Données épidémiologiques actualisées
Le cinquième rapport de situation diffusé conjointement par le ministère de la Santé et le bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé dresse un bilan chiffré au 6 août 2025 : 486 cas suspects dont 128 confirmés par culture, pour 14 décès notifiés. L’incidence hebdomadaire affiche un ralentissement de 17 % par rapport à la période précédente, un indicateur que les épidémiologistes considèrent comme un premier signal de stabilisation. Les districts riverains du fleuve Congo, notamment Makoua et Mossaka, concentrent plus de la moitié des signalements, tandis que Brazzaville ne rapporte que des cas importés, rapidement isolés dans les structures de prise en charge.
Mécanismes institutionnels de riposte
Dès la confirmation des premiers prélèvements positifs, le gouvernement a réactivé le Centre opérationnel d’urgence de santé publique, dispositif mis en place lors de la pandémie de COVID-19 et désormais rodé aux impératifs de vigilance. Les autorités ont déployé des équipes mobiles composées de cliniciens, d’épidémiologistes et de logisticiens, épaulées par des volontaires de la Croix-Rouge. Selon la ministre de la Santé, Madame Ligia Ikounga, « le maillage territorial des unités de traitement et la disponibilité en sels de réhydratation orale atteignent un seuil satisfaisant, garantissant une prise en charge gratuite à plus de 90 % des patients ». Parallèlement, un plan de chloration des points d’eau sensibles a été financé sur budget national, avec un appui technique de l’UNICEF.
Dynamique communautaire et résilience sociale
Au-delà des infrastructures biomédicales, la réponse repose sur une stratégie de communication de proximité. Des relais communautaires, souvent des leaders religieux ou des enseignants, diffusent des messages en langues locales pour contrer la désinformation et promouvoir le lavage des mains. Dans plusieurs villages marécageux de la Cuvette, des mères de famille ont mis en place des « comités de veille » qui alertent les autorités dès l’apparition de symptômes gastro-entériques. L’approche participative, déjà éprouvée lors des flambées de rougeole en 2019, renforce la cohésion sociale et réduit le délai de notification à moins de vingt-quatre heures, un gain essentiel pour interrompre la chaîne de transmission.
Enjeux sociopolitiques et diplomatiques
La diffusion maîtrisée des informations autour de l’épidémie participe à la stabilité politique du pays. Les partenaires internationaux saluent la transparence des autorités congolaises, facteur clé pour préserver la confiance des populations et des investisseurs. « La coordination avec les autorités congolaises demeure exemplaire », souligne le Dr Abdou Salam Gueye, directeur des opérations d’urgence de l’OMS pour l’Afrique. Cette dynamique collaborative s’inscrit dans la doctrine congolaise de diplomatie sanitaire, qui privilégie les synergies régionales pour éviter toute stigmatisation aux frontières et maintenir la fluidité des échanges commerciaux sur le corridor Pointe-Noire-Brazzaville-Bangui.
Perspectives de santé publique et développement
Si le pic épidémique semble franchi, les experts insistent sur la nécessité d’une consolidation à long terme des systèmes d’eau et d’assainissement. Le gouvernement a déjà inscrit au Plan national de développement 2022-2026 un ambitieux programme d’adduction d’eau potable, doté de 120 milliards de francs CFA, dont 40 % mobilisés auprès de la Banque africaine de développement. Les autorités entendent capitaliser sur l’élan actuel pour accélérer la réforme du code de la santé publique et renforcer la surveillance intégrée des maladies diarrhéiques. Les modélisations de l’Institut national de recherche en santé publique laissent espérer une baisse durable de l’incidence à moins de 0,5 cas pour 10 000 habitants d’ici trois ans, sous réserve du maintien de l’investissement. Cette perspective, conjuguée à une démographie stable et à la montée en gamme des infrastructures sanitaires, place le Congo-Brazzaville dans une trajectoire optimiste de résilience face aux risques hydriques et climatiques.