Kintélé au cœur de la stratégie pétrolière
À Kintélé, en périphérie de Brazzaville, la quatrième Conférence et exposition sur le Contenu local en Afrique a réuni, du 4 au 7 novembre 2025, l’écosystème pétrolier du continent. Co-organisée par le ministère congolais des Hydrocarbures et l’APPO, la rencontre entendait renforcer la participation africaine.
Le thème, résolument pragmatique, s’intitulait « Améliorer le cadre des biens et services de qualité, levier stratégique pour maximiser la participation africaine dans l’industrie pétrolière et gazière ». Les débats ont examiné comment transformer les ressources locales en moteurs de valeur ajoutée continentale.
Présidant la cérémonie d’ouverture puis de clôture, le ministre Bruno Jean Richard Itoua a souligné que la République du Congo aspire à « positionner l’expertise africaine au centre des investissements », tandis que ses homologues, dont Jacqueline Lydia Mikolo, ont insisté sur l’urgence d’un cadre cohérent.
Un bilan chiffré révélateur
Derrière les discours, les chiffres donnent la mesure de l’intérêt suscité : dix-neuf pays représentés, quarante-cinq stands, mille deux cent soixante-seize participants, quatre-vingt-quatre conférenciers et vingt-cinq sponsors. Chaque jour, environ trois cent cinquante visiteurs arpentaient les allées du complexe de Kintélé.
Ces indicateurs traduisent une volonté partagée de mutualiser connaissances et capacités industrielles. Pour de nombreux délégués, la densité des échanges bilatéraux dépasse désormais la simple signature de protocoles pour s’orienter vers des projets concrets, appuyés par les acteurs publics et privés présents au sommet.
Les panels ont abordé les succès et les défis rencontrés par les fournisseurs locaux lorsqu’ils ambitionnent de répondre aux standards internationaux. Les questions d’ingénierie, de certification et de financement ont fait l’objet d’exposés techniques, souvent illustrés par des études de cas issues de la sous-région.
La Déclaration de Brazzaville
Au terme des débats, les ministres membres de l’APPO ont paraphé la « Déclaration de Brazzaville ». Le texte fixe un cap : développer des mécanismes de contenu local, renforcer les politiques nationales, harmoniser les réglementations et promouvoir l’innovation adaptée aux besoins spécifiques de l’industrie.
Les signataires entendent également faciliter l’accès au capital, à la technologie et à l’expertise pour les entreprises basées sur le continent. Une attention particulière est portée à la transparence, à la responsabilité sociétale et environnementale, gages de confiance auprès des populations et des bailleurs.
Pour Bruno Jean Richard Itoua, les outils pratiques dégagés « positionnent désormais l’Afrique en bâtisseuse de solutions ». Plusieurs participants ont salué cette approche, estimant qu’elle consolide l’autonomie économique sans fermer la porte aux partenariats internationaux nécessaires à la montée en gamme.
Perspectives industrielles et souveraineté
À l’échelle des opérateurs, la nouvelle feuille de route se traduit par la création de collaborations durables entre fournisseurs publics et privés. Les entreprises locales, souvent PME, sont encouragées à intégrer les chaînes d’approvisionnement afin de capter une part plus significative des retombées économiques.
Les administrations, quant à elles, s’engagent à publier des cahiers de charges explicitant les exigences de contenu local, du pourcentage minimal de main-d’œuvre nationale à la priorisation des biens fabriqués sur place. Cette clarté réglementaire doit réduire les incertitudes et stimuler l’investissement productif.
Des voix venues d’Afrique de l’Ouest ont rappelé que le contenu local ne saurait se limiter à la construction ou à la logistique. Selon un conférencier ivoirien, la R&D, la maintenance de haut niveau et la transformation pétrochimique représentent autant de segments où la valeur peut être captée.
Nouvelle gouvernance de l’APPO
Le Conseil des ministres de l’APPO, réuni en marge de la conférence, a confié le secrétariat général 2026-2028 à un ressortissant algérien. La présidence de l’organisation sera assurée en 2026 par la Côte d’Ivoire, tandis que la vice-présidence reviendra à la République démocratique du Congo.
Ce renouvellement institutionnel illustre la volonté de refléter l’équilibre régional et de favoriser la circulation des savoir-faire au sein de l’association. Les délégations ont salué une configuration propice à la continuité des projets lancés sous la précédente équipe dirigeante.
Pour la République du Congo, hôte de cette édition, l’événement consacre son rôle de catalyseur des initiatives énergétiques africaines. La tenue de la CECLA à Kintélé conforte, selon des observateurs, la vocation du pays à promouvoir une industrie inclusive et performante, au service du développement national et continental.
Les recommandations devront maintenant franchir l’étape décisive de l’exécution. Un comité conjoint, annoncé lors de la clôture, suivra les progrès et établira un rapport annuel. Les participants se sont quittés sur ce mot d’ordre : faire du contenu local un véritable passeport pour la souveraineté économique africaine.
