Programme santé pour tous au Congo-Brazzaville
Lancé il y a une décennie, le Programme santé pour tous du Congo vise à combler les disparités territoriales en matière d’accès aux soins. Conçu pour la période 2018-2030, il prévoit un hôpital général par département, aligné sur les standards de l’Organisation mondiale de la santé.
Cette stratégie s’inscrit dans la volonté du gouvernement congolais d’offrir des structures modernes, autonomes dans leurs capacités de production d’eau et de gaz médicaux. Elle accompagne l’urbanisation rapide des chefs-lieux et la demande croissante de spécialités médicales, tout en consolidant l’offre d’urgence.
Inspection ministérielle sur le chantier de Sibiti
Profitant du lancement d’un projet d’insertion socio-économique des populations autochtones de Moufilou, la ministre de la Promotion des partenariats public-privé, Irène Marie Cécile Mboukou-Kimbatsa Goma, s’est rendue le 9 septembre 2025 à Sibiti, chef-lieu de la Lékoumou, pour jauger l’avancement des travaux hospitaliers.
Accompagnée du préfet Jean Christophe Tchicaya, la ministre a parcouru les huit blocs implantés sur cinq hectares. Entre les murs blanchis et les couloirs encore silencieux, elle a interrogé techniciens et ingénieurs d’Asperbras, entreprise adjudicataire, concernant les délais de livraison et les finitions techniques.
« Nous voulons des délais clairs avant la venue du président de la République », a-t-elle insisté. Le partenaire brésilien s’est engagé à achever les installations d’ici fin octobre, avec une marge supplémentaire jusqu’à la mi-novembre pour parfaire la climatisation et le mobilier spécialisé.
Un complexe hospitalier de référence régionale
Capable d’accueillir 210 patients, l’hôpital s’organise en pôles de chirurgie, médecine interne, pédiatrie, maternité, imagerie et réanimation. Chaque entité possède ses annexes logistiques afin de garantir une circulation fluide des équipes et des usagers, indispensable à la prise en charge des urgences.
La future structure bénéficiera de la personnalité morale et d’une autonomie financière. Les recettes propres, issues des actes médicaux et de la formation continue, doivent financer la maintenance des équipements de haute technologie, un point jugé crucial pour préserver la qualité des prestations.
Les ingénieurs d’Asperbras rappellent que le site est conçu pour fonctionner hors réseau en cas de défaillance extérieure. Deux forages, une usine d’oxygène et un groupe électrogène redondant assurent la continuité des soins, atout particulièrement recherché dans cette partie sud-ouest du pays.
Retombées attendues pour la population de la Lékoumou
Pour les habitants de Sibiti et des localités voisines, cette infrastructure signifie des déplacements plus courts et des diagnostics plus rapides. Les cas graves qui nécessitaient d’être évacués vers Brazzaville pourront désormais être stabilisés sur place, soulageant familles et services d’ambulance.
La ministre, originaire de la région, a salué « un établissement précieux » et exhorté la population à le défendre. « Nous n’accepterons jamais d’actes d’incivisme dans cet hôpital », a-t-elle martelé, évoquant la responsabilité collective dans la protection du patrimoine sanitaire.
Outre l’accès aux soins, le chantier dynamise l’économie locale. Plusieurs centaines d’emplois temporaires ont été créés, des fournisseurs de matériaux à l’hôtellerie. Une fois l’hôpital ouvert, des postes pérennes de médecins, infirmiers, bio-techniciens et agents administratifs devraient consolider cette dynamique.
Le projet s’accompagne également de formations ciblées. Des paramédicaux de la Lékoumou effectuent déjà des stages dans d’autres hôpitaux neufs, afin de se familiariser avec les protocoles numériques et la maintenance des équipements, avant leur affectation définitive à Sibiti.
Cadre légal et prochaine inauguration
Le 12 août 2025, les deux chambres du Parlement ont adopté les projets de loi créant les hôpitaux généraux de Sibiti et de Ouesso, après amendements techniques. Ce vote sécurise le statut juridique des établissements et précise leur rattachement au budget de l’État.
Les textes confèrent un conseil d’administration élargi, associant représentants de l’État, personnel de santé et notables locaux. Objectif : garantir une gestion participative, transparente et adaptée aux besoins de chaque département, conformément aux orientations fixées par la politique nationale de santé.
En coulisses, les équipes protocolaires préparent la venue attendue du chef de l’État pour l’inauguration. La date reste suspendue à l’achèvement des finitions. Les responsables d’Asperbras se veulent rassurants, affirmant que plus de 95 % des travaux sont déjà livrés.
Dans les ateliers, la logistique s’accélère : lits motorisés, moniteurs multiparamètres et lampes scialytiques sortent des caisses. Les essais de climatisation centrale doivent débuter sous peu pour garantir une température stable indispensable au bon fonctionnement du bloc opératoire.
À l’horizon 2030, lorsque les douze hôpitaux départementaux seront opérationnels, la carte hospitalière congolaise aura changé d’échelle. L’étape franchie à Sibiti symbolise cette ambition, combinant investissement public, expertise privée et mobilisation citoyenne autour d’un même impératif : la santé pour tous.