L’héritage du programme Lisungi étendu à la jeunesse
Fruit d’un partenariat actif entre la République du Congo et la Banque mondiale, le Projet de protection sociale et d’inclusion productive des jeunes (PSIPJ) prolonge la dynamique amorcée par le programme Lisungi, salué pour avoir atténué les effets socio-économiques de la pandémie de COVID-19. Inspiré par cette première réussite, le ministère des Affaires sociales, de la Solidarité et de l’Action humanitaire a souhaité consacrer une composante entière – la sixième – à la frange des 18-35 ans, convaincu que l’investissement dans le capital humain demeure le plus sûr accélérateur de croissance inclusive. Dans le sillage des orientations définies par le président Denis Sassou Nguesso en matière de cohésion sociale, l’initiative cible désormais quatre localités stratégiques : Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie et Ouesso.
Un processus de validation participatif au cœur des quartiers
À Brazzaville Nord comme dans les autres zones d’implémentation, la sélection des bénéficiaires ne relève plus d’une approche verticale. Les chefs de quartier, figures d’autorité de proximité, siègent au sein des comités communautaires de ciblage chargés de confronter les déclarations des candidats à la réalité du terrain. « Notre légitimité découle de la confiance quotidienne que nous accordent les habitants. Vérifier si un jeune répond réellement aux critères de vulnérabilité est pour nous un devoir civique », résume Florent Moussa Malonga, l’un des doyens engagés dans ce travail minutieux. En inscrivant ces relais locaux dans la chaîne décisionnelle, le PSIPJ consolide un dispositif d’évaluation qui conjugue transparence, traçabilité et ancrage sociétal.
Les critères de vulnérabilité scrutés avec rigueur
Afin d’éviter le détournement des avantages au profit de groupes déjà favorisés, les comités examinent chaque candidature à l’aune d’indicateurs définis de concert avec l’équipe de suivi-évaluation du projet. Le revenu du ménage, le statut d’emploi, la situation sanitaire ou encore les conditions d’habitat alimentent une grille qui permet de classer la demande en trois niveaux de vulnérabilité. « Nous observons parfois des étudiants issus de familles de fonctionnaires qui, bien que méritants académiquement, ne satisfont pas au seuil de pauvreté requis ; ils sont donc écartés dans un souci d’équité », explique Marcel Moukoko, responsable suivi-évaluation pour Brazzaville Nord. Ce filtrage, sorbiteur de tensions potentielles, se veut avant tout pédagogique : il illustre la volonté de l’État de focaliser les ressources publiques sur les secteurs socio-économiques les plus fragiles.
Des formations qualifiantes, prélude à l’autonomisation
Une fois la liste validée par les administrations d’arrondissement, les jeunes retenus accéderont à des cycles de formation technique élaborés avec les chambres consulaires et des ONG spécialisées. Les modules visent à doter les participants de compétences immédiatement monétisables dans l’artisanat, le numérique ou l’agro-transformation, secteurs identifiés comme vecteurs de valeur ajoutée dans le Plan national de développement. Au terme du cursus, des subventions initiales viennent stimuler l’esprit d’entrepreneuriat, tandis qu’un mentorat renforcé assure la pérennité des micro-projets. Cette articulation formation-financement, déjà expérimentée dans la sous-région, contribue à réduire le chômage des jeunes, lequel oscille autour de 20 % selon les estimations du Centre national de la statistique et des études économiques.
Une gouvernance locale consolidée par la confiance citoyenne
L’implication formelle des chefs de quartier accroît la responsabilité collective et confère au programme une dimension délibérative qui répond aux attentes de la population. Cette démarche renforce également la coopération entre autorités municipales, services déconcentrés de l’État et partenaires techniques. Observateur attentif de la scène congolaise, le sociologue Fidèle Boulounga estime que « lorsqu’un dispositif public repose sur la capillarité communautaire, il gagne en légitimité et en efficacité budgétaire, deux paramètres décisifs pour l’attractivité des financements internationaux ». L’institutionnalisation de ces passerelles territoriales augure ainsi une gouvernance plus inclusive, condition sine qua non du succès des politiques de développement durable.
Le pari diplomatique d’une jeunesse résiliente
En embrassant l’ambition d’un filet social extensif, le Congo-Brazzaville envoie un signal de stabilité à ses partenaires, tout en s’inscrivant dans l’agenda 2030 des Nations unies axé sur l’éradication de la pauvreté et la promotion du travail décent. Les premiers retours du terrain laissent entrevoir une appropriation encourageante de l’outil PSIPJ, reflet d’une politique publique soucieuse d’équité intergénérationnelle. À moyen terme, l’exécutif table sur la constitution d’une classe de jeunes entrepreneurs capables de dynamiser le tissu productif national et de substituer à la rente pétrolière une économie davantage diversifiée. Le défi est de taille, mais la méthode témoigne d’une conviction : les solutions les plus durables se conçoivent au ras de la cité, là où l’expertise institutionnelle rejoint l’intelligence communautaire.