Un séminaire QHSE, théâtre d’une reconnaissance continentale
Réunis à Abidjan pour leur conclave annuel, soixante experts QHSE du groupe Africa Global Logistics ont décerné à la filiale congolaise le trophée CSR 2025. La scène est à la fois symbolique et stratégique : en se distinguant face à une trentaine de pays, AGL Congo endosse le rôle de laboratoire africain en matière de responsabilité sociétale, un enjeu désormais central pour la compétitivité logistique du continent.
Au-delà du cérémonial, la décision du jury s’est appuyée sur des indicateurs solides : qualité des référentiels, réactivité du reporting et appropriation des projets par les parties prenantes locales. Dans l’écosystème congolais, où le corridor Pointe-Noire–Brazzaville constitue l’épine dorsale des échanges régionaux, la maîtrise des contraintes sociales et environnementales devient un marqueur de sérieux pour les chargeurs internationaux.
La RSE, catalyseur d’avantages concurrentiels
Longtemps perçue comme une exigence périphérique, la RSE est désormais intégrée par la direction d’AGL comme levier de différenciation commerciale. « Construire une entreprise responsable nous ouvre les portes de marchés qualifiés », confie Olivier Restoueix, directeur QHSE & RSE du groupe. Le discours s’inscrit dans une évolution plus vaste : la concurrence entre hubs maritimes africains impose de conjuguer efficacité opérationnelle et acceptabilité sociétale.
Pour Brazzaville, cette orientation trouve un écho particulier. Le Plan national de développement 2022-2026 insiste sur la logistique verte comme condition d’attraction des investissements. En anticipant les normes attendues par les chargeurs européens ou asiatiques, AGL Congo aligne sa stratégie sur celle de l’État, démontrant qu’une ambition privée peut épouser la trajectoire publique sans susciter de frictions.
Décarbonation et certifications : la feuille de route verte
L’obtention de l’ISO 14001 et la labellisation Green Terminal pour les quais de Pointe-Noire constituent le socle environnemental du projet. À court terme, la filiale affirme pouvoir réduire de 20 % ses émissions directes de CO₂ grâce à l’électrification partielle des engins de manutention et à l’optimisation des flux ferroviaires vers Dolisie. Un objectif jugé « prudent mais crédible » par un consultant indépendant basé à Paris, qui souligne la progression des audits terrain réalisés sous l’égide d’Ecovadis.
L’administration congolaise y trouve une externalité positive : chaque tonne de CO₂ évitée contribue aux engagements du pays dans le cadre de l’Accord de Paris. Les autorités portuaires, sollicitées pour faciliter le branchement à quai des navires, saluent un partenariat « gagnant-gagnant » où l’État bénéficie d’infrastructures modernisées et l’opérateur d’une image renforcée auprès de ses clients.
Impact sociétal : éducation, insertion et fierté d’appartenance
Le volet social du programme repose sur 1 500 salariés, quasiment tous nationaux, et sur des centaines de bénéficiaires indirects dans les quartiers environnants. Bourses d’excellence pour les élèves en logistique, chantiers-écoles destinés aux jeunes en réinsertion, parrainage d’une réserve naturelle urbaine : ces initiatives, parfois modestes mais continues, ancrent l’entreprise dans le tissu communautaire. « Nos actions répondent à des besoins identifiés avec les autorités locales », rappelle Raïssa Dekambi, responsable RSE.
La démarche s’inscrit dans un paradigme où le secteur privé est encouragé à jouer un rôle d’amplificateur des politiques publiques. Les partenaires internationaux, bailleurs et ONG confondus, observent avec intérêt cette articulation entre chaîne logistique et développement humain, considérant qu’elle réduit les risques sociaux susceptibles de perturber la fluidité des échanges.
Vers une nouvelle gouvernance de la chaîne logistique
En s’adjugeant le trophée CSR 2025, AGL Congo endosse une responsabilité nouvelle : maintenir le cap sur la transparence et étendre ses standards à l’ensemble de la chaîne de valeur, des sous-traitants routiers aux transitaires. La filiale annonce déjà un programme de formation RSE destiné aux transporteurs indépendants opérant entre le port et la frontière septentrionale, illustrant la diffusion d’une culture de conformité au-delà de l’enceinte portuaire.
Cette dynamique pourrait, à moyen terme, repositionner le Congo-Brazzaville comme point d’ancrage fiable pour les corridors d’intégration régionale prônés par l’Union africaine. Les diplomates en poste à Brazzaville y voient une opportunité de renforcer la connectivité du bassin du Congo, tandis que les milieux d’affaires saluent un signal de stabilité réglementaire. Au-delà du trophée, c’est donc une gouvernance rénovée de la logistique qui se dessine, au bénéfice de la compétitivité nationale et de l’insertion du pays dans les chaînes de valeur mondiales.