Un rendez-vous stratégique pour la gouvernance
Réunies à Brazzaville le 2 septembre 2025, les principales administrations financières et sectorielles ont planché sur les nouveaux formulaires de déclaration I.T.I.E. Sous le patronage du secrétaire permanent Florent Michel Okoko, la séance a matérialisé la volonté officielle d’accélérer la publication du rapport national 2023.
L’Initiative pour la transparence dans les industries extractives impose aux États membres un reporting exigeant. Pour le Congo-Brazzaville, acteur majeur du pétrole et du bois, l’exercice revêt une dimension capitale : démontrer la traçabilité des flux financiers tout en confortant la confiance des partenaires et des citoyens.
Le cabinet Enertean, représenté par les administrateurs indépendants Karim Lourimi et Fathi Mabrouk, a animé la session. Leur mission : expliquer la structure, le contenu et les modalités de transmission des nouvelles fiches, adaptées à la norme I.T.I.E 2023.
L’appui logistique et financier du Programme Pagir, soutenu par la Banque mondiale, a facilité la tenue de l’atelier. Cette synergie entre bailleurs, secteur public et experts illustre l’importance accordée à la modernisation des pratiques de gouvernance extractive.
Les principales évolutions des formulaires 2023
La norme révisée introduit un format unifié de collecte des données fiscales, parafiscales et environnementales. Les champs à remplir sont plus détaillés, avec des instructions harmonisées destinées à réduire les divergences d’interprétation entre sociétés, régies financières et autorités centrales.
Les nouveautés portent également sur la traçabilité des paiements sociaux et des contributions locales. Chaque entité doit désormais préciser l’échéancier et le mode de règlement, condition indispensable pour consolider les informations avant la validation conjointe par l’État, les entreprises et la société civile.
Selon Karim Lourimi, la refonte « vise la qualité, la fiabilité et la comparabilité internationale des rapports ». Une meilleure granularité doit permettre d’identifier rapidement les écarts et de formuler des recommandations ciblées au gouvernement, base de plusieurs réformes déjà engagées.
Administrations et points focaux à l’unisson
Finances publiques, douanes, impôts, hydrocarbures, mines, trésor public et économie forestière étaient représentés. Chaque direction a désigné un point focal chargé de centraliser la remontée des données dans les délais impartis.
Eloi Camille Opou, point focal de la Caisse congolaise d’amortissement, salue l’initiative. Il regrette toutefois que l’atelier intervienne après le premier échéancier fixé au 29 août 2025, mais estime que « l’outil est indispensable pour comprendre ce qu’il faut faire ».
La remarque souligne l’enjeu du calendrier. Le rapport national doit être finalisé rapidement pour préserver le rythme de publication annuel, critère déterminant de la conformité I.T.I.E.
Un calendrier resserré mais maîtrisé
Florent Michel Okoko rappelle que la collecte des données constitue « la base de plusieurs réformes, dont la loi sur la transparence et celle sur la gouvernance des finances publiques ». Le secrétariat permanent fait donc de la transmission rapide des formulaires une priorité.
Les entités publiques et les entreprises extractives disposeront d’un accompagnement technique continu. Des sessions d’assistance à distance et des rappels d’échéances sont prévus afin d’éviter les retards observés par le passé.
La validation simultanée par l’État, le secteur privé et la société civile demeure le socle du processus. Cette approche tripartite renforce la crédibilité des chiffres publiés et alimente le dialogue entre les parties prenantes sur l’emploi des revenus naturels.
Vers une transparence consolidée
Depuis son adhésion à l’I.T.I.E, le Congo-Brazzaville progresse régulièrement dans la discipline de reporting. Les formulaires 2023, plus exigeants, devraient consolider cette dynamique et fournir une cartographie exhaustive des flux issus du pétrole, du gaz, des mines et du bois.
La diffusion du prochain rapport national permettra d’identifier de nouvelles pistes d’optimisation, tant sur la collecte fiscale que sur la redistribution. Les recommandations, attendues par le gouvernement, nourriront des réformes supplémentaires en matière de redevabilité et de contrôle budgétaire.
En creux, l’atelier de Brazzaville confirme la volonté politique de promouvoir une gestion inclusive des ressources naturelles. Le soutien de partenaires comme la Banque mondiale atteste de l’attractivité du cadre républicain et de la confiance accordée à la trajectoire institutionnelle du pays.
Les prochains mois diront si la mobilisation collective permet de respecter le calendrier resserré. Mais le signal envoyé, celui d’un État résolument tourné vers la transparence, constitue déjà un atout pour l’économie congolaise et ses ambitions régionales.