Un concours qui agite déjà Brazzaville
Dans les rues de Brazzaville, l’annonce a déjà franchi les kiosques et embrasé les réseaux sociaux : le 7 décembre, quinze jeunes artistes monteront sur la scène du cercle culturel Sony Labou Tansi pour défendre leurs compositions dans le cadre du concours Vision 2010.
Imaginée par Samda Studio, branche créative de l’organisation non gouvernementale Samda Congo, l’initiative entend offrir un véritable tremplin à une génération souvent cantonnée aux studios improvisés des quartiers, loin des projecteurs professionnels et des exigences d’un public élargi.
Samda Studio mise sur la relève
Avant les premières notes, le comité d’organisation animé par le coordinateur Damase Bouozock donnera le ton le 15 novembre lors d’une conférence de presse destinée à « circonscrire » l’événement et à répondre aux interrogations logistiques des médias et des partenaires.
Selon Bernard Bitanda, secrétaire général de Samda Congo, la sélection finale réunit quinze artistes autour d’une moyenne d’âge de vingt-trois ans, symbole d’une scène juvénile foisonnante que l’ONG suit depuis plusieurs années au fil de ses ateliers de quartier.
« Nous sommes ravis de partager notre vision avec les mélomanes congolais », confie le responsable, saluant le soutien constant du ministère de l’Industrie culturelle, artistique, touristique et des loisirs ainsi que celui d’Airtel Congo, partenaire principal d’une aventure qu’il dit construire « ensemble ».
Damase Bouozock, figure discrète mais reconnue du management culturel local, insiste pour sa part sur la transparence du processus de sélection, rappelant que les auditions, prévues du 18 au 20 novembre, seront ouvertes au public à partir de dix heures.
Un calendrier précis et transparent
Les candidats y interpréteront deux titres de leur choix, l’un a cappella, l’autre accompagné d’un orchestre réduit, exercice censé démontrer à la fois justesse vocale et sens de la scène avant l’ultime délibération du jury professionnel.
Le concours proprement dit se déroulera en quatre primes dominicaux, les 7, 14, 21 et 28 décembre, chaque soirée se soldant par l’élimination progressive de participants jusqu’à l’annonce d’un lauréat unique.
Le choix du format semi live, mi-playback mi-orchestre, répond à un double impératif : contenir les coûts techniques sans sacrifier la spontanéité artistique, et permettre aux jeunes voix de se concentrer sur l’interprétation sans être noyées dans une orchestration trop dense.
Un dispositif technique et pédagogique
Côté jury, les organisateurs évoquent une équipe pluridisciplinaire mêlant arrangeurs, journalistes culturels et enseignants de musique, afin d’équilibrer regard artistique et rigueur pédagogique au moment d’exiger la moindre note juste, la moindre présence scénique authentique.
Dans les coulisses, des sessions de coaching vocal et scénique seront dispensées entre chaque prime ; techniciens du son, chorégraphes et spécialistes de la diction offriront leurs conseils gratuitement, poursuivant ainsi la tradition de mentorat chère à l’ONG depuis sa création.
Ces ateliers, ouverts aux candidats éliminés, visent à garantir que personne ne reparte bredouille ; un moyen, affirme Bernard Bitanda, d’enrichir tout le tissu musical plutôt que de n’adouber qu’un seul nom avant de tirer l’échelle.
Des soutiens institutionnels stratégiques
Le ministère de l’Industrie culturelle, parrain officiel, voit dans Vision 2010 un prolongement concret des orientations présidentielles en faveur des industries créatives, secteur appelé à devenir un levier de diversification économique pour la République du Congo.
En s’associant à Airtel Congo, l’événement bénéficie également d’un relais numérique indispensable ; l’opérateur envisage de diffuser les prestations sur ses plateformes, offrant ainsi une visibilité nationale et, potentiellement, régionale aux concurrents.
Sony Labou Tansi, théâtre des possibles
Lieu emblématique des écritures contemporaines, le cercle culturel Sony Labou Tansi apporte son cachet à l’aventure ; ses planches ont vu débuter nombre d’auteurs et de comédiens, et le choix de cette salle rappelle l’esprit d’engagement artistique défendu par Samda Studio.
Une récompense tournée vers la professionnalisation
Au terme de la finale, l’heureux lauréat enregistrera un maxi single de quatre titres sous la houlette des ingénieurs de Samda Studio, avant de tourner un clip professionnel conçu pour être diffusé sur les chaînes nationales et sur les plateformes d’hébergement vidéo.
Plus qu’un trophée, cette production servira de carte de visite commerciale, permettant au gagnant de prétendre aux premières parties de concerts et d’entrer dans les play-lists radiophoniques, ouvrant ainsi un chemin souvent chargé d’obstacles pour les autodidactes.
Une résonance bien au-delà de la capitale
Le bouche-à-oreille fait déjà son œuvre dans la diaspora, notamment à Paris et Pointe-Noire, où des collectifs prévoient d’organiser des projections en direct pour encourager les artistes, prouvant que la scène de Brazzaville bénéficie d’une résonance transfrontalière.
Vision 2010 et déjà des regards vers 2020
Certains observateurs relèvent enfin un signe du destin : l’année « 2020 » mentionnée par erreur dans le slogan de l’ONG renvoie à l’horizon d’un possible second opus, preuve que les organisateurs se projettent déjà au-delà de la présente édition.
En attendant, tout Brazzaville retient son souffle avant la première note.
