Une initiative diplomatique œcuménique
La rencontre entre le Président Félix-Antoine Tshisekedi et les leaders des principales confessions chrétiennes, à savoir la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), marque un tournant dans la recherche d’une paix durable en République Démocratique du Congo. Les deux Églises, conscientes de leur influence sur le tissu social, ont pris part à d’importantes consultations tant à l’intérieur des frontières qu’au-delà, visant à élaborer un pacte social de paix et d’entente nationale. Ce dialogue, longuement attendu, a permis d’aborder la complexité des dynamiques actuelles et l’urgence de solutions durables.
Les détails du pacte proposé
Initié en février 2025, le projet des Églises repose essentiellement sur deux piliers majeurs : un pacte national basé sur la justice et le dialogue, et une dynamique inclusive embrassant toutes composantes de la nation. Ces consultations visent à créer une architecture de consensus impliquant divers segments de la société congolaise. Les défis colossaux posés par la crise sécuritaire à l’Est, exacerbée par l’agression territoriale du M23, soulignent la nécessité pressante d’une réponse unifiée.
Un contexte socio-politique tendu
Cette initiative n’est cependant pas à l’abri des tensions politiques internes. Alors que le gouvernement congolais envisage de former un gouvernement d’union nationale, il demeure réservé quant à l’influence potentielle des Églises dans le domaine politique. L’opposition, représentée par des personnalités telles que Martin Fayulu, apporte son soutien, percevant cette initiative comme une alternative prometteuse face aux défis actuels. Cette division des perceptions souligne les subtilités des relations entre les organes religieux et l’État.
Les défis à venir
Pour que ce pacte de paix se concrétise, une large coordination nationale est indispensable. Les Églises doivent être en mesure de réunir un éventail diversifié d’acteurs, notamment les partis politiques, la société civile et les représentations diasporiques. Éric Nsenga, secrétaire général de l’ECC, insiste sur l’importance d’une refondation sociale et morale du tissu social congolais pour assurer une paix durable. Toutefois, ce processus nécessite un cadre formel et l’appui des autorités, un défi majeur où les tensions État-Église ne sont pas nouvelles.
L’influence historique des Églises
À travers l’histoire congolaise, les Églises chrétiennes ont souvent été en première ligne lors des bouleversements politiques et sociaux, se transmuant parfois en médiateurs neutres lors de crises critiques. Cette légitimité, bâtie sur des décennies d’engagement social, confère aux Églises un rôle pivot. Le Président Tshisekedi, en recevant les leaders ecclésiaux, a souligné l’importance de ce dialogue rigoureux et transparent. L’établissement d’une commission conjointe pourrait tracer la voie vers des négociations plus approfondies, renforçant le dialogue entre deux institutions majeures du Congo.