selon elle, d’une maturation démocratique progressive.
En toile de fond, la montée en puissance des réseaux sociaux amplifie la visibilité des actions menées sur le terrain; le compte officiel de l’Ofc Likouala a gagné près de deux mille abonnés durant le week-end du congrès.
Après la clôture, un calendrier d’ateliers itinérants a été annoncé: santé maternelle en septembre, entrepreneuriat agricole en novembre et finances numériques avant la fin de l’année, autant de rendez-vous destinés à transformer les résolutions en réalisations tangibles.
Le succès de ce programme servira de test grandeur nature pour la nouvelle équipe, mais aussi pour l’ensemble des acteurs institutionnels qui entendent faire de la Likouala un laboratoire de la participation féminine au développement national.
Dans les villages périphériques comme Bouaná ou Enyellé, les représentants des comités de base envisagent de relayer les conclusions du congrès à travers de petites radios communautaires, afin de toucher les populations riveraines et consolider la dynamique inclusive.
À moyen terme, l’Ofc veut s’appuyer sur ses sections universitaires pour produire des notes de position sur la place des femmes dans l’économie forestière, secteur stratégique pour la Likouala, afin d’alimenter le futur débat présidentiel sur la transition écologique.