Kintélé, carrefour énergétique africain
Vendredi 31 octobre, le Centre international de conférences de Kintélé a accueilli la 25ᵉ session des réunions statutaires du Conseil exécutif et la 48ᵉ du Conseil des ministres de l’Organisation des producteurs de pétrole africains.
Au cœur des débats, la transition énergétique, la coopération Sud-Sud et la valorisation du contenu local attirent ministres, experts et délégués venus des États membres, déterminés à consolider la voix africaine dans les négociations mondiales.
La tenue de ces assises à Kintélé illustre l’ambition diplomatique du Congo-Brazzaville, hôte régulier des grands rendez-vous pétroliers continentaux, et confirme sa volonté de participer à une intégration énergétique fondée sur la solidarité et l’innovation.
Une APPO consolidée par les réformes
En ouvrant la session, le ministre congolais des Hydrocarbures, Bruno Jean-Richard Itoua, a salué l’« esprit d’unité et de professionnalisme » qui anime l’APPO depuis l’adoption des réformes de 2018.
Il a rappelé que la gouvernance institutionnelle modernisée renforce la crédibilité de l’organisation, désormais perçue comme un interlocuteur fiable par les partenaires financiers et techniques.
Le secrétaire général, Dr Omar Farouk Ibrahim, a quant à lui dressé un bilan des trois dernières années, soulignant la résilience de l’APPO face à la pandémie de Covid-19 et la montée en puissance des dossiers stratégiques continentaux.
Il a insisté sur le rôle des missions de sensibilisation menées auprès des investisseurs, qui ont permis de repositionner l’APPO comme acteur incontournable, capable de défendre les intérêts du continent sans tourner le dos aux exigences climatiques.
Lancement attendu de la Banque africaine de l’énergie
Sur les bancs de l’auditorium, toutes les délégations ont accueilli avec satisfaction l’annonce d’un capital déjà mobilisé à 70 % pour la future Banque africaine de l’énergie, soit 350 millions de dollars sur les 500 prévus.
Le ministre Itoua a confirmé que le bâtiment devant abriter le siège est achevé à plus de 90 %, ouvrant la voie à un démarrage opérationnel avant la fin de l’année, si le calendrier demeure inchangé.
Conçue comme un outil de financement dédié aux projets énergétiques africains, la Banque vise à réduire la dépendance aux capitaux extérieurs et à renforcer la souveraineté économique des États membres.
Transition et souveraineté, priorités partagées
Les échanges ministériels ont mis en relief la nécessité d’une transition graduelle, respectueuse des réalités nationales, capable de concilier exploitation des hydrocarbures et développement des énergies renouvelables.
Plusieurs délégations ont défendu l’idée d’un contenu local ambitieux, afin que la valeur ajoutée générée par le secteur profite davantage aux travailleurs, aux PME et aux communautés hôtes.
Le président du Conseil exécutif, Kouamé Bienvenu Essé, a exhorté les participants à placer « l’intérêt collectif au-dessus des considérations nationales », jugeant impératif de parler d’une voix unie dans les forums internationaux.
Des sessions techniques ont détaillé des stratégies pour accroître les parts de marché des fournisseurs africains dans la chaîne de valeur, évoquant la certification des compétences et l’harmonisation des normes de sécurité.
Plusieurs intervenants ont rappelé que les recettes pétrolières demeurent cruciales pour financer l’éducation, la santé et les infrastructures, d’où l’importance de garantir une exploitation efficiente et responsable.
Le rôle moteur du Congo-Brazzaville
En accueillant ces réunions, le Congo-Brazzaville consolide sa position de leader diplomatique dans l’industrie pétrolière africaine tout en démontrant sa capacité organisationnelle.
Les délégations ont souligné les conditions logistiques exemplaires mises en place grâce à l’engagement des autorités congolaises et au soutien personnel du président Denis Sassou Nguesso.
« Le Congo montre la voie d’une gouvernance tournée vers les solutions africaines », a confié un expert nigérian en marge des travaux, estimant que l’initiative de la Banque africaine de l’énergie pourrait devenir un catalyseur régional.
La capitale politique, Brazzaville, s’affirme ainsi comme plateforme de dialogue où se dessine une stratégie énergétique continentale portée par la coopération et la souveraineté.
Perspectives pour les marchés pétroliers
Si les cours du Brent restent volatils, les ministres se disent confiants quant à la capacité du continent à tirer parti de sa production pour attirer de nouveaux investisseurs et diversifier ses économies.
Le Conseil a recommandé une surveillance accrue des marchés afin d’anticiper les fluctuations de la demande et d’ajuster la production en conséquence, évitant les chocs susceptibles de fragiliser les budgets nationaux.
Dans cette optique, la Banque africaine de l’énergie devrait, selon ses promoteurs, offrir des facilités de crédit contracycliques permettant d’amortir les phases creuses des marchés et de maintenir les investissements essentiels.
Un calendrier chargé jusqu’en 2025
Avant de clore les travaux, les ministres ont adopté un agenda prévisionnel comprenant des séminaires sur la capture du carbone, des ateliers sur la finance verte et une réunion intermédiaire consacrée au partage d’expérience sur la taxation progressive des hydrocarbures.
Ces rendez-vous, programmés d’ici 2025, doivent consolider le socle technique et réglementaire indispensable à une transition énergétique ordonnée tout en préservant la compétitivité du secteur pétrolier.
