Une présence diplomatique stratégique
En embarquant vendredi depuis l’aéroport Maya-Maya, Denis Sassou N’Guesso a ouvert une nouvelle séquence diplomatique placée au plus haut niveau. Le chef de l’État congolais rejoint New York pour participer à la 80e Assemblée générale des Nations unies, forum annuel stratégique.
Le rendez-vous planétaire se tient cette année sous le slogan « Mieux ensemble, 80 ans et plus pour la paix, le développement et les droits humains ». Un message qui résonne particulièrement au Congo-Brazzaville, où les autorités valorisent le dialogue comme socle de stabilité nationale.
À Manhattan, la délégation congolaise inclut plusieurs ministres sectoriels et des conseillers présidentiels chargés de suivre les négociations thématiques. Selon un diplomate, l’objectif est d’« apporter une contribution constructive » aux débats, tout en consolidant les partenariats bilatéraux noués ces dernières années dans des domaines clés.
Multilatéralisme et solidarité renouvelés
La 80e session s’ouvre à un moment où les États membres affichent la volonté de réactualiser le multilatéralisme. Après une pandémie qui a mis à nu les fragilités, l’ONU cherche à refonder la solidarité pour faire face aux crises économiques, sanitaires et environnementales persistantes.
Pour Brazzaville, ce cadre est l’occasion de rappeler que la coopération Sud-Sud complète les alliances traditionnelles. « Nos défis dépassent les frontières nationales », souligne une source au ministère des affaires étrangères, qui insiste sur la nécessité d’un financement équitable des plans de relance africains.
Le thème général de l’Assemblée met aussi en lumière la reconnaissance longuement attendue d’un État palestinien. Le Congo-Brazzaville, fidèle à la diplomatie de consensus, observe attentivement l’évolution du dossier, privilégiant une approche qui conjugue respect du droit international et recherche d’un compromis durable.
Plaidoyer africain pour le Conseil de sécurité
Parmi les points saillants, les délégations africaines comptent réitérer leur demande d’obtenir deux sièges permanents au Conseil de sécurité. Une revendication immédiate pour le continent, absent de la table décisionnelle depuis la création de l’ONU malgré ses 54 États membres.
Le président Sassou N’Guesso, fort de son expérience de médiateur régional, devrait soutenir cette revendication. Brazzaville met en avant la contribution des armées africaines aux opérations de maintien de la paix et la nécessité d’une représentativité juste afin d’accroître la légitimité des résolutions adoptées.
Dans les couloirs de Turtle Bay, plusieurs observateurs relèvent qu’une telle réforme exigerait la modification de la Charte, un processus complexe requérant l’accord des membres permanents actuels. Les diplomates congolais misent sur une coalition élargie pour maintenir la pression politique sans créer de blocage frontal.
Objectifs 2030 : l’urgence de l’action
La semaine de haut niveau offre également un état des lieux des Objectifs de développement durable. Le dernier rapport place le Congo-Brazzaville dans une trajectoire intermédiaire, avec des avancées notables en éducation et accès à l’eau potable, mais encore des défis sur l’employabilité des jeunes.
Au micro de la chaîne nationale, le ministre de l’Économie souligne que « le pays travaille à diversifier ses sources de croissance pour consolider les acquis ». Des partenariats seraient activés à New York afin de mobiliser des capitaux verts destinés à l’agriculture résiliente et aux énergies renouvelables.
Les Nations unies rappellent que la fenêtre pour atteindre les cibles d’ici 2030 se referme rapidement. L’examen à mi-parcours encourage les États à présenter des plans accélérés. Brazzaville devrait détailler son Programme national de développement 2022-2026 comme levier principal de convergence.
Une voix congolaise pour la paix
En marge du débat général, Denis Sassou N’Guesso participera à plusieurs réunions restreintes sur la paix et la sécurité en Afrique centrale. Le chef de l’État préside actuellement la Commission internationale sur la région des Grands Lacs, un mandat qui renforce son rôle de facilitateur.
La crise soudanaise, le conflit sahélien et la lutte contre le terrorisme maritime dans le golfe de Guinée figurent parmi les dossiers suivis par Brazzaville. Les autorités congolaises privilégient des solutions régionales pilotées par l’Union africaine, avec l’appui technique de l’ONU et des partenaires.
Au-delà de la géopolitique, la délégation prévoit des entretiens bilatéraux avec des institutions financières internationales. Objectif : consolider les soutiens au programme de réformes macro-budgétaires, valoriser la forêt du bassin du Congo dans les mécanismes carbone et promouvoir la candidature congolaise à certains fonds climatiques.
Pour de nombreux analystes, la participation régulière du Congo-Brazzaville à l’Assemblée générale témoigne d’une diplomatie assumée, combinant affirmation d’intérêts nationaux et contribution au système multilatéral. Les retombées dépendront désormais de la capacité à convertir ces engagements internationaux en réformes concrètes au plan domestique.
Perspectives post-Assemblée
À son retour à Brazzaville, la présidence a prévu une session d’information au Parlement afin de partager les résultats obtenus. Cette démarche vise à impliquer les députés dans la mise en œuvre des engagements internationaux, qu’il s’agisse de financements climatiques ou de coopération sécuritaire renforcée.