Une occasion à saisir pour la jeunesse congolaise
Le dernier appel à candidatures de la Fondation Schlumberger s’ouvre, et avec lui une perspective exaltante pour les chercheuses de la République du Congo et d’autres pays africains. L’édition 2026-2027 du programme Faculty for the Future finance des doctorats et post-doctorats en sciences dures à l’étranger.
Créée il y a vingt ans, l’initiative a déjà accompagné plus de 950 boursières, dont plusieurs Africaines aujourd’hui professeures, ingénieures ou cheffes de laboratoire. Son objectif reste inchangé : réduire l’écart de genre dans les filières scientifiques clés pour la modernisation de nos économies.
Pour Brazzaville, ce dispositif complète les orientations du Plan national de développement qui mise sur la diversification et l’innovation. Les responsables du ministère de l’Enseignement supérieur saluent un « levier stratégique » capable d’augmenter la masse critique de chercheurs congolais en énergie, numérique ou santé.
L’appel se clôturera le 7 novembre 2025, laissant un an aux candidates pour bâtir leur dossier, définir un projet de recherche et obtenir une lettre d’admission dans une université d’excellence. Les autorités encouragent les départements scientifiques à diffuser largement l’information sur les campus.
Un accélérateur de talents féminins en STEM
Faculty for the Future se distingue par un accompagnement global. Outre les frais de scolarité et de subsistance, la fondation prévoit des budgets pour le matériel de laboratoire, les conférences internationales et, surtout, les voyages de retour afin que les chercheuses gardent un pied scientifique dans leur pays d’origine.
À la différence de nombreuses bourses, le programme sollicite un engagement moral : revenir, enseigner, créer des équipes de recherche. Cette boucle vertueuse a déjà porté ses fruits au Gabon ou en Namibie, où d’anciennes lauréates dirigent des master STEM à forte proportion féminine.
La République du Congo, qui compte encore moins de 20 % de femmes parmi ses enseignants-chercheurs en sciences, voit là un moyen accéléré de combler le retard. Des universités comme Marien-Ngouabi préparent déjà un dispositif d’accueil pour les futures boursières de retour.
Un pont entre les universités de pointe et Brazzaville
Le réseau international des lauréates représente un capital relationnel précieux. Chaque année, la fondation réunit les doctorantes autour d’ateliers sur la gestion de projet, la communication scientifique et l’éthique de la recherche, souvent animés par des professeurs du MIT, de Cambridge ou de l’EPFL.
Ces connexions ouvrent des portes : co-publications dans des revues classées, accès à des équipements coûteux, participation à des consortiums européens. De retour à Brazzaville, les lauréates peuvent ainsi nouer des partenariats structurants et attirer des financements compétitifs, contribuant à la visibilité académique du pays.
Selon un ancien bénéficiaire congolais d’un programme équivalent, chaque chercheur formé à l’étranger génère en moyenne trois collaborations pérennes dans les cinq ans. La statistique laisse entrevoir, pour Faculty for the Future, un effet multiplicateur certain sur l’écosystème scientifique national.
Des retombées directes pour l’économie nationale
En favorisant l’essor des compétences féminines, le programme contribue aussi à la création d’emplois qualifiés. Les secteurs de l’énergie, des mines et du numérique, identifiés comme piliers de croissance par le gouvernement, réclament des profils de haut niveau capables d’innover localement.
L’entrepreneuriat bénéficie également. De nombreuses ex-boursières créent des start-up à l’issue de leurs thèses, qu’il s’agisse de capteurs environnementaux adaptés aux forêts congolaises ou de solutions d’imagerie médicale. Le tissu industriel gagne ainsi en diversité et en résilience.
Par ricochet, la visibilité offerte aux femmes scientifiques envoie un signal fort aux jeunes filles du secondaire. À long terme, un accroissement de leur présence dans les filières techniques pourrait compenser la pénurie d’ingénieurs que soulignent régulièrement les entreprises du pays.
Modalités et calendrier des candidatures
La procédure est entièrement dématérialisée. Les postulantes créent un compte sécurisé, déposent leur projet de recherche, deux lettres de recommandation, un budget prévisionnel et la preuve d’admission conditionnelle dans une université d’accueil. L’anglais académique est requis mais la fondation propose un accompagnement linguistique.
Un premier filtre examine l’excellence académique et la pertinence du sujet pour le pays d’origine. Les dossiers présélectionnés sont ensuite soumis à un jury international qui évalue la faisabilité du projet et l’engagement à revenir. Les résultats sont publiés au début du second trimestre 2026.
Les lauréates bénéficieront d’une prise de fonction à l’automne 2026, synchronisée avec les calendriers universitaires nord-américains et européens. La bourse est renouvelable chaque année sur la base d’un rapport scientifique et d’une lettre d’impact détaillant les actions menées pour le Congo à distance.
Un réseau, un mentorat, une sororité
Au-delà du financement, Faculty for the Future s’appuie sur une communauté active de plus de mille anciennes ayant développé un véritable esprit de sororité scientifique. Des plateformes virtuelles permettent de solliciter un conseil statistique, un relecteur d’article ou un contact industriel.
Les futures lauréates congolaises y trouveront des mentors capables d’accompagner l’écriture d’un projet ANR ou la création d’un laboratoire junior. Ce partage d’expérience compense l’isolement que peuvent ressentir des chercheuses expatriées, renforçant leur attachement au Congo-Brazzaville.
À terme, cette solidarité nourrit un leadership féminin continental.
