Un départ placé sous le signe de la méthode
Installés fin octobre à Brazzaville, les nouveaux conseillers économiques, sociaux et environnementaux ont immédiatement fixé le ton de leur mandat de quatre ans. Sous la houlette de la présidente Emilienne Raoul, la première session ordinaire a rendu publique une vision stratégique appelée à structurer la période 2025-2029.
Le Conseil économique, social et environnemental, institution consultative ancrée auprès des pouvoirs exécutif et législatif, veut consolider sa place de passerelle entre l’administration et les forces vives. Les discussions liminaires ont donc porté sur la méthode de travail et la nécessité d’une planification rigoureuse.
« C’est l’occasion de comprendre les enjeux et d’affiner collectivement le document », a relevé Ugain Mikala Kaya, saluant un exercice d’appropriation qui, selon lui, « engage chaque conseiller à devenir acteur du changement plutôt que simple spectateur ».
Dans la salle, les préoccupations ont convergé : comment arrimer l’agenda du CESE aux priorités nationales tout en gardant la souplesse indispensable face à des conjonctures mouvantes ? Les participants ont validé le principe d’une révision annuelle pour ajuster objectifs et indicateurs.
Quatre piliers pour guider l’action
Le plan 2025-2029 s’articule autour de quatre piliers identifiés comme leviers de transformation. Chacun fait l’objet de fiches détaillées, assorties de calendriers et de critères de succès, afin que les avancées puissent être constatées publiquement.
Premier axe : hisser la performance interne via une meilleure gestion budgétaire et la digitalisation des processus. Vient ensuite le renforcement du partenariat avec société civile et citoyens, jugé essentiel pour replacer l’humain au cœur des avis transmis au gouvernement.
Le troisième pilier formalise un cadre de coopération avec les autorités détentrices du pouvoir de saisine, notamment Assemblée nationale et Sénat. Objectif : fluidifier la circulation des rapports et accélérer leur adoption.
Enfin, la transformation organisationnelle et le pilotage du changement occupent un pan entier du document. « La flexibilité reste notre boussole ; elle nous permettra d’intégrer sans délai toute exigence nouvelle », a souligné le secrétaire général Wilfrid Magloire Obili.
Une institution à l’écoute des partenaires
Le Conseil revendique une écoute attentive des organisations professionnelles, syndicats, associations et collectivités locales. Il s’engage à multiplier les séances d’audition publique, afin que chaque acteur puisse éclairer les avis qui seront transmis aux décideurs.
Cet élargissement de la concertation répond à une demande fréquente des partenaires du développement, lesquels jugent que l’expertise citoyenne renforce la légitimité des institutions. Le CESE veut ainsi devenir un hub d’intelligence collective plutôt qu’une chambre d’enregistrement.
Une coopération renforcée est aussi recherchée avec les conseils économiques d’autres États africains, notamment au sein de la CEMAC. Des échanges de bonnes pratiques et des formations croisées figurent déjà dans l’agenda 2024, prémices d’une diplomatie économique ascendante.
« Les contributions reçues ce jour prouvent que nous partageons la même ambition : inscrire le CESE dans une dynamique d’impact mesurable », a résumé Emilienne Raoul en clôturant la séance, appelant chacun à demeurer « l’avocat des attentes populaires ».
Modernisation et culture du résultat
La numérisation progressive des procédures figurera parmi les premières livraisons. Dématérialisation des dossiers, plate-forme d’échanges sécurisée et base de données accessible aux partenaires offriront, selon la direction, un gain de temps précieux pour la préparation des avis.
Un tableau de bord trimestriel suivra chaque action, avec quelques indicateurs clés : délais, taux d’exécution, satisfaction des parties prenantes. Cette culture du résultat doit, selon ses promoteurs, renforcer la crédibilité de l’institution.
Pour réussir, le CESE entend miser sur la formation continue de ses agents et sur un management participatif. Des ateliers sur l’analyse de données, la rédaction de recommandations et la communication publique sont déjà programmés, d’après le service des ressources humaines.
L’institution ne néglige pas son ancrage territorial : des cellules régionales, aujourd’hui en gestation, permettront de recueillir des données locales et de tester des solutions adaptées aux réalités socio-économiques des différentes régions du Congo-Brazzaville.
Ce que signifie la feuille de route pour l’État
Dans la configuration institutionnelle congolaise, les avis du CESE éclairent l’exécutif avant l’adoption de réformes touchant à l’économie, au social ou à l’environnement. En se dotant d’une stratégie détaillée, le Conseil promet de livrer des contributions plus ciblées et temporelles.
Ces orientations doivent aussi faciliter la convergence avec les plans sectoriels ministériels, assurant ainsi une cohérence d’ensemble. Les porteurs du projet rappellent que la stabilité institutionnelle demeure un atout pour attirer des investissements et renforcer la confiance des partenaires techniques.
À terme, les citoyens devraient constater des politiques publiques mieux calibrées, fondées sur des analyses étayées par les réalités de terrain. Le CESE ambitionne de devenir un baromètre des attentes sociales, capable de faire remonter alertes et propositions en temps utile.
En clôture, Emilienne Raoul a déclaré : « La consultation n’est pas un luxe mais un ressort de la performance publique. » Message envoyé ; aux conseillers désormais de transformer cette promesse en actions durables.
