Calendrier électoral sous examen
L’annonce des premières dates de la prochaine présidentielle — 17 mars pour la force publique, 22 mars pour les civils — a replacé la discussion électorale au centre de la scène politique congolaise. Trois figures de l’opposition jugent la procédure trop unilatérale et l’ont fait savoir publiquement.
Réunis à Brazzaville le 20 septembre, Mathias Dzon de l’Alliance pour la République et la démocratie, Clément Mierassa du Rassemblement des forces du changement et Jean-Pierre Agnangoye du PAPE ont présenté une lecture sévère du dispositif actuellement en place.
Une lettre ouverte adressée au chef de l’État
Les trois responsables ont signé une missive qu’ils ont rendue publique le jour même. Ce texte, destiné au président Denis Sassou Nguesso, demande l’annulation « de tout ce qui a été fait » depuis le lancement du processus préparatoire et réclame la convocation d’un « vrai dialogue politique national inclusif ».
Ils estiment que la simple publication des dates de vote ouvre la voie à une proclamation anticipée de la victoire par le candidat sortant. Pour eux, le scénario évoque un « passage en force » rappelant, affirment-ils, les scrutins de 2016 et 2021.
Transparence et crédibilité au cœur des griefs
Le mot d’ordre de la conférence de presse a porté sur la crédibilité. Les intervenants déplorent un « désordre électoral » qu’ils jugent entretenu depuis la réforme du système de 2002. Ils invoquent l’absence, selon eux, de conditions permissives pour un vote « libre, transparent, honnête et crédible ».
Mathias Dzon a qualifié la situation nationale de « bourbier total », estimant que l’avenir de la jeunesse est engagé et que « les résultats sont connus d’avance ». Ses propos résument la méfiance persistante d’une partie de l’opposition vis-à-vis du cadre institutionnel actuel.
Refus de candidature et menace de mobilisation
Clément Mierassa a insisté sur l’idée que le chef de l’État ne devrait pas, à leurs yeux, briguer un nouveau mandat. « Il a commencé la campagne avant. Il doit être disqualifié », a-t-il lancé, estimant inéligible la candidature du président sortant.
Dans leur déclaration commune, les opposants n’excluent pas de « mettre la population dans la rue » si leurs demandes ne sont pas satisfaites. Ils lient cette éventuelle mobilisation à la mise en place préalable de garanties électorales consensuelles.
Question du fichier électoral et des partis
L’intégrité des listes électorales constitue un autre point de friction. « On ne connaît pas le corps électoral », a souligné Clément Mierassa, qui dénonce une révision engagée sans base clairement définie.
Le président du RFC a par ailleurs accusé plusieurs formations politiques, dont le Parti congolais du travail et l’Union panafricaine pour la démocratie sociale, d’évoluer dans « l’illégalité ». Il demande au ministère de l’Intérieur d’appliquer les dispositions légales de suspension ou de fermeture des sièges concernés.
Appel à un dialogue inclusif
Au-delà des critiques, les signataires plaident pour une refonte consensuelle et profonde du système électoral. Ils envisagent une table ronde réunissant pouvoir, opposition et société civile afin de dégager des règles partagées avant 2026.
La démarche, précisent-ils, devrait se tenir « dans l’immédiat » et prendre en compte l’ensemble des réformes nécessaires, y compris celles relatives à la gouvernance de la Commission électorale et à la sécurisation du vote.
Réactions et climat politique
Au moment de la conférence de presse, aucune réaction officielle n’avait encore été rendue publique. Les observateurs notent toutefois que les discussions autour du calendrier électoral alimentent un débat plus large sur l’organisation institutionnelle et la participation citoyenne.
Le ton ferme de l’opposition contraste avec la volonté affichée par les institutions de respecter les échéances constitutionnelles. Le défi consiste désormais à concilier ces deux lignes dans un cadre pacifique.
Jeunesse et avenir démocratique
Les intervenants ont également souligné l’enjeu générationnel. « L’avenir de nos enfants est hypothéqué », a insisté Mathias Dzon, pointant les conséquences à long terme d’une éventuelle crise de légitimité.
Pour de nombreux jeunes électeurs, la présidentielle de 2026 représente une première expérience civique majeure. Les débats sur la transparence et l’inclusivité pourraient ainsi influencer leur perception des institutions.
Responsabilité collective et stabilité
Malgré la menace de mobilisation, les signataires disent « appeler le pouvoir à revenir à la raison ». Le choix des mots trahit à la fois la fermeté de leur position et la reconnaissance implicite que la stabilité nationale demeure un impératif commun.
La recherche d’un compromis équilibré, admettent certains analystes, demeure possible si les parties s’accordent sur un mécanisme de réforme électorale respectueux de l’ordre constitutionnel.
Prochaine étape vers 2026
À moins de trois ans de l’échéance, l’opinion suit avec attention la succession d’annonces et de contre-annonces. Le chemin vers le scrutin sera scruté dans ses moindres détails, depuis la composition des listes jusqu’à la proclamation des résultats.
En attendant, l’appel des opposants installe une nouvelle séquence politique où se mêlent revendication de transparence, exigence de dialogue et rappel de la primauté des institutions.