Trump et Sassou Nguesso : un dialogue pour la paix
Dans sa suite du Waldorf Astoria, Denis Sassou Nguesso a suivi le discours de Donald Trump devant l’Assemblée générale de l’ONU avant de confier à la presse sa « grande satisfaction » de voir la Maison-Blanche associer, au niveau mondial, les questions de paix et de prospérité.
Le chef de l’État congolais rappelle que sa propre action, commencée il y a plusieurs décennies, repose sur la même conviction : sans stabilité, aucun peuple ne peut espérer un développement durable. Il se dit prêt à collaborer avec Washington pour clore d’autres foyers de crise.
L’hôte de Brazzaville souligne qu’en sept mois, selon Donald Trump, sept conflits ont déjà connu des avancées. Pour lui, chaque accord de cessez-le-feu se traduit potentiellement par « un boom économique partagé », perspective qu’il juge porteuse pour l’Afrique centrale.
La diplomatie congolaise à l’épreuve du multilatéralisme
De la libération de Nelson Mandela à la médiation sur la Centrafrique, Sassou Nguesso égrène ses souvenirs de négociateur, rappelant le rôle des Accords de Brazzaville dans la fin de l’Apartheid. Il y voit le signe que l’Afrique peut être force de proposition sur la scène internationale.
S’agissant du différend entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, il assure suivre « avec attention » l’initiative américaine. La République du Congo, pays voisin mais en paix, souhaite que la dynamique de Doha puis de Washington débouche sur une stabilité régionale durable.
Ressources et potentiel d’investissement
Pétrole, gaz, fer, cuivre, or : la liste des richesses souterraines du Congo-Brazzaville, égrenée par son président, impressionne. À ces réserves s’ajoutent des terres arables, l’eau abondante et un ensoleillement constant, autant d’atouts pour une croissance diversifiée.
Le dirigeant note toutefois que l’intérêt des entreprises américaines reste timide, malgré la présence historique de Chevron. Connaissance mutuelle et confiance sont, selon lui, les préalables à une collaboration gagnant-gagnant entre Wall Street et Brazzaville.
Il se félicite des sommets États-Unis–Afrique organisés sous Barack Obama puis Joe Biden et espère que ces contacts déboucheront sur des joint-ventures dans l’énergie, l’agro-industrie ou les minerais stratégiques.
Washington, Pékin, Moscou : équilibrer les partenariats
Le chef de l’État rappelle que son pays coopère de longue date avec la Chine et la Russie, sans pour autant renoncer à renforcer les échanges avec les États-Unis. « Les potentialités restent inexploitées », confie-t-il, insistant sur la complémentarité plutôt que la concurrence.
À ses yeux, l’ouverture à toutes les puissances économiques maximise les chances de voir les projets structurants aboutir. Mais il affirme sans détour que Washington, grâce à son savoir-faire technologique et à ses liens culturels, dispose d’un avantage pour aller plus loin.
Le bassin du Congo, poumon vert mondial
Le Congo abrite une part majeure de la plus vaste forêt tropicale après l’Amazonie. Sassou Nguesso se réjouit que l’ONU ait proclamé la Décennie de la restauration des forêts, initiative qu’il a portée, et rappelle la création d’un fonds dédié avec l’appui de la Banque mondiale.
Dix-sept pays riverains se sont déjà engagés à préserver ce « poumon vert » capable d’absorber un volume de carbone supérieur à celui de l’Amazonie. Le président appelle investisseurs et institutions à abonder le mécanisme afin de concilier environnement et croissance locale.
Libye, Sahel : le défi sécuritaire
À la tête du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye, Sassou Nguesso qualifie Tripoli de « maillon faible » dans la lutte contre le terrorisme. L’effritement de l’État libyen, analyse-t-il, a favorisé la propagation des groupes armés vers le Sahel.
Il estime que les États-Unis peuvent jouer un rôle central pour aider l’Afrique à stabiliser la Libye et, par ricochet, des pays comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso. La crise soudanaise, ajoute-t-il, complique encore la donne régionale.
Jeunesse, migrations et plan Mattei
Abordant la question migratoire, le président salue l’initiative italienne dite plan Mattei, visant à créer sur le continent les conditions économiques qui dissuaderont les jeunes Africains de risquer leur vie en Méditerranée.
Selon lui, les ressources naturelles et humaines de l’Afrique devraient permettre l’épanouissement des nouvelles générations sur place, à condition que les partenaires internationaux soutiennent des projets créateurs d’emplois et de valeur ajoutée.
Religion et affinités culturelles
Plus de 80 % des Congolais se réclament du christianisme, un trait que Sassou Nguesso considère comme un pont naturel avec les États-Unis. Il se souvient de pasteurs américains ayant rempli les stades de Brazzaville, preuve d’une proximité spirituelle forte.
Le chef de l’État rêve de voir cette ferveur se doubler d’un partenariat entrepreneurial. « Si les foules se mobilisent pour la foi, pourquoi ne pas mobiliser les capitaux pour transformer nos économies ? », interroge-t-il, prêt à accueillir le président américain en visite officielle.