Brazzaville mise sur une refonte stratégique
Sous le toit du Gymnase Nicole Oba, au cœur de Brazzaville, la Fédération congolaise de handball a clos, le 5 novembre, un Conseil et un Congrès qui semblent marquer un tournant pour la discipline au Congo-Brazzaville.
Pendant trois jours de travaux, élus fédéraux, techniciens et invités institutionnels ont remodelé les fondations juridiques et organisationnelles de la Fecohand, sous le regard attentif de Furet Likoue pour le ministère des Sports et de Jean Claude Itoua pour le Cnosc.
Des textes modernisés pour une gouvernance claire
Première décision phare : la révision en profondeur des statuts et du règlement intérieur, afin d’aligner la gouvernance fédérale sur les standards internationaux tout en préservant les spécificités nationales et la souveraineté sportive reconnue par les textes congolais.
La fédération s’est par ailleurs dotée d’un code d’éthique, destiné à renforcer la transparence et à protéger l’instance de toute intrusion extérieure, notamment en affirmant son indépendance vis-à-vis de la Chambre de conciliation et d’arbitrage des Sports, souvent sollicitée en cas de litige.
Ligue professionnelle : moteur d’un nouvel élan
Au cœur des débats, la création d’une ligue professionnelle a suscité un rare consensus : tous les délégués y ont vu le levier capable d’intensifier la compétition nationale, d’attirer des partenaires privés et de valoriser un vivier de talents encore sous-exploité.
Les congressistes ont mandaté le bureau fédéral pour lancer le championnat dès que les clubs auront accompli les formalités d’affiliation et de licence, soulignant l’urgence de voir la petite balle rebondir de manière régulière dans les salles du pays.
Aucune enveloppe budgétaire n’a filtré publiquement, mais un projet de budget 2025-2026 a été adopté, signe que la Fecohand anticipe déjà les besoins financiers liés aux infrastructures, aux primes d’arbitres et au marketing du nouveau produit professionnel.
Unité, éthique et discipline renforcées
Pour garantir l’adhésion, une motion de rassemblement a été lue, appelant dirigeants, entraîneurs et joueurs à « une unité solide » autour du handball, une formule qui résonne comme un rappel aux valeurs de cohésion promues par les autorités sportives nationales.
La présidente Ambroisine Linda Noumadzalayi Ebendzé s’est félicitée « du travail accompli dans la sérénité » et a insisté sur le vivre-ensemble comme socle de toute progression, rappelant que les précédentes crises avaient souvent trouvé leur origine dans des divisions internes.
Jean Claude Itoua, pour le Cnosc, a encouragé les clubs à s’approprier les nouveaux textes, gage selon lui d’un environnement compétitif loyal, tandis que Furet Likoue, représentant le ministère, a souhaité « revoir la petite balle sur les terrains dans les meilleurs délais ».
Outre la levée des sanctions touchant certains dirigeants et athlètes, le Conseil a entériné un dispositif disciplinaire rénové, privilégiant la médiation avant toute procédure coercitive, afin de réduire les contentieux et de recentrer les énergies sur la performance sportive.
Financement et attractivité du projet
La nouvelle architecture institutionnelle prévoit également un comité de suivi chargé d’évaluer, trimestre après trimestre, l’application des résolutions, un mécanisme souvent réclamé par les clubs de l’intérieur du pays qui veulent un retour tangible sur leurs contributions.
Les entraîneurs, de leur côté, misent sur la professionnalisation pour sécuriser des contrats plus stables, améliorer l’accès aux formations continues et renforcer la présence d’experts techniques étrangers, sans perdre de vue la priorité donnée à la formation des cadres locaux.
Sur le plan économique, plusieurs sponsors potentiels auraient déjà manifesté leur intérêt, séduits par la perspective d’un calendrier lisible et d’une visibilité télévisuelle accrue, même si aucun accord n’a encore été officialisé à cette étape du processus.
Les observateurs rappellent que l’expérience d’autres sports collectifs montre l’importance d’un partenariat étroit entre fédération, ligue, médias et entreprises, de sorte à garantir à la fois la qualité de la compétition et la pérennité des revenus.
Vers le premier coup de sifflet
À court terme, la Fecohand devrait publier un calendrier provisoire, préciser les critères d’homologation des salles et initier des stages d’arbitrage, trois chantiers jugés essentiels pour sécuriser la crédibilité du futur championnat et attirer des diffuseurs.
De l’avis des techniciens, la mobilisation régionale sera décisive : si les clubs de Pointe-Noire et de l’hinterland s’engagent avec la même vigueur que ceux de la capitale, la ligue pourra rapidement devenir un vecteur d’intégration nationale et de rayonnement continental.
La balle est désormais dans le camp des clubs : chaque structure doit finaliser ses dossiers administratifs, structurer ses équipes et préparer un spectacle sportif à la hauteur des ambitions fédérales, afin que le handball congolais franchisse un palier historique.
Les supporters, souvent considérés comme la variable oubliée des projets de réforme, seront prochainement consultés à travers des forums régionaux. La fédération veut connaître leurs attentes en matière de billetterie, de sécurité et d’animation en tribunes, dans une logique d’expérience fan globalisée.
Si le calendrier est tenu, les premiers coups d’envoi pourraient intervenir avant la fin du premier semestre, offrant aux jeunes talents une scène régulière et aux annonceurs une fenêtre médiatique alignée sur les standards marketing des compétitions africaines les plus suivies.
