Vers 2026
À seize mois de la présidentielle prévue en mars 2026, le Parti pour l’action de la République (P.a.r) ouvre officiellement l’enregistrement des candidatures à sa primaire interne. L’initiative illustre la volonté de cette formation d’opposition de consolider ses procédures démocratiques.
Le pari d’une primaire inédite
Adopté lors du congrès extraordinaire de juin 2025, le principe d’une consultation interne marque une première dans l’histoire du P.a.r. Le parti du président Anguios Nganguia Engambé espère ainsi départager sereinement ses prétendants et éviter les dissensions constatées autrefois dans certaines coalitions d’opposition.
Le scrutin primaire se tiendra le 25 novembre 2025. D’ici là, un comité électoral interne s’emploie à finaliser le règlement en s’inspirant de pratiques internationales. « La transparence renforce la légitimité », explique la secrétaire générale Jessica Prismelle Ognangué, qui supervise l’ensemble du processus.
Un calendrier minuté
Les aspirants disposent jusqu’au 5 novembre pour déposer leur dossier au siège national, situé boulevard Denis-Sassou-Nguesso. Les candidatures par voie électronique sont acceptées pour la diaspora, une première facilitée par une plateforme sécurisée développée en partenariat avec une start-up congolaise.
Après vérification des pièces, la commission publiera la liste provisoire le 12 novembre. Une courte période de recours précédera la proclamation officielle le 18 novembre. Les débats télévisés internes, retransmis sur les réseaux sociaux, auront lieu entre le 19 et le 23 novembre.
Les conditions d’éligibilité
Selon le règlement provisoire, tout membre depuis au moins cinq ans, âgé de trente-cinq ans révolus et à jour de cotisation peut briguer l’investiture. Il doit également présenter cinq cents parrainages provenant d’au moins quatre départements, condition jugée « raisonnable » par la direction.
Les candidats devront signer une charte d’éthique les engageant à soutenir le vainqueur et à respecter les institutions nationales. Une clause expresse prévoit le retrait automatique de tout concurrent utilisant un discours contraire à l’unité nationale ou aux principes républicains.
Enjeux internes
Pour le politologue Marien Tsaliki, le vote interne sert autant à mesurer la popularité qu’à tester la logistique électorale du P.a.r. « En 2026, la mobilisation sera décisive. Cette primaire jouera un rôle de répétition générale », souligne-t-il, évoquant un laboratoire organisationnel.
Au-delà des chiffres, la procédure devrait mettre en lumière de nouveaux profils capables d’incarner un discours générationnel. Plusieurs cadres âgés de moins de quarante ans ont déjà manifesté leur intérêt. Les observateurs y voient la recherche d’un équilibre entre expérience et renouveau.
Le cadre légal national
Le code électoral congolais n’impose pas de primaire, mais n’en limite pas la tenue. Le ministère de l’Intérieur, contacté, rappelle que tout parti est libre d’organiser sa désignation, pourvu qu’il transmette le nom de son candidat final avant la date réglementaire.
En 2021, la Commission nationale électorale indépendante avait déjà salué les mécanismes internes de sélection, y voyant un facteur de pacification de la vie politique. L’administration entend observer la primaire du P.a.r, notamment ses dispositifs de sécurité numérique et la gestion des résultats.
Regards d’experts
L’historienne Éloïse Mfouilou rappelle que les expériences de primaires dans la sous-région restent rares, hormis au Sénégal et au Ghana. « L’appropriation locale des outils démocratiques participe à la maturation du système partisan », estime-t-elle, citant des précédents encourageants.
Pour l’économiste Armand Dihoulou, l’impact financier n’est pas négligeable : organiser un scrutin national interne exige des ressources logistiques, des urnes jusqu’aux formulaires. Néanmoins, l’investissement se justifie si la primaire permet de sélectionner un profil capable de convaincre les électeurs indécis en 2026.
Perspectives régionales
Dans plusieurs capitales voisines, des regroupements politiques observent l’expérience congolaise. Des représentants tchadiens et centrafricains ont sollicité des échanges techniques. « Une compétition interne réduit la polarisation », souligne un conseiller d’un parti camerounais, qui suit attentivement les innovations numériques testées par le P.a.r.
Le Réseau francophone pour la démocratie électorale annonce l’envoi d’observateurs indépendants lors du vote du 25 novembre. Leur mission : vérifier la conformité des procédures et publier un rapport accessible au public, signe supplémentaire de l’ouverture affichée par la direction du parti.
Prochaines étapes
Dans l’immédiat, le P.a.r concentre ses efforts sur la formation des agents électoraux internes, essentiels au dépouillement. Des ateliers se déroulent actuellement à Pointe-Noire, Nkayi et Ouesso pour standardiser les pratiques et garantir que les résultats soient compilés en moins de six heures.
Une fois le nom du vainqueur connu, une convention d’investiture prévue le 15 décembre validera officiellement sa candidature devant plus de cinq cents délégués. Le lauréat aura alors trois mois pour élaborer un programme détaillé, conforme aux orientations stratégiques du parti.
À travers cette primaire, le P.a.r poursuit sa consolidation institutionnelle tout en contribuant au débat pluraliste national. L’expérience, suivie avec attention par les acteurs politiques et la société civile, pourrait inspirer d’autres formations soucieuses de renforcer leur crédibilité avant les échéances électorales de 2026.