L’invisibilité africaine dans les médias internationaux
Malgré son importance géopolitique et culturelle, l’Afrique demeure souvent absente des médias internationaux en dehors des crises majeures. Cette invisibilisation médiatique est accentuée par les mécanismes de hiérarchisation de l’information propres aux rédactions occidentales. Les médias privilégient souvent les événements perçus comme pertinents pour leur audience immédiate, ce qui, par extension, maintient l’Afrique dans l’ombre lorsqu’il ne s’agit pas de famines, de conflits armés ou d’autres catastrophes.
Une hiérarchisation occidentale de l’information
Dans les écoles de journalisme d’Europe et d’Amérique du Nord, l’information est traditionnellement hiérarchisée selon sa proximité avec le public cible. Cela signifie qu’un événement en Europe ou aux États-Unis retiendra davantage l’attention qu’un événement similaire en Afrique. Cette méthodologie, bien qu’apparemment pragmatique, a des conséquences profondes sur la manière dont le monde est perçu. Les élections municipales dans des villes occidentales peuvent recevoir une couverture bien plus exhaustive que des événements d’ampleur géopolitique en Afrique, une tendance qui interroge sur les valeurs sous-jacentes aux choix éditoriaux.
Stéréotypes de l’Afrique en tant que ‘continent des crises’
Le traitement médiatique de l’Afrique est souvent empreint de stéréotypes simplificateurs qui dépeignent le continent comme synonyme de crise et d’instabilité. Ce biais est renforcé par la dépendance à quelques grandes agences de presse qui dictent les sujets jugés ‘importants’. Pourtant, l’Afrique est aussi un espace de croissance économique rapide et d’innovation dynamique, comme en témoignent les prévisions économiques pour 2024 et 2025. Ces dimensions positives sont trop souvent négligées, alimentant un cycle auto-entretenu de couverture négative.
Une cartographie médiatique déconcertante
Le paysage médiatique occidental fonctionne sur une cartographie très centrée autour des grands pôles de puissance économique et politique mondiale, laissant dans l’ombre une grande partie de l’Afrique. Cette distorsion est exacerbée par la centralisation de l’information par quelques agences de presse internationales. Le résultat est un ‘effet tunnel’ où les réalités africaines, riches et diversifiées, se voient réduites à des clichés simplificateurs et souvent dramatisés.
Vers une décolonisation du regard médiatique
Pour rectifier ces biais, certains analystes plaident pour une ‘décolonisation du regard’ qu’adoptent les médias. Elle permettrait de révéler une Afrique plurielle, complexe, où les succès côtoient les difficultés. Au-delà du travail sur l’approche éditoriale, cela implique aussi d’inclure davantage de voix africaines au sein des rédactions internationales pour diversifier les perspectives et enrichir la narration des événements. Le changement doit également provenir des voix africaines elles-mêmes, souvent emprisonnées dans une rhétorique plaintive qui ne reflète pas la vitalité et le potentiel de la région.
Redéfinir l’importance médiatique
Pour réellement transformer la représentation médiatique de l’Afrique, il est indispensable de revoir la carte éditoriale mondiale. Adopter une approche plus équilibrée et respectueuse dans la couverture de ce continent, tant pour les succès que pour les défis, est une nécessité impérieuse. Non seulement pour réajuster la perception externe du public mondial, mais aussi pour renforcer le dialogue et la compréhension entre toutes les régions du globe.