Conseil des ministres : priorités stratégiques
Réuni au Palais du Peuple, le Conseil des ministres du 3 novembre 2025 a déroulé une feuille de route dense, sous la présidence de Denis Sassou Nguesso. Quatre ministères clés ont obtenu le feu vert pour des textes structurants et des nominations stratégiques.
Code minier : un levier de diversification
Pierre Oba, ministre d’État en charge des Industries minières et de la Géologie, a porté un nouveau code minier présenté comme un accélérateur de valeur. L’approche mise sur un partage de production équilibré et sur la création d’un cadastre numérique pour assainir les titres.
Le texte impose l’ouverture de 10 % du capital des sociétés à des partenaires nationaux, réserve 30 % des revenus destinés aux infrastructures dans un compte séquestre et renforce le contenu local. Les opérateurs disposeront ainsi d’obligations claires pour transformer la ressource sur place.
Adopté sans amendement majeur, le projet sera transmis au Parlement. Des auditions techniques sont attendues dès la session ordinaire, avec un vote probable avant la clôture budgétaire, signe de l’urgence accordée à la diversification de l’économie congolaise.
Aviation civile : sécurité et gouvernance
Au chapitre des transports, Ingrid Olga Ghislaine Ebouka-Babackas a convaincu le Conseil d’entériner la création de l’Autorité nationale des enquêtes et d’analyse pour la prévention des accidents d’aviation civile, future ANEA.
Cet établissement public, doté d’une indépendance fonctionnelle conforme aux standards internationaux, doit améliorer la transparence des investigations et renforcer la confiance des compagnies aériennes opérant au Congo-Brazzaville.
Parallèlement, un décret modernise les statuts de l’Agence nationale de l’Aviation civile afin d’aligner sa gouvernance sur le code CEMAC. L’ANAC bénéficiera d’une structure rationalisée, orientée vers la sécurité opérationnelle et la gestion efficace des capacités aéroportuaires.
Climat : Brazzaville capitale verte en 2028
Le Conseil a également pris acte de la communication de la ministre Arlette Soudan-Nonault sur le Sommet africain sur le climat organisé à Addis-Abeba en septembre. La délégation congolaise y a plaidé pour un financement accru des forêts tropicales.
Au terme des travaux, Brazzaville a été retenue pour accueillir l’édition 2028 du sommet, consacrant le rôle de plateforme climatique de la République du Congo. Le Conseil a salué ce succès diplomatique et les retombées attendues pour l’économie verte nationale.
Santé et administration : nouvelles équipes
Sur le registre des ressources humaines, plusieurs nominations ont été entérinées, notamment dans le secteur de la santé publique, stratégique pour la cohésion sociale.
Le Dr Edouard Ndingha devient Inspecteur général de la Santé, tandis que le professeur Clotaire Itoua prend la direction générale de la Population. Deux hôpitaux de Pointe-Noire, Adolphe-Sice et Loandjili, passent sous la houlette du colonel Lézin Goubakouly et de Casimir Ondonda.
À Brazzaville, l’hôpital spécialisé Mère-et-Enfant Blanche Gomes sera désormais dirigé par la pédiatre Philestine Mikolele Bilombo, spécialiste reconnue de la néonatologie, gage d’une prise en charge plus performante des patients les plus vulnérables.
Industrie et alphabétisation : cap sur l’efficacité
Le ministère du Développement industriel voit arriver le Dr Jean Ignace Tendelet et Mme Gouadi-Bouzimbou Koussiama à la tête du secrétariat permanent du CNCDE-SPAP, outil clé d’appui aux entreprises. Le secteur privé attend de cette équipe une fluidification des procédures.
Enfin, Rémy Alain Blaise Boumba prend les commandes de la Direction générale de l’Alphabétisation et de l’Éducation non formelle. Cette nomination doit accélérer les programmes de rattrapage scolaire et la formation continue des adultes.
Calendrier parlementaire et mise en œuvre
En aval de ces décisions, plusieurs chantiers législatifs attendent désormais l’examen des députés et sénateurs. Les commissions concernées vont entamer une série d’auditions pour garantir l’appropriation des réformes par l’ensemble des forces vives.
Le gouvernement table sur une promulgation du nouveau code minier avant la fin du premier trimestre 2026, tandis que l’ANEA devrait être opérationnelle dès la publication de ses textes d’application. Pour l’ANAC, la transition statutaire courra sur douze mois.
Sommet climat : préparation et retombées
Sur le front climatique, un comité inter-ministériel planche déjà sur la logistique et le financement du Sommet 2028. Les autorités veulent impliquer le secteur privé national afin de maximiser les retombées en matière d’emplois verts et de visibilité internationale.
Pour la société civile, la réussite passera par un suivi régulier des indicateurs publiés. L’Exécutif promet de diffuser des rapports trimestriels afin de rendre compte des avancées et de préserver la dynamique d’ensemble.
Dialogue public-privé renforcé
Au-delà des textes, la séance a rappelé l’importance d’un dialogue constant entre administration et secteurs productifs. Comme l’a résumé le porte-parole Thierry Moungalla, « la croissance inclusive naît d’institutions solides et d’une concertation permanente ».
Réactions économiques et finances publiques
La réunion a été close à midi, concluant deux heures d’échanges. Les directions techniques disposent maintenant d’un mandat clair pour transformer les décisions en actions concrètes sur le terrain.
Analystes et opérateurs saluent la cohérence des mesures, signal jugé positif pour les investisseurs. Ils réclament néanmoins un calendrier précis pour les textes d’application et une communication accessible aux petites et moyennes entreprises.
La priorité budgétaire devient l’intégration des 30 % pour projets miniers et des dépenses liées au Sommet 2028. Le ministère des Finances finalise une note d’orientation à l’attention du chef de l’État.
									 
					