Un rendez-vous décisif pour les nouveaux bacheliers
Durant cinq journées intenses, du 4 au 8 août, le Palais des congrès de Brazzaville a résonné des questions d’une cohorte de lycéens fraîchement diplômés venus chercher des repères pour leur avenir universitaire. Le Salon de l’information et de l’orientation des bacheliers, piloté par le ministère de l’Enseignement supérieur sous l’égide du professeur Delphine Édith Emmanuel, s’est imposé comme un espace de médiation entre les aspirations individuelles et la stratégie nationale de développement des compétences.
Au-delà du foisonnement de flyers et de plaquettes, l’événement s’est distingué par la qualité des échanges. Conseillers, parents et responsables d’établissements ont articulé leurs discours autour d’un même impératif : permettre à la jeunesse congolaise d’effectuer des choix éclairés, en cohérence avec la transformation économique envisagée par les pouvoirs publics.
L’Académie des sciences et des arts du Congo, vitrine de l’innovation
Parmi la quarantaine d’institutions présentes, le stand de l’Académie des sciences et des arts du Congo (ASAC) s’est rapidement imposé comme un pôle d’attraction. Initiative privée agréée par l’État, l’ASAC revendique une identité « pionnière, enracinée dans le contexte congolais mais ouverte aux standards internationaux », selon les mots de son promoteur, le colonel Maurice Itous Ibara. Celui-ci, uniformedoué et verbe précis, n’a pas manqué de rappeler que l’établissement émane d’une vision : conjuguer excellence académique et pragmatisme professionnel, afin d’accompagner la transition économique du pays.
Dans les allées, les visiteurs ont découvert une maquette interactive illustrant les partenariats tissés avec des centres de recherche africains et européens. « Nous ne voulons pas simplement délivrer des diplômes ; nous souhaitons former des hommes et des femmes capables de structurer des filières nouvelles », a insisté le colonel, saluant « l’esprit d’innovation soutenu par les autorités nationales ».
Des cursus pensés pour l’après-pétrole
Au cœur de l’offre pédagogique, les programmes dits de « monétisation du Congo et du monde » et de « pétrolisation » intriguent et séduisent. Leur objectif : anticiper l’érosion des rentes fossiles et préparer la diversification industrielle. Les étudiants y appréhendent, par exemple, l’ingénierie des matériaux locaux pour le bâtiment et les travaux publics, la planification urbaine durable, ou encore la régulation climatique appliquée aux écosystèmes fluviaux.
Dans le même esprit, l’Académie a déployé des filières en réseau-télécommunication, infographie, audiovisuel, froid industriel, génie électrique, ainsi qu’un éventail de disciplines artistiques – de la musique à la céramique – destinées à structurer tout un pan d’économie créative. À chaque fois, l’ancrage sociétal demeure la boussole : former des compétences immédiatement mobilisables dans l’industrie locale, la finance, le tourisme ou la gestion culturelle.
Une pédagogie alignée sur les exigences du marché
Les enseignements, conçus en blocs de compétences, rompent avec la tradition magistrale pour privilégier le projet tutoré et le stage long. La direction de l’Académie revendique un taux d’insertion professionnelle supérieur à 80 % dans les douze mois suivant l’obtention du diplôme. Sans triomphalisme, elle l’explique par un suivi individualisé, une politique méthodique d’accords cadre avec des entreprises publiques et privées, ainsi que par l’actualisation semestrielle des référentiels de formation.
« Ce salon est une opportunité de proximité avec les jeunes et leurs familles. Il permet de faire connaître nos offres de formation adaptées aux exigences du marché de l’emploi », a rappelé le colonel Itous Ibara, recevant en quelques heures une centaine de candidats potentiels. Des propos corroborés par de nombreux parents, soucieux d’une employabilité immédiate dans un contexte sous-régional concurrentiel.
Convergence publique-privé : un atout pour la gouvernance éducative
La présence de l’ASAC souligne la complémentarité recherchée par le gouvernement entre initiatives publiques et investissements privés dans le secteur de l’enseignement supérieur. L’État, garant de la qualité et de l’accessibilité, implique désormais les opérateurs académiques dans la poursuite d’objectifs nationaux, notamment la montée en gamme de la main-d’œuvre et la création d’emplois à forte valeur ajoutée.
Selon un conseiller du ministère, « le tissu des universités privées, lorsqu’il est régulé, contribue à diffuser un esprit d’innovation qui profite à l’ensemble du système. » Dans la lignée du Plan national de développement 2022-2026, le partenariat avec des structures telles que l’ASAC s’inscrit ainsi dans une démarche plus large de diplomatie de la connaissance, visant à faire du Congo un pôle de compétences reconnu au sein de la CEEAC.
Une jeunesse outillée pour relever les défis de demain
Au terme du Salon, les indicateurs de fréquentation confirment l’appétence des jeunes pour des filières techniques, numériques et créatives. Les quelque trois mille entretiens d’orientation menés sur place témoignent d’une génération consciente des enjeux de transition énergétique, de souveraineté alimentaire et de révolution digitale.
En clôturant l’événement, la ministre Delphine Édith Emmanuel a salué « l’engagement des établissements, publics comme privés, qui contribuent à éclairer nos futurs cadres et à consolider la paix sociale par le savoir. » Une manière de rappeler que, dans le Congo d’aujourd’hui, l’orientation n’est plus perçue comme un simple choix académique, mais bien comme un levier de stabilité macro-économique et de rayonnement international.