Forêts et climat : un contexte stratégique
Au cœur des négociations climatiques mondiales, les forêts tropicales constituent désormais un levier crucial pour absorber le carbone et préserver la biodiversité planétaire, un enjeu que le Congo-Brazzaville place au centre de son action.
La 39e Journée nationale de l’arbre, inscrite depuis 1984 dans l’agenda congolais, épouse ce contexte ; elle s’adosse au thème « Un arbre, une forêt, une plantation pour un Congo florissant ».
Alors que la communauté internationale prépare la COP30 à Belém, les États producteurs de bois, dont le Congo-Brazzaville, sont attendus pour démontrer des engagements concrets en matière de gestion forestière durable.
Un geste symbolique à Oyo
En séjour de travail dans la Cuvette, le président Denis Sassou Nguesso a semé un jeune plant sur la pelouse du Lycée d’Excellence d’Oyo le dimanche 2 novembre, anticipant la date officielle du 6 novembre.
L’étape s’est voulue sobre : quelques membres du corps diplomatique accrédité à Brazzaville, des responsables locaux de l’enseignement et plusieurs élèves ont entouré le chef de l’État durant la cérémonie.
Le choix d’un établissement scolaire réaffirme la volonté présidentielle de lier l’éducation et la protection des écosystèmes, une manière de conférer un rôle pédagogique permanent à l’arbuste planté.
À Oyo, l’arbre devient ainsi témoin de la Décennie des Nations unies pour l’afforestation, programme 2027-2036 que le Congo-Brazzaville a porté devant l’Assemblée générale avec le soutien de 155 pays.
La diplomatie verte congolaise
Depuis la COP27 de Charm el-Cheikh en 2022 jusqu’à la COP29 de Bakou, Denis Sassou Nguesso a multiplié les plaidoyers pour que la restauration des forêts figure au premier rang des priorités climatiques.
En juillet 2024, Brazzaville a accueilli la première Conférence internationale sur l’afforestation et le reboisement, rassemblant chercheurs, investisseurs et responsables politiques ; les recommandations servent aujourd’hui de socle aux négociations à venir.
« La forêt n’est pas seulement un puits de carbone ; elle est aussi un capital de développement pour nos communautés rurales », a rappelé le chef de l’État en marge de la rencontre, soulignant la dimension sociale de l’enjeu.
Ces efforts diplomatiques ont abouti à l’adoption, par l’ONU, de la Décennie pour le boisement et le reboisement, un instrument désormais reconnu comme catalyseur de financements verts au bénéfice des États forestiers.
Un agenda international exigeant
La participation du président congolais à la COP30 vise à consolider les alliances nouées autour de l’initiative et à préciser les mécanismes financiers susceptibles d’accompagner les projets communautaires de reboisement.
Belém, ville amazonienne, offrira une tribune idéale pour montrer la complémentarité entre bassin du Congo et bassin de l’Amazone, deux régulations climatiques majeures aux destins désormais liés.
L’anticipation de la Journée nationale démontre la flexibilité de l’agenda présidentiel ; elle garantit aussi que le message porté au Brésil s’appuie sur un acte concret réalisé au pays, visible et mesurable.
Jeunesse et esprit civique
Depuis plusieurs années, les autorités encouragent la mobilisation des jeunes lors de la Journée nationale ; chaque élève est invité à planter un arbre et à en assurer le suivi, comme un prolongement pratique des cours d’écologie.
Au Lycée d’Excellence d’Oyo, les enseignants ont intégré la surveillance du plant présidentiel dans le programme de biologie, offrant un laboratoire in situ pour les futures analyses de croissance et d’absorption de CO₂.
Cette implication répond à l’appel lancé lors de la conférence de Brazzaville : « l’afforestation a besoin de bras, d’idées et de créativité ».
Le ministère de la Jeunesse prépare ainsi une plateforme numérique permettant aux élèves de géolocaliser, nommer et suivre l’évolution de leur arbre, encouragés par un système de trophées symboliques.
Perspectives pour la Décennie 2027-2036
Au-delà du geste inaugural, la stratégie congolaise passera par l’élaboration d’un inventaire forestier national actualisé, indispensable pour mesurer l’impact réel des plantations et orienter les choix d’essences.
Le secteur privé est également sollicité ; plusieurs compagnies agroforestières ont déjà annoncé des programmes pilotes de plantations mixtes, combinant reboisement et cultures vivrières destinées aux marchés locaux.
Les partenaires techniques internationaux, séduits par la trajectoire de Brazzaville, étudient la mise en place de fonds de paiement pour services écosystémiques afin de récompenser les efforts communautaires.
En 2025, les Congolais célébreront la 40e Journée nationale avec l’assurance de participer à une dynamique globale ; l’arbre d’Oyo servira alors de repère végétal à l’espérance environnementale du pays.
