Un parlementaire engagé s’éteint à Paris
Le député de la circonscription unique d’Abala, Joseph Mbossa, est décédé le 28 septembre à Paris, à l’âge de soixante-cinq ans, selon ses proches. La nouvelle a surpris la classe politique congolaise, qui salue un esprit rationnel et discret, toujours centré sur le résultat collectif.
Hospitalisé depuis plusieurs jours pour des complications cardiaques, le parlementaire n’avait pas souhaité que son état de santé prenne le devant de l’actualité. Les médecins de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière ont finalement confirmé son décès tard dans la soirée, d’après des sources familiales.
À Brazzaville, le drapeau a été aussitôt mis en berne devant le Palais des congrès, siège de l’Assemblée nationale. Plusieurs députés, toutes tendances confondues, ont observé un moment de recueillement, signe d’unanimité autour de cette figure qui transcendait les clivages partisans.
Le président de l’Assemblée, Isidore Mvouba, a salué dans un communiqué nocturne « la rigueur méthodique » de Joseph Mbossa, rappelant que sa commission planification était « l’un des moteurs de la modernisation voulue par le chef de l’État ». Des louanges également reprises par la majorité présidentielle.
Un parcours au service de la nation
Né à Abala, dans le département de la Nkeni-Alima, Mbossa avait suivi une double formation d’ingénieur hydraulicien et d’administrateur public. Diplômé d’un doctorat en planification et gestion des ressources hydroélectriques, il rejoignit très tôt les ministères techniques, où il développa une réputation d’expert calme.
Coordonnateur du Projet de désarmement, démobilisation et réinsertion à partir de 2001, il orchestra la démobilisation de milliers d’ex-combattants, contribuant à la stabilité retrouvée dans le Pool. Des observateurs étrangers soulignèrent alors son sens de la médiation et sa capacité à respecter des calendriers rigoureux.
En 2013, il prend la coordination du Projet d’appui à la diversification de l’économie, initiative soutenue par plusieurs bailleurs internationaux. Sous sa houlette, des filières agricoles pilotes voient le jour et les premières zones agro-industrielles sont cartographiées, posant les bases d’un tissu productif hors pétrole.
À l’Assemblée nationale, où il a été élu en juillet 2017, il s’est rapidement imposé comme un relais entre les administrations sectorielles et les élus, plaidant pour des rapports budgétaires lisibles et une traçabilité renforcée des projets locaux, comme en atteste son dernier rapport sur les pistes rurales.
Poids lourd du PCT devant le 6e congrès
Secrétaire permanent du Parti congolais du travail chargé des affaires électorales, de l’administration du territoire et de l’urbanisme, Mbossa préparait activement le 6e congrès ordinaire prévu en décembre. Il en était le rapporteur général du comité préparatoire, synthétisant des centaines de contributions issues des fédérations.
Selon un cadre du parti, l’élu d’Abala défendait une ligne « d’efficience territoriale », visant à renforcer les compétences des collectivités locales et à accélérer la numérisation du cadastre. Ses notes de travail, aujourd’hui précieuses, devaient servir de base aux résolutions stratégiques du congrès.
Son expertise technique lui permettait d’articuler les priorités du Plan national de développement 2022-2026 avec les impératifs de diversification. « Il rappelait constamment que la densification du réseau électrique est le socle de la transformation industrielle », se souvient un économiste membre du comité scientifique.
Le parti devra désormais désigner un successeur capable d’assurer la continuité de ces travaux complexes, menés sous un calendrier exigeant. L’enjeu est d’autant plus considérable que le PCT ambitionne de présenter, devant la base militante, un plan d’action précis pour les cinq prochaines années.
Des locaux au développement national
Dans sa circonscription d’Abala, les habitants se souviennent d’un député attentif aux besoins concrets. Il avait obtenu l’extension de la mini-centrale solaire de Ntokou, permettant un meilleur éclairage des classes de primaire, et défendu la création d’un marché couvert favorisant l’écoulement des produits vivriers.
Au niveau national, son passage à la tête des programmes d’infrastructures locales fut marqué par l’introduction d’indicateurs de performance, désormais intégrés aux contrats-plans. Cette approche, inspirée des bonnes pratiques internationales, a facilité la mobilisation de partenaires techniques désireux d’accompagner la stratégie de développement harmonieux.
Son prisme d’hydraulicien l’avait également conduit à plaider pour la valorisation de la retenue de Sounda, soulignant que le potentiel hydroélectrique du nord du Congo-Brazzaville restait sous-exploité. Il avait déposé une proposition de loi visant à encourager les partenariats public-privé dans les micro-barrages.
Hommages et responsabilités à venir
Le gouvernement a annoncé qu’un hommage officiel serait organisé à Brazzaville après le rapatriement de la dépouille. Dans l’attente, un livre de condoléances est ouvert au siège du PCT et une veillée de prière est prévue à Paris, en présence de membres de la diaspora.
Au-delà de l’émotion, les observateurs s’accordent à dire que la meilleure reconnaissance envers l’ancien député consistera à poursuivre ses chantiers. Ses collègues de la commission aménagement envisagent déjà de reprendre ses projets de cartographie hydroélectrique, afin d’honorer « un serviteur de l’État parti trop tôt ».