Un rapprochement stratégique Sénat-CSLC
Le 3 novembre, au palais des congrès de Brazzaville, le président du Sénat, Pierre Ngolo, a reçu Médard Milandou Nsonga, à la tête d’un bureau complet du Conseil supérieur de la liberté de communication, pour un échange axé sur la consolidation des liens institutionnels.
La rencontre inaugurale, première du genre entre les deux responsables depuis la recomposition du CSLC, a permis de présenter en détail la mission, l’organisation, la composition et le fonctionnement de l’autorité de régulation aux sénateurs, visiblement désireux de saisir les enjeux d’une information maîtrisée.
Pierre Ngolo a exprimé le soutien politique de la chambre haute, rappelant que le pluralisme parlementaire se nourrit d’un paysage médiatique équilibré, lequel garantit aux citoyens un débat public éclairé et respectueux des lois en vigueur.
En réponse, Médard Milandou Nsonga a insisté sur la complémentarité naturelle entre le pouvoir législatif, qui élabore les règles, et le régulateur, chargé de veiller à leur application quotidienne dans les rédactions comme sur les plateformes numériques émergentes.
Renforcer la régulation médiatique
Avec la présidentielle programmée pour mars 2026, les deux institutions mesurent l’importance d’un dispositif robuste capable d’endiguer la prolifération éventuelle des discours de haine et des fausses nouvelles susceptibles de troubler l’ordre public.
En vertu de la loi, le CSLC peut formuler des recommandations, adresser des mises en demeure ou, en cas de manquements graves, prononcer des sanctions proportionnelles ; autant d’outils que le Sénat entend suivre avec vigilance institutionnelle.
La montée en puissance des plateformes numériques, sur lesquelles l’information circule plus vite qu’elle ne s’infirme, impose au régulateur d’adapter ses méthodes, notamment par une veille technologique et l’établissement de protocoles de collaboration avec les opérateurs télécoms.
Le CSLC prévoit donc des sessions de formation destinées aux journalistes des médias classiques, mais aussi aux animateurs des réseaux sociaux, désormais acteurs incontournables du débat politique congolais.
Selon le président du régulateur, seule une montée en compétence permettra de diffuser une information de qualité, conforme aux standards éthiques et aux textes adoptés par le Parlement.
Les sénateurs ont salué cette approche préventive qui, en élevant le niveau professionnel, réduit mécaniquement la nécessité d’interventions répressives et préserve ainsi la liberté d’expression consacrée par la Constitution.
Former les acteurs de l’information
Au-delà des journalistes, le CSLC souhaite associer les administrateurs de sites d’information en ligne dont les labels sont déjà répertoriés, et même ceux qui ambitionnent de rejoindre cette cartographie officielle, afin d’unifier les pratiques dans un écosystème en constante mutation.
Les ateliers seront organisés avec l’appui annoncé d’« institutions sœurs » et de partenaires locaux ou étrangers, une ouverture que le Sénat considère comme un signal encourageant pour la diplomatie d’influence du Congo-Brazzaville.
« Nous voulons aider les journalistes à distinguer l’information du bruit », a résumé Médard Milandou, soulignant qu’une nation prospère a d’abord besoin d’une opinion publique convenablement éclairée.
Le calendrier précis des formations sera affiné lors de prochaines séances de travail conjointes, déjà actées par les deux dirigeants, afin de passer sans délai des intentions aux réalisations tangibles.
Les formateurs pressentis sont issus des rédactions nationales bénéficiant d’une longue expérience, mais également d’universités dont les laboratoires de recherche en sciences de l’information apporteront un regard académique salutaire pour décrypter les mécanismes contemporains de propagation de la rumeur.
Un module spécifique sera consacré à l’éthique de la vérification, afin que chaque rédacteur dispose de réflexes solides devant les images, documents ou déclarations circulant sans source identifiable et susceptibles d’influencer l’opinion.
Vers un climat apaisé en 2026
La perspective du scrutin présidentiel constitue un test pour la maturité démocratique congolaise, mais aussi pour la capacité des institutions à travailler de concert, loin des antagonismes stériles.
En partageant informations et expertises, le Sénat et le CSLC entendent prévenir tout vide réglementaire susceptible d’être exploité par des acteurs extrémistes ou simplement mal informés.
Le régulateur rappelle que mensonges et distorsions, loin d’alimenter la liberté d’expression, sapent la confiance citoyenne et, par ricochet, l’attractivité économique du pays.
De son côté, la chambre haute voit dans cette coopération renforcée un moyen de consolider l’État de droit promu par le président Denis Sassou Nguesso, en donnant aux médias les outils nécessaires pour exercer leur rôle tout en respectant les valeurs républicaines.
En toile de fond, les deux dirigeants nourrissent l’espoir qu’une information fiable favorisera la participation électorale, condition préalable à la légitimité renforcée des institutions issues des urnes nationales prochaines.
Les prochaines semaines devraient aboutir à la signature d’un calendrier commun et à la mise en place d’un mécanisme de suivi, illustrant une gouvernance qui privilégie l’anticipation plutôt que la réaction.
Pour l’heure, la démarche conjointe du CSLC et du Sénat traduit une volonté claire : faire du paysage médiatique un facteur de stabilité et de cohésion nationale avant, pendant et après l’échéance électorale de 2026.
