Les médias congolais au cœur de la dynamique santé publique
Installés dans la salle feutrée d’un hôtel du centre-ville, une trentaine de journalistes brazzavillois ont répondu à l’appel de l’UNFPA pour une session d’approfondissement consacrée à la santé sexuelle et reproductive. L’exercice, inédit par sa durée comme par la densité des modules, consacre la presse nationale en tant qu’acteur pivot de la lutte contre les violences basées sur le genre. Dans son allocution d’ouverture, le Dr Agnès Kayitankore, représentante résidente, a rappelé que « le droit à une information fiable est la première ligne de défense des femmes et des filles ».
Une alliance institutionnelle saluée par les partenaires internationaux
L’atelier résulte d’une coordination étroite entre l’UNFPA, les ministères sectoriels et la société civile, concrétisant la volonté de l’État de conjuguer prévention sanitaire et cohésion sociale. Si la Constitution consacre la liberté de la presse, l’implication directe des pouvoirs publics dans cette formation traduit, selon plusieurs observateurs, la reconnaissance officielle de la dimension stratégique des médias dans l’atteinte des Objectifs de développement durable. « Nous ne pouvons réduire la mortalité maternelle sans une communication responsable », souligne un cadre du ministère de la Santé, évoquant la feuille de route nationale pour 2025.
Déconstruire les stéréotypes sans heurter les sensibilités culturelles
Les modules consacrés à la planification familiale et au VIH ont rapidement mis en lumière la tension entre des représentations sociales héritées et la nécessaire précision du vocabulaire médical. Les formateurs ont insisté sur la contextualisation culturelle afin d’éviter les dissonances cognitives susceptibles de freiner l’adhésion des communautés. Plusieurs travaux pratiques ont illustré la manière de substituer une approche accusatoire à une narration participative, favorisant ainsi l’appropriation collective des messages de santé publique.
L’éthique journalistique comme levier de confiance
Au-delà des données épidémiologiques, l’atelier a exploré la question cruciale de l’éthique professionnelle. Les participants ont débattu d’études de cas où la quête du sensationnel a parfois involontairement nourri la stigmatisation des survivantes de violences. Les discussions ont conduit à formaliser une grille de vérification, incluant le respect de l’anonymat et la nécessité d’obtenir le consentement éclairé. « Une titraille malheureuse peut ruiner le parcours de résilience d’une victime », a rappelé une rédactrice d’un quotidien de la place, citant des incidents survenus dans la sous-région.
Du traitement de l’information à la transformation sociale
Les intervenants ont martelé que chaque reportage produit sur ces thématiques porte potentiellement un impact mesurable sur les indicateurs de développement humain. Les analyses de contenu présentées démontrent qu’une couverture régulière et rigoureuse corrèle avec une augmentation des consultations prénatales et un recours accru aux structures d’assistance juridique. Les journalistes ont ainsi été encouragés à passer d’une logique événementielle à une logique de suivi, gage de continuité et de crédibilité auprès des audiences.
Vers une communauté de pratiques pérenne
Alors que les travaux toucheront à leur terme le 4 juillet, la perspective de créer un réseau national de journalistes spécialisés fait consensus. Des groupes de messagerie instantanée ont été mis en place pour échanger chiffres, contacts d’experts et retours de terrain, préfigurant une plateforme plus structurée appuyée par l’UNFPA. Les participants affichent la volonté de poursuivre l’auto-évaluation et la formation continue, convaincus que la qualité de l’information conditionne l’effectivité des politiques publiques.
Une dynamique alignée sur les priorités nationales et internationales
L’initiative s’inscrit dans les engagements pris par le gouvernement congolais lors du Sommet de Nairobi sur la population et le développement, dont l’un des axes vise à mettre fin aux violences de genre d’ici 2030. En renforçant la compétence médiatique, l’atelier brazzavillois contribue à la mise en œuvre de la stratégie décennale de promotion de la femme adoptée à Brazzaville en 2022. Ainsi, la boucle se referme : l’information, devenue ressource stratégique, alimente le dialogue civique, renforce la prévention et soutient, in fine, la stabilité sociale.