Un dialogue parlementaire renforcé
Brazzaville a servi, le 11 novembre, de décor à une rencontre à la tonalité résolument continentale. Le président du Sénat du Congo-Brazzaville, Pierre Ngolo, y a reçu l’ambassadeur d’Afrique du Sud, Uppigton Mziwamadoda Kaloko, pour discuter d’un rapprochement parlementaire.
L’entretien, chaleureux et protocolaire, s’est articulé autour d’un objectif commun : créer des passerelles solides entre les deux chambres législatives, jugées stratégiques pour nourrir la démocratie et accompagner les stratégies de développement nationales.
D’après les informations communiquées à la presse, les deux hauts responsables ont convenu d’organiser, à court terme, une série de missions d’étude réciproques. Objectif : comparer procédures, formation des cadres et gestion des commissions permanentes, afin de stimuler l’efficacité.
Valoriser l’échange d’expériences
Interrogé à l’issue de l’audience, le diplomate sud-africain a souligné « le besoin de renforcer nos capacités institutionnelles ». Pour lui, les outils parlementaires, du contrôle à la production législative, gagnent à être partagés, car chaque pays détient une expertise spécifique.
Pierre Ngolo a acquiescé, rappelant que la diplomatie parlementaire complète la politique étrangère menée par l’exécutif, et permet d’impliquer les élus dans les grands chantiers panafricains.
Selon plusieurs conseillers, des ateliers conjoints sur la budgétisation sensible au genre, la digitalisation des archives ou le rôle des groupes d’amitié pourraient voir le jour dès la prochaine session.
Diplomatie et économie main dans la main
Au-delà des pratiques législatives, la conversation a rapidement glissé vers l’économie, champ présenté comme indissociable d’une prospérité partagée.
« Nous devrions limiter les importations et transformer nos matières premières chez nous », a martelé le représentant de Pretoria, estimant que cette volonté correspond aux priorités affichées par Brazzaville en matière de valorisation locale.
Les deux interlocuteurs se sont entendus pour rappeler que le continent dispose d’un potentiel considérable et qu’une diversification industrielle reste la clef d’une croissance endogène profitable aux populations.
Le président du Sénat a souligné, selon son entourage, que le Parlement congolais soutient déjà nombre de réformes visant à améliorer le climat des affaires et à encourager l’entrepreneuriat, gages d’une insertion plus forte dans les chaînes de valeur régionales.
Un nouvel ambassadeur à Brazzaville
L’audience se tenait quelques jours avant la prise officielle de fonctions d’Uppigton Mziwamadoda Kaloko en République du Congo.
Le diplomate, rompu aux arcanes de la coopération africaine, a déclaré vouloir entamer sa mission par un tour d’horizon institutionnel, afin de nourrir une feuille de route réaliste et utile.
À Brazzaville, cette disponibilité est perçue comme un atout : elle ouvre la voie à un dialogue régulier, tant sur les stratégies parlementaires que sur les grands projets économiques dont les deux pays souhaiteraient être moteurs auprès de la communauté africaine.
Des sources sénatoriales indiquent qu’une invitation formelle pourrait être adressée au Conseil national des provinces sud-africain pour assister à une prochaine séance plénière, signe tangible de la densification des rapports bilatéraux.
Vers une convergence africaine
Au-delà de l’agenda national de chaque capitale, le rapprochement vise à contribuer, par la voix des députés et sénateurs, à la construction d’institutions africaines plus fortes, capables de porter des positions communes sur la scène internationale.
Les observateurs notent qu’un tel alignement parlementaire peut faciliter l’adoption de textes harmonisés, qu’il s’agisse de la libre circulation des personnes, de la protection de l’environnement ou de la promotion d’industries émergentes.
« Si nous voulons voir l’Afrique compter dans la hiérarchie mondiale, nos parlements doivent parler à l’unisson », a résumé un cadre parlementaire congolais, saluant la démarche du diplomate sud-africain comme un pas significatif vers cet objectif.
Des outils concrets pour demain
Comme souvent à Brazzaville, le Sénat a conclu la rencontre par des mots de bienvenue respectueux, réaffirmant son attachement au partenariat Sud-Sud et à la solidarité entre États, principes qui guident la politique extérieure de la République du Congo.
Les services protocolaires ont mentionné qu’une première réunion de coordination, sous format vidéo, rassemblera d’ici peu secrétaires généraux, directeurs de la législation et experts en technologies de l’information, illustrant la volonté de conjuguer modernité et pragmatisme.
Un projet de protocole d’accord, déjà rédigé à 80 %, couvre la recherche parlementaire, l’apprentissage des langues officielles respectives et l’évaluation des politiques publiques.
Selon un conseiller parlementaire, l’Afrique du Sud dispose de centres d’études législatives intégrés aux universités, capables de produire des notes prospectives que le Congo pourrait adapter à ses réalités.
De son côté, Brazzaville souhaite partager son expérience en matière de médiation parlementaire dans les collectivités locales, un mécanisme jugé exemplaire pour rapprocher les institutions nationales et les citoyens.
Ainsi se dessine, sous l’égide de Pierre Ngolo et d’Uppigton Mziwamadoda Kaloko, un partenariat évolutif qui associe expertise, vision stratégique et engagement africain, avec l’ambition partagée de transformer le dialogue en actions concrètes et mesurables.
Toutes les parties se donnent rendez-vous dans six mois pour dresser un premier bilan, preuve que la démarche s’inscrit dans la durée et non dans une simple succession d’annonces.
