Un cadre tarifaire vieux de trente ans
Depuis 1994, l’arrêté 689 encadre les prix des transports urbains en république du Congo. La course de taxi est plafonnée à 700 francs CFA, celle du bus à 150 francs. Cet acte réglementaire demeure la référence invoquée par les autorités compétentes.
Le texte, jamais abrogé, s’inscrit dans la volonté nationale de garantir une mobilité accessible aux populations urbaines. En fixant un tarif maximal, l’État entend protéger le pouvoir d’achat et maintenir un équilibre entre offre privée et service public.
Des dépassements devenus la norme
À Brazzaville comme à Pointe-Noire, les usagers constatent pourtant une inflation tacite : le prix courant d’une course en taxi atteint souvent 1 000 francs, parfois plus aux heures de pointe. Le bus connaît des majorations similaires sur certains tronçons très fréquentés.
Ngatsé Itoua Mbola, secrétaire chargé de l’économie et des questions spécifiques de la Fesyptc, déplore un « éloignement progressif de la légalité ». Pour lui, ces écarts fragilisent la crédibilité du secteur et créent des tensions inutiles entre conducteurs et passagers.
Le rappel à l’ordre syndical
Face à ces dérives, la Confédération syndicale des travailleurs du Congo et la Fesyptc ont conjointement lancé un rappel à l’ordre. Leur message s’adresse aux chauffeurs, contrôleurs, chargeurs, mais aussi aux gérants de parkings et d’aires de stationnement.
« Nous sommes un syndicat responsable et inscrit dans la légalité », insiste Ngatsé Itoua Mbola. Il affirme qu’aucune hausse unilatérale ne saurait être justifiée sans passer par la voie réglementaire. Le syndicat se positionne ainsi en garant du respect des textes.
Une campagne de terrain méthodique
Pour ancrer son message, la Fesyptc a distribué des bons d’information dans les principaux hubs de transport urbain. Le marché Total de Bacongo, Mazala à Moungali et l’arrêt Jardin à Talangaï ont accueilli les équipes syndicales.
Ces supports rappellent les prix homologués et les bénéfices attachés au maintien d’un tarif stable. Ils détaillent également les mesures gouvernementales déjà accordées aux propriétaires de véhicules : exonération de l’autorisation de transport public, réduction de 50 % sur la patente ou encore suppression de la taxe de roulage.
Argumentaire économique des transporteurs
Certains chauffeurs invoquent la hausse du carburant pour justifier les surcoûts. Le syndicat tempère cet argument. Selon lui, les avantages fiscaux consentis depuis 2020 et consolidés en 2023 compensent largement les fluctuations des prix pompistes.
Ngatsé Itoua Mbola rappelle que ces mesures ciblent d’abord les propriétaires de véhicules. « Le chauffeur, salarié, n’en bénéficie pas directement », précise-t-il. D’où l’importance de négocier des salaires plus équitables plutôt que d’augmenter les tarifs au détriment des usagers.
Impact social et attentes salariales
L’envolée des tarifs touche les ménages modestes, contraints de réduire leurs déplacements ou de rogner sur d’autres dépenses essentielles. Brazzaville compte un nombre croissant de travailleurs pendulaires dont le budget transport dépasse désormais 10 % des revenus mensuels.
Le syndicat entend donc articuler sa démarche autour d’un double objectif : défendre le pouvoir d’achat des passagers et améliorer la rémunération des conducteurs. Il promet de « mettre la pression auprès des syndicats patronaux » afin d’obtenir une revalorisation salariale corrélée aux économies fiscales déjà accordées.
Perspectives de régulation renforcée
La Fesyptc assure qu’elle poursuivra ses descentes sur le terrain tant que les écarts persisteront. Des évaluations régulières des parkings et couloirs de bus permettront de mesurer l’évolution des pratiques tarifaires.
L’organisation affirme soutenir les services compétents dans toute action de contrôle. Elle se montre convaincue qu’un climat apaisé, fondé sur la transparence, favorisera la modernisation du transport urbain et consolidera la confiance entre professionnels, usagers et pouvoirs publics.