Une réforme stratégique portée par Brazzaville
Le système éducatif de la République du Congo vient d’entrer dans une nouvelle phase avec la remise officielle du Cadre d’Orientation Curriculaire, le 11 novembre 2025, à Pefaco Hôtel Maya-Maya de Brazzaville, devant les principaux acteurs du secteur.
Ce document, surnommé « boussole curriculaire », synthétise valeurs nationales, objectifs d’apprentissage et orientations pédagogiques qui guideront désormais programmes, manuels et évaluations, de la maternelle au lycée.
Pour Brazzaville, l’adoption d’un tel cadre stratégique marque l’aboutissement d’un vaste processus de réforme engagé depuis les États généraux de l’éducation et conforte l’ambition présidentielle d’offrir une éducation inclusive, moderne et résiliente à tous les enfants.
Un processus participatif appuyé par l’UNESCO
Le Cadre a été élaboré par une équipe interministérielle formée et accompagnée par l’UNESCO et son Bureau international de l’éducation, avec le concours financier du Partenariat mondial pour l’éducation.
Trente-cinq cadres nationaux ont suivi des sessions intensives sur la démarche curriculaire, les standards d’apprentissage et l’intégration des savoirs endogènes, avant de rédiger, valider puis tester les principales orientations du document.
Mme Marlène Omolongo, représentant la cheffe du bureau UNESCO au Congo, a salué « l’engagement indéfectible des autorités » et rappelé que la clôture du Programme d’appui sectoriel démontre une coopération exemplaire entre partenaires et gouvernement.
Équité : des infrastructures au service des élèves
Le nouveau cadre s’appuie sur des acquis tangibles : 25 salles de classe préscolaire bâties, 24 écoles équipées de latrines séparées et 23 points d’eau potable réhabilités, autant d’investissements visant à réduire les disparités d’accès, notamment pour les filles.
La mise en place de cantines scolaires et de transferts monétaires conditionnels assure aujourd’hui une alimentation régulière à plus de 19 000 élèves répartis dans quatre départements, renforçant la fréquentation et la réussite.
Ces efforts, soutenus par l’exécutif, traduisent la priorité donnée à l’équité, pilier majeur du Cadre d’Orientation Curriculaire et pierre angulaire de l’Objectif de développement durable consacré à l’éducation.
Qualité : enseignants et ressources renforcés
La dimension qualité se matérialise par la formation de 1 350 enseignants bénévoles et 154 encadreurs pédagogiques, appelés à diffuser des pratiques d’apprentissage actives alignées sur le nouveau référentiel.
Côté ressources, plus de 51 000 manuels et 250 000 cahiers d’activités en français et mathématiques ont déjà été distribués, en complément des 608 000 ouvrages financés directement par le Trésor public.
Selon Joseph Bizard, « le COC incarne une vision partagée fondée sur la diversité et l’innovation » et doit servir de fil conducteur pour chaque séance de classe, chaque manuel et chaque examen national.
Efficience : la donnée comme boussole
Pour améliorer la gouvernance, le Programme d’appui sectoriel a modernisé le système d’information pour la gestion de l’éducation, permettant la publication d’annuaires statistiques 2022-2023, 2023-2024 et 2024-2025 après cinq ans d’interruption.
Disposer de données fiables offre aux décideurs une visibilité précise sur les besoins réels en enseignants, salles de classe ou manuels, condition sine qua non d’une allocation efficiente des ressources publiques.
En rendant les performances mesurables, l’État crée également un cadre de reddition des comptes qui consolide la confiance des partenaires techniques et financiers dans la conduite des réformes.
Former le citoyen congolais du XXIe siècle
Au-delà des indicateurs, le Cadre d’Orientation Curriculaire ambitionne de former un citoyen responsable, créatif, solidement ancré dans les cultures congolaises et capable d’évoluer dans un environnement globalisé et numérique.
Le document promeut l’intégration de savoirs endogènes, la valorisation des langues nationales et l’apprentissage de compétences transversales telles que la résolution de problèmes, la citoyenneté numérique et l’entrepreneuriat.
Pour Anicet Kombo, le COC fixe des standards, des normes et des conseils que devront respecter écoles, enseignants et concepteurs de matériels pédagogiques, afin de garantir cohérence et continuité tout au long du parcours de l’apprenant.
Mobilisation collective et défis futurs
La réussite du Cadre d’Orientation Curriculaire dépendra toutefois de la mobilisation de toute la communauté éducative : enseignants formés, parents informés, collectivités engagées et secteur privé prêt à accompagner l’innovation dans les domaines du numérique ou de la formation professionnelle.
Le ministère prévoit maintenant l’élaboration de programmes détaillés par cycle, la révision des guides pédagogiques et la production de nouveaux manuels alignés sur les orientations, un chantier qui s’étendra sur plusieurs années afin d’assurer une appropriation progressive.
Des mécanismes de suivi et d’évaluation, associés à des audits pédagogiques réguliers, permettront de mesurer l’impact réel du nouveau curriculum sur les acquis des élèves et d’ajuster rapidement les dispositifs lorsque les résultats n’atteindront pas les cibles fixées.
En consolidant les acquis techniques et en ouvrant la voie à une réforme durable, le Cadre d’Orientation Curriculaire illustre la volonté du Congo-Brazzaville de bâtir un capital humain solide, indispensable à la diversification économique et à la prospérité partagée.
Le calendrier officiel annonce une expérimentation dès la rentrée 2026 dans un échantillon d’établissements pilotes, afin de recueillir le retour des enseignants et d’affiner les outils avant la généralisation nationale.
Les partenaires internationaux, déjà sollicités, ont réitéré leur disponibilité pour financer la phase de mise à l’échelle, confirmant que l’éducation reste un levier consensuel de développement et un vecteur d’intégration régionale.
